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Critique de Bookycooky


Dans une nouvelle traduction, les éditions Stock nous proposent quatre écrits de Tourgueniev au titre évocateur : le Roi Lear des steppes, Faust, le Dîner ou le Hamlet du district de Chtchigry, Hamlet et Don Quichotte. Un clin d'oeil à Shakespeare, Goethe et Cervantés par le biais de ces récits ( le dernier étant un essai rédigé sous forme de discours ), inspirés des figures emblématiques de la Littérature classique européenne; un clin d'oeil aussi à la vie cosmopolite de l'auteur, qui parlait plusieurs langues, fit une part de ses études universitaires à Berlin et vécu entre la Russie et la France, où d'ailleurs il achèvera sa vie.
Le premier récit est celui de Kharlov, le Roi Lear des steppes, un propriétaire terrien dans la stature d'un colosse, qui décide de léguer ses biens avant sa mort, à ses deux filles. Un Lear provincial trés russe, qui nous surprendra et se surprendra.
Suit, Faust, « Dans les vagues de l'existence, mon orageuse activité..... ». Souvenirs et nostalgie d'un homme à la quarantaine qui retourne de Moscou dans son domaine en province après neuf ans. Rattrapé par le temps et Méphistophélès, “ce quelque chose qui pourrait se trouver dans chaque être humain”, en proie au danger des relations, quelles qu'elles soient, entre un homme et une jeune femme (“Un sentiment glisse imperceptiblement vers un autre”), il succombera à Faust !
Le Dîner ou le Hamlet du district de Chtchigry, est l''histoire d'un dîner de la noblesse, une critique au vitriol de la “haute société russe” de l'époque, suivie de l'échange nocturne du narrateur avec un parfait inconnu, un bonhomme pommé, au pseudo de Hamlet, « un homme de trop » qui peine à trouver sa place en société et se méprise, tiens, tiens.....
Trois histoires, où les protagonistes sont exclusivement des propriétaires terriens de la province russe et leurs principales préoccupations, argent, dîners, badinage, jeux de cartes, littérature.... une vie bien ennuyeuse quoi. Une écriture raffinée pour raconter toute une époque, avec moult détails précis,aussi bien dans la description que la psychologie des personnages, croqués sans pitié. Minutieuses descriptions aussi des lieux et paysages, et des procédures administratives sur papier et dans « la réalité ». Agrementé d'une préface et de notes d'Olga Gortchanina sur chaque nouvelle, un recueil intéressant, qui ne nécessite pas forcément une profonde connaissance des fameux personnages.
Le dernier opus du livre, Hamlet et Don Quichotte, est un discours de Tourgueniev prononcé lors d'une lecture publique, où il assume “que chaque être humain relève plus ou moins de l'une de ces deux catégories, que chacun d'entre nous se rapporte soit à Don Quichotte, soit à Hamlet”. Entre l'idéaliste totalement dévoué à son idéal ( aujourd'hui aussi difficile d'en trouver qu'une aiguille dans une meule de foin ), et l'égoïste centré sur sa propre personne, un discours intéressant sur les deux tendances fondamentales de l'esprit humain, “Sans énergumènes du type de Don Quichotte, sans inventeurs farfelus, l'humanité n'avancerait plus guère… et les Hamlet n'auraient plus matière à méditation.”

Je remercie de tout coeur les éditions Stock et NetGalley pour l'envoie de ce beau livre ! L'occasion pour moi de belles retrouvailles avec Tourgueniev , ma dernière lecture de ses livres datant d'une décennie !

“....nous vivons entourés de Hamlet, de Don Quichotte et autres Lear, aux traits reconnaissables entre tous malgré les évolutions sociales de plus en plus rapides qui ont émaillé l'histoire pendant les deux siècles nous séparant de la rédaction de ces écrits.” Olga Gortchanina
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