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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un de mes amis prétend que le plus ennuyeux dans un roman, ce sont les cent premières pages. Il entend par là que c'est le temps nécessaire pour s'y sentir à l'aise, chez soi si j'ose dire, pour apprivoiser les personnages et s'infuser de l'ambiance générale du récit.

S'agissant de " La Guerre et la Paix ", je pense qu'on pourrait presque doubler la mise tant la kyrielle de personnages est impressionnante et tant l'emploi, typique des romans russes, du prénom + patronyme + nom de famille pour les désigner peut parfois rendre l'accroche ardue.

Mais quand l'amorce est faite, quand on a passé cette première habituation, lorsqu'on a domestiqué les André Nicolaïévitch et les Nicolaï Andréitch ou qu'on arrive à distinguer du premier coup les Anna Pavlovna des Anna mikhaïlovna, quel pied mes aïeux, quel pied !

Et alors là, la seule crainte qui nous assaille n'est plus celle d'être à même de rentrer dans l'ouvrage mais bien l'horrible pincement au coeur qui nous fera tourner la dernière page et retarder, inconsciemment, au maximum les affres de la dernière phrase car l'on aimerait que cela ne s'arrête jamais. (Vous avez le temps nonobstant, le livre fait 1600 pages en pléiade rien que pour le texte brut !)

Au début de ce volume 2, rien ne va plus pour l'empereur Alexandre, tsar de toutes les Russies, car ce vilain cafard de Napoléon est en train de vouloir lui manger la laine sur le dos…

Rien ne va plus pour le prince André Bolkonski après ses déboires amoureux, lui qui semblait avoir retrouvé le goût à tout, il ne semble plus avoir goût à rien, sauf peut-être à assouvir sa vengeance auprès du ravisseur de sa belle…

Rien ne va plus pour Nicolas Rostov qui après son enthousiasme de jeunesse pour les choses de l'armée et du combat dans les années 1805 et 1807, découvre avec mélancolie, en cette année 1812, la réalité derrière les façades de tout ça, et se voit décerner une médaille ; une médaille pour quoi ? pour avoir failli tuer un homme ? Pour avoir enfreint les ordres ? Pour avoir eu bien peu de bravoure ? N'est-ce que cela cette croix militaire ?...

Rien ne va plus non plus pour Natacha Rostov ; son avenir amoureux semble brisé, elle ne sait plus où elle en est, tant dans ses sentiments que de sa vie…

Rien ne va plus pour Pierre Bézoukhov, qui patauge plus que jamais dans l'errance, ne sachant à quelle idéologie se vouer…

Vous voyez que Lev Tolstoï a bien fait monter sa mayonnaise et, après un livre deuxième bercé par les auspices de la paix, la guerre franco-russe de 1812 est dans les livres trois (avancée des Français en territoire russe, Borodino et prise de Moscou) et quatre (incendie de Moscou et retraite des Français), le canevas idéal pour l'auteur désireux de dérouler sa théorie sur l'insignifiance des destinées individuelles lorsqu'elles sont prises dans le courant de l'histoire (développée sous forme d'essai dans l'épilogue).

Tolstoï inclut dans cette acception des destinées individuelles aussi grandes que celles de Napoléon ou d'Alexandre. Selon lui, c'est l'inextricable lacis de causes et d'effets combinés, qui produisent l'histoire et non les décisions individuelles, quelles qu'elles soient.

L'histoire passe, tel un gros rouleau compresseur, inexorable, et les individus s'agitent à la surface du rouleau, croyant que la marche de leur destinée ou du rouleau dépend d'eux, et d'eux seuls. (Au passage, je vous conseille vivement le petit chapitre d'analyse historique de la campagne de Russie que vous trouverez au chapitre premier de la seconde partie du livre troisième, je sais, c'est un peu compliqué comme dénomination, mais finalement plus simple qu'il y paraît.)

Une vision à laquelle on peut adhérer ou pas, mais en tous les cas, une lecture très distanciée et intéressante de l'histoire et des événements historiques en général, sans oublier une narration de tout premier ordre, ce qui suffit à en faire un monstre sacré de la littérature mondiale, qu'il est bon d'avoir lu, au moins une fois dans sa petite vie de lecteur entraîné par le flot de l'histoire. du moins c'est mon avis, autant dire, pas grand-chose.

