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EAN : 9782234085794
268 pages
Stock (28/02/2018)
3.96/5   12 notes
Résumé :
« Ivan Tourgueniev a deux cents ans. Plus universelle, plus moderne que jamais, sa prose le place désormais parmi les auteurs qui, en leur temps, ont également relevé le défi de l'universalité. Ce grand sage cosmopolite du XIXe siècle nous livre une clef pour lire le passé, celui de la Russie en particulier et du genre humain dans son ensemble, mais aussi pour cerner la modernité et mieux appréhender l'avenir. »  OLGA GORTCHANINATraduit du russe par Nastasia Dahuron... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Dans une nouvelle traduction, les éditions Stock nous proposent quatre écrits de Tourgueniev au titre évocateur : le Roi Lear des steppes, Faust, le Dîner ou le Hamlet du district de Chtchigry, Hamlet et Don Quichotte. Un clin d'oeil à Shakespeare, Goethe et Cervantés par le biais de ces récits ( le dernier étant un essai rédigé sous forme de discours ), inspirés des figures emblématiques de la Littérature classique européenne; un clin d'oeil aussi à la vie cosmopolite de l'auteur, qui parlait plusieurs langues, fit une part de ses études universitaires à Berlin et vécu entre la Russie et la France, où d'ailleurs il achèvera sa vie.
Le premier récit est celui de Kharlov, le Roi Lear des steppes, un propriétaire terrien dans la stature d'un colosse, qui décide de léguer ses biens avant sa mort, à ses deux filles. Un Lear provincial trés russe, qui nous surprendra et se surprendra.
Suit, Faust, « Dans les vagues de l'existence, mon orageuse activité..... ». Souvenirs et nostalgie d'un homme à la quarantaine qui retourne de Moscou dans son domaine en province après neuf ans. Rattrapé par le temps et Méphistophélès, “ce quelque chose qui pourrait se trouver dans chaque être humain”, en proie au danger des relations, quelles qu'elles soient, entre un homme et une jeune femme (“Un sentiment glisse imperceptiblement vers un autre”), il succombera à Faust !
Le Dîner ou le Hamlet du district de Chtchigry, est l''histoire d'un dîner de la noblesse, une critique au vitriol de la “haute société russe” de l'époque, suivie de l'échange