Je savais que ce titre fait partie de ceux très spéciaux qu'on aime ou qu'on déteste, ou sur lesquels on n'arrive pas à se prononcer. Il faut dire que le scénario est tellement atypique et l'écriture tellement immersive que l'auteur nous fait entrer dans un monde dans lequel nous n'avons pas forcément envie de nous plonger.
Sombre, torturé, malsain, pervers, j'ai été à de nombreuses reprises mal à l'aise pendant ma lecture ; il m'est ainsi arrivé de me forcer à ne pas mettre d'images sur les mots que je lisais, tellement je ne désirais pas ressentir cette histoire. Je ne peux pas nier le talent de l'auteur et le travail d'écriture que représente cet ouvrage, mais il est clair qu'il n'est pas pour moi. Je suis même plus à l'aise avec un écrit pornographique signé
Esparbec qu'avec ce roman contemporain.
J'ai eu plusieurs fois envie d'abandonner, à tel point que j'ai bien failli le laisser de côté, tout en sachant que si je baissais les bras, je n'arriverais pas à le reprendre. Je me suis donc forcée, et cela n'a pas été facile. C'était un calvaire de poursuivre ma lecture et ma famille m'a de nombreuses fois entendue m'en plaindre. Je ne savais vraiment pas si je serais capable de le lire dans son intégralité, moi qui me refuse à ne pas terminer les livres que j'entreprends de découvrir. Néanmoins, le style permettant tout de même de comprendre une grande partie du récit, j'ai fini par arriver au bout sans passer à autre chose, ce qui serait revenu à le condamner.
Entre alcool, drogue, sang, suicide, mort et sexe, le protagoniste sous Valium entraîne le lecteur dans sa quête perverse de la jeunesse, mais aussi dans sa chute. Plusieurs femmes vont donc se succéder et se donner à lui, offrant leur corps mais aussi leur sang. Avec ce comportement vampirique, notre héros espère ainsi tirer de ses jeunes proies la force vitale qui s'échappe de son corps année après année. Suite à des ébats sexuels sanglants et malsains, le processus de métamorphose qui se met en place, ou que cet homme sous l'emprise de l'alcool croit ressentir, ne va pas le mener vers la résurrection mais vers sa propre fin. À travers divers sujets, allant de l'art à la religion en passant par la musique, la mythologie et la philosophie,
Nick Tosches explore le pacte faustien et donne ainsi à voir les élucubrations d'un alcoolique qui oscille entre désir de sobriété et appel de la nuit.
Je ne peux également passer sous silence le fait que le héros de ce roman se nomme comme l'auteur de ce dernier :
Nick Tosches – cela n'est jamais clairement dit, le nom du protagoniste étant rarement cité ni relié directement au nom qu'il utilise pourtant pour parler de sa famille. Doit-on y voir une certaine forme d'autobiographie fantasmagorique, où sont représentés les peurs, les fantasmes et les réflexions torturées de l'auteur, lui-même libertin voire dépravé ?
Durant ma lecture, je me suis parfois surprise à lire sans vraiment lire ; je parcourais les mots sans chercher à aller plus loin. Dans ces moments-là, l'agencement de ces derniers ne faisait rien naître en moi ; ils n'étaient que des tas de lettres noires jetés sur le blanc du papier. Aucun sens, aucune histoire.
J'ai vraiment dû m'accrocher pour le terminer, et je ne vous cache pas que les trente dernières pages ont été les plus laborieuses. J'étais vraiment soulagée de le refermer, cette fois-ci pour de bon.
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