P. S. : Je signale au passage, pour ceux que cela intéresse, certains points communs, imputables au côté religieux de Tolstoï, entre La Guerre Et La Paix et son autre grand roman, Anna Karénine. Ici, André Bolkonski accord son pardon sur le champ de bataille de Borodino à Anatole Kouraguine qui lui a ravi Natacha, exactement comme Alexis Karénine l'accorde à Anna et Vronski.

De même, le personnage de Marie Bolkonski, soeur d'André, pleine d'abnégation et de piété, n'est pas sans rappeler celui de Dolly, la femme du volage Stepan Oblonski, frère d'Anna Karénine. L'une comme l'autre trouvent leur raison d'être dans le pardon inspiré par la religion.

On retrouve donc le pardon, l'un des grands chevaux de bataille de l'auteur, développé dans d'autres oeuvres, dont ses nouvelles.
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Le deuxième tome de la guerre et la paix est une oeuvre maîtresse qui nous fascine de bout en bout.
Tolstoï nous plonge dans cette année 1812 si fatale à Napoléon.
Par une écriture riche en descriptions et en émotions, il nous conte la bataille de Borodino, en le lisant, on y est, comme dans un film.. A l'évocation de cette bataille, me sont revenus mes souvenirs anciens de la visite du musée panorama de la bataille de Borodino. Je me suis rappelée les commentaires enthousiastes de mes amis russes lors de la visite.
Le génie de Tolstoï est à mon sens, la métaphore excellente qu'il utilise pour parler de l'armée française.
"La situation de cette armée était semblable à une bête blessée qui sent qu'elle va périr et ne sait ce qu'elle fait"
Cette bête blessée continuera son ascension jusqu'à cette prise de Moscou dont elle finit par l'abandonner sans savoir exactement pourquoi.
Tolstoï s'interroge et se questionne sur tous les aléas et les causes fortuites qu'a engendré la campagne de Napoléon en Russie et sur l'art prétendu du génie militaire.
Bien que n'ayant que très peu d'appétence pour la guerre et ses descriptions, j'ai été emportée par ce deuxième tome. Même les héros et héroïnes de l'histoire passe au second plan tant cet univers de la guerre est rendu si captivant à lire.

J'ai lu plusieurs livres de Tolstoï, j'ai découvert avec ce titre encore plus d'attrait à son oeuvre.
Je sais, le roman est très long mais je vous le recommande, vous ne serez pas déçu d'entreprendre je crois ce grand voyage.











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C'est un moment extraordinaire et un bonheur rare que d'ouvrir un livre et de percevoir, d'emblée, le monument de littérature, et de fait de pénétrer ce totem et d'être pénétré de sa force, de plus en plus intense au fil des pages, et de sentir et savoir que ce livre-là vous nourrira pour toujours.

Ainsi en a-t-il été pour moi à l'ouverture du 3ème livre de Guerre et Paix qui ouvre ce deuxième tome et se poursuit jusqu'à la fin de l'oeuvre en un long épilogue suivi d'une ‘préface' de l'auteur.
Maintenant que j'en ai achevé la lecture, je salue ce découpage éditorial en deux tomes qui a contribué à m'ouvrir la porte de cette magistrale pièce d'art que je n'aurais peut-être pas perçue avec autant de joie s'il m'avait été présenté d'un seul bloc : la lecture des Livres I et II (tome 1) m'a fait percevoir la grandeur de l'oeuvre, découverte sans laquelle la lecture des Livres III et IV présentée à part (tome 2) ne m'aurait peut-être pas autant subjuguée. A quoi cela tient, l'émoi littéraire…

Tout semble tourner mal à l'ouverture de cette troisième époque, dans laquelle les salons moscovites et les futilités urbaines de la noblesse s'éloignent pour laisser place au brutal terrain de la guerre menée par une armée française surnuméraire par rapport aux forces russes.

Jetés dans ces tourments de l'histoire, nos trois héros mâles (dans le tome 1 les femmes, dans leur éternelle préscience des tourments à venir, tenaient le devant de la scène, maintenant ce sont eux : André Bolkonski, Pierre Bekouzhov et Nicolas Rostov) se retrouvent chacun à jouer leur douloureuse mais lumineuse partition dans le courant déterminé de l'histoire des peuples, que l'histoire officielle, nous dit Tolstoi, ne saura jamais lire ni discriminer les vainqueurs des vaincus.

Réagissant à chaud, humblement dépassée par l'ampleur de la réflexion que Tosltoi conduit dans cette oeuvre sur le sens de l'histoire, sur l'humanité, sur le pouvoir, sur la liberté et son corollaire complémentaire le déterminisme, je n'en ai pas moins ressenti au fond de mon cerveau reptilien ma place infime dans le courant profond, tellurique des courants de fonds qui animent l'histoire des hommes.
Une joie aussi pure est rare dans une vie de lecteur.



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Dans ce tome 2, le personnage qui domine tous les autres, c'est le général en chef Koutouzov, celui qui refuse de livrer bataille, celui qui chasse le renard napoléon, le blesse à Borodino, l'enfume à Moscou et le saigne à mort dans les plaines gelées de Russie. Koutouzov est celui qui a définitivement battu Napoléon, qui ne pourra jamais se relever de son écrasante défaite en Russie. Leipzig, Waterloo, juste des soubresauts de l'Empire à l'agonie.

Koutouzov est un général d'expérience. Déjà à Austerlitz, il est le seul à comprendre la bataille et les plans de Napoléon, le seul à placer ses troupes au bon endroit et à trainer des pieds pour exécuter les ordres imbéciles qu'il reçoit. Il est mis sur la touche jusqu'en 1812. La Russie est en danger et elle n'a d'autre choix que de rappeler son meilleur général. Et que fait Koutouzov? Rien, il se retire, se dérobe et refuse le combat.

Borodino, koutouzov ne voulait pas livrer bataille mais le peuple russe, son armée ne veulent pas livrer Moscou sans combattre. Borodino, une boucherie inutile qui blesse pourtant très gravement l'armée française. Koutouzov sait qu'il a gagné cette bataille inutile mais il sait aussi qu'il doit encore se retirer et livrer Moscou.

Koutouzov se retire, mais il ne fuit pas, bien au contraire, il se place en tueur à Kalouga. Là il refait ses forces et attend. Il n'est pas derrière les français, mais sur les flancs. Napoléon aurait du se méfier de ce général russe qui se place de la sorte, déjà sur la route de la retraite de la Grande Armée.

Moscou brûle. Napoléon perd beaucoup de temps. Les russes ne répondent à aucune des tentatives de négociations. Négocier quoi? Koutouzov sait que l'armée française est blessée à mort et que chaque jour qui passe l'affaiblit alors que l'armée russe ne fait que se renforcer.

Lorsque Napoléon réalise qu'il est prit au piège dans Moscou, comme les allemands le seront plus tard à Stalingrad, il est trop tard. Déjà les cosaques commencent à harceler ses troupes. Ils avaient su faire les morts et se faire oublier pour enfumer Napoléon. Désormais ils ne cesseront plus d'attaquer sans prévenir, sur les arrières, les cotés, les devants. L'armée Russe, elle se prépare déjà à la grande offensive en Europe, pour aller jusqu'à Paris.

Koutouzov meurt lorsque les derniers soldats français quittent le sol russes. Ils ne sont plus que quelques milliers. La Grande Armée a été anéantie.

Tolstoï se livre à des réflexions sur l'histoire, conteste le génie militaire de Napoléon, donne sa version des évènements majeurs de l'année 1812. Pour ma part, j'ai beaucoup d'estime pour ce roublard de Koutouzov qui n'a considéré celui qui s'était autoproclamé "empereur des français" que comme un simple renard. Un simple renard qui s'est fait enfumer dans son terrier et qui était attendu à la sortie.
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En avant marche !
Ce deuxième volume de Guerre et Paix débute par la longue retraite des armées du Tsar Alexandre jusqu'à la bataille de Borodino. Les relations passionnelles entre les protagonistes de ce roman sont plus ou au moins mis en sourdine au profit de la mise au jour de la campagne militaire de 1812 (j'ai l'impression que dans l'économie du roman la bataille de Borodino est pour ce 2e tome ce que la bataille d'Austerlitz fut pour le 1er tome : pour ma part, je trouve que Tolstoï a mieux décrit la bataille d'Austerlitz avec plus de concision que celle de Borodino, bataille à laquelle le romancier donne plus d'ampleur (mais peut-être est-ce une bataille qui a plus marqué les russes, d'autant que la bataille d'Austerlitz eut peut-être moins de conséquence) – si l'on excepte les retrouvailles entre le Prince André Bolkonsky et Anatole Kouraguine. Tolstoï nous offrant ce spectacle pendant environ quatre cent pages.
Je ne nie pas le temps de romancier historique de Léon mais je dois reconnaître que les histoires de coeurs de la fin du tome 1 m'avaient laissé sur ma faim.
En revanche, quelle saisissante description de la panique dans Moscou nous offre-t-il après la défaite de Borodino (défaite dont j'ai personnellement eu du mal à percevoir comme une défaite russe telle que la batailles est narrée).
Et cette question qui m'obsède quand réapparait le personnages peut après la page 400 : que va devenir Sonia, le cousine désargentée des Rostov ? Va-t-elle épouser Nicolas, son grand amour ? Vous avouerez qu'il s'agit d'une question superflue mais à laquelle je tiens beaucoup.
Par la suite, Tolstoï nous fait revivre avec émotion l'émigration des familles moscovites devant l'arrivée des armées françaises. On découvre alors un Pierre Bézoukhov héroïque (et un peu fou à mon avis) et l'on assiste aux retrouvailles entre Natacha Rostov et le Prince André Bolkonsky. Je vous assure que l'on en pleurerait presque.
Guerre et Paix est également un roman d'apprentissage d'un certain point de vue puisque l'on suit l'évolution d'un personnage, Nicolas Rostov, vers l'âge adulte à travers ses différents projets de vie conjugale : promesse d'enfance d'abord, projet de vie ensuite ; et par la comparaison que ce personnage fait entre André Bolkonsky et lui-même.
Quand on perçoit avec quelle abnégation les russes ont résisté à Napoléon Ier après la perte de Moscou, on se dit que bien des pertes humaines auraient pu être épargnées au XXe si certain avait pris la peine de lire Guerre et Paix avant de jouer les va-t-en-guerre.
Cette guerre révèle deux hommes : Nicolas Rostov fait l'apprentissage de l'amour et, Pierre Bézoukov entre dans une pleine humanité, lui qui semblait si peu à l'aise dans cette société humaine.
Puis on assiste à la longue marche de la Grande Armée vers cette terre promise qu'il n'atteindront jamais : Moscou, Kalouga, Viazma, Smolensk ; et quelle jouissance du point de vue russe : c'est le toréador qui attend le moment propice pour mettre à mort la bête. La retraite de Russie, telle que la raconte Tolstoï, est la première guerre moderne où l'on ne s'affronte plus nécessairement en bataille rangée ; cela est très bien expliqué dans ce roman qui est donc intéressant et instruisant à plus d'un titre. Ainsi, pour les passionnés de la Seconde guerre mondiale, de l'opération Barbarossa mais surtout de la contre-offensive soviétique, lisez Guerre et Paix, tout était déjà présent ! Je n'irais pas jusqu'à dire que ce fut un livre prémonitoire mais quand même certaines ressemblances sont troublantes.
Il est également à souligner l'honnêteté dont Tolstoï fait preuve dans l'analyse de la retraite française de 1812, et faisant cela il ne tient pas compte l'orgueil national russe.
Malgré quelques longueurs dues à des considérations d'ordre historique sur les actions d'Alexandre et de Koutouzov, ce deuxième tome du roman étant davantage consacré à la guerre franco-russe, il s'achève agréablement… pour les survivants.
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'ai toujours repoussé la lecture du chef d'oeuvre de Tolstoï. La peur de m'y perdre sans doute, de ne pas être à la hauteur sûrement.
Je suis heureux d'avoir surmonté mes craintes: la lecture est aisée et la force de ces pages est ma récompense.
C'est une de mes lectures qui fait date et me marque profondément.

Bien que Tolstoï s'en défende, il s'agit d'une fresque romanesque autour de trois hommes de la haute aristocratie de la Russie tsariste: Pierre Bézoukhov, Andreï Bolkonsky et Nicolas Rostov. Cette fresque a pour cadre des faits et personnages historiques réels, la campagne de Napoléon en Russie (1805 et 1812).
On retrouve cette dualité roman-roman historique tout au long du récit. Quand il s'agit d'évoquer la nature humaine à travers le caractère, le comportement, la logique et les actions de chacun des protagonistes, suit immanquablement une réflexion politique sur l'histoire, sur les faits historiques et leurs causes inconnues, multiples et non quantifiables.

On est transporté à Moscou, Saint Pétersbourg dans les salons et réceptions de la haute aristocratie, dans leurs domaines de campagne, pour suivre les destins amoureux, les destins militaires, les choix de vie qui s'imposent à Pierre Bézoukhov, Andreï Bolkonsky et Nicolas Rostov.
Ce qui vaut pour les personnages de fiction vaut pour les personnages historiques: Kotouzov, Napoléon…On n'échappe pas à son destin.
Les actions, les volontés et comportements de chacun n'entravent en rien la marche du destin: c'est une constante du récit. Les exemples sont multiples: l'engrenage d'Austerlitz, la fatalité du duel entre Pierre et Dolokhov, la fatalité encore dans la concordance des causes de la guerre de 1812 et de la déroute française qui suivit.

Autre constante du récit est l'analyse des facettes, bonnes ou mauvaises, de la nature humaine: l'intelligence, la faiblesse et crédulité de Pierre; la naïveté et l'innocence de Natacha, la cupidité et la bassesse du clan Kouraguine; la quête d'absolu d'André; l'abnégation de Marie; la droiture de Nicolas Rostov.

Les tourments existentiels de Pierre et son parcours sont l'occasion pour Tolstoï de nous présenter le sens de la vie comme la recherche de Dieu en toute chose, en tout homme.

Avec le sens de la vie, le sens de la guerre (à travers la campagne de 1812) nous est expliqué et surtout démythifié.
Expliqué ou plutôt nié: la guerre n'a aucun sens que ce soit pour les hommes du peuple ou leurs dirigeants, si ce n'est pour leur propre intérêt personnel. Seule la défense de la patrie fait sens.
Démythifié: il n'y a pas de génie, ni de héros. Les conditions et circonstances de la guerre sont multiples, infinitésimales et inconnues. Comme en algèbre, un système à trop d'inconnues ne peut être résolu ou avoir une solution unique.
Contrairement à ce qui nous est rapporté par les historiens, il n'y a pas par conséquent de science de la guerre ni de génie militaire.
Les individus sont les instruments inconscients de l'histoire, le hasard et le moral des troupes étant les facteurs déterminants.
Voilà ce que nous expose TolstoÏ. “Tout s'est produit fortuitement” -La déroute de la Moskova.

Enfin, le sens et le goût du sacrifice font-ils partie de l'âme russe? Les exemples sont nombreux aussi bien collectivement (Moscou incendié, Bataille de Borodino…) qu'individuellement. Tous les personnages principaux (Pierre, André, Nicolas, Natacha, Sonia et Marie) , à un moment donné de leur vie, de leur parcours, embrassent le sacrifice mais restent fiers.

J'ai trouvé étranges les deux épilogues distincts, venant conclure les deux thématiques principales et imbriquées (fresque romanesque et fresque historique): l'harmonie de la vie en famille et la politique ou la façon d'appréhender l'histoire.
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Un envoûtement : c'est beau comme une vasle, c'est fort comme une bataille, c'est grand comme la Russie, c'est généreux et passionné comme ses habitants. Et c'est écrit avec l'art et la manière d'un grand, d'un immense styliste, l'un de ceux du plus grand siècle d'un des plus grand pays de la littérature. Ai-je assez dit que c'était GRAND ??
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J'ai terminé cette immense oeuvre après quatre mois de lecture (les deux tomes ensemble). J'en suis absolument ravie, quelle belle découverte pour moi. C'est une oeuvre historique mais en même temps, elle nous mène au coeur de la vie privé de chacune des personnes ayant assisté aux événements de ces hostilités entre Napoléon et la Russie. J'ai beaucoup aimé le fait que Tolstoï n'a jamais essayé de diaboliser les soldats francais, il nous les représentait comme étant des humains comme les autres, obéissants aux ordres de leur empereur. La scène où deux soldats francais se font accueillir par les Russes est merveilleuse. Les personnages sont tellement attachants, et après quatre mois passés en leur compagnie ils vont certainement me manquer. le prince André Bolkonski est inoubliable, le comte Rostov aussi. J'ai beaucoup aimé la gentillesse de Pierre et sa rencontre avec Platon Karataiev. J'ai appris qu'on peut ne pas approuver le comportement de certains personnages, mais on fini par les comprendre sans les détester ; je pense surtout à Hélène. Quoi qu'il en soit, il faut absolument lire cette oeuvre car elle renferme en elle de leçon d'humanité, de fraternité, de l'amour du prochain et de la patrie. Tolstoï nous a légué un énorme cadeau et j'ai bien hâte de découvrir ses autres oeuvres.
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Il est des livres qui marquent une vie. Des personnages de papier qui prennent chair au fil des pages jusqu'à habiter notre quotidien. "Guerre et Paix" de Tolstoï est incontestablement de ceux-là.

Ce second tome recouvre les troisième et quatrième parties et l'épilogue de cette fresque humaine et historique incroyable. Natacha, André, Pierre, Nicolas, Marie... Tous ont touché du doigt leurs rêves et goûté aux délices de la vie en société, pour s'y brûler les ailes. L'heure est désormais à la maturité. Chacun porte en lui ses blessures et au fil des évènements, renait de ses cendres. La résilience, le pardon, le courage sont au coeur de ce deuxième tome qui nous offre des émotions allant du rire aux larmes à chaque partie.

J'ai souvent remarqué un "effet miroir" dans certaines scènes, permettant de voir l'évolution des personnages qui, pris dans un même contexte, agissent totalement différemment ou se complètent les uns les autres. Je pense notamment à Pierre et André qui pour moi, sont les deux profils d'un même homme, tantôt sombre, tantôt lumineux. de même, Natacha et la princesse Marie qui initialement s'opposaient finissent par se rejoindre sur le plan spirituel. Nous pourrions même pousser la comparaison plus loin car j'ai plusieurs fois trouvé des échos à Lévine d'Anna Karénine dans les propos de Pierre ou Nicolas, ou un parallèle entre les deux romans dans certaines scènes de la vie mondaine. Comme si, finalement, il ne fallait pas prendre Guerre et Paix isolément, mais comme un élément d'un tout qu'est l'oeuvre de Tolstoï. Après tout, c'est bien là, la "moralité" de Guerre et Paix que de dire que L Histoire est composée d'un ensemble d'histoires des peuples, à l'échelle des hommes.

D'ailleurs, l'aspect militaire et historique est de plus en plus présent à travers le déroulement de la bataille de Borodino et l'invasion de Moscou par Napoléon. Ces évènements questionnent beaucoup l'auteur sur la subjectivité du récit que L Histoire en gardera. Finalement, qui des grands personnages et des dirigeants ou du petit peuple sont les héros de tels évènements ? Ces batailles et leurs terribles conséquences humaines sont-elles le fruit de la volonté d'un seul homme (Napoléon, Alexandre 1er...) ou de la rencontre d'une multitude de hasards ? Ou bien est-ce tout simplement un destin inévitable auquel se soumettent spontanément les hommes ?

Ce deuxième tome est plus long que le premier et plus exigeant. Mais au-delà des longueurs que l'on rencontre parfois, c'est un récit profondément lumineux. En refermant ces pages, cela m'a laissé la même sensation d'éblouissement et de grandeur que lorsqu'on entre dans une cathédrale et que l'on observe les rayons du soleil traverser les vitraux aux multiples couleurs.
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A rebours de ce que j'entends habituellement sur ce roman, ce que je préfère, ce sont ses grands développements sur l'art de la guerre, sur l'impossibilité de conquérir l'immense Russie, sur le combat tragique des forces historiques, la petite histoire m'intéressant en passant, mais sans plus. Par exemple, je préfère de loin le vieux loup Koutouzov au ténébreux André.
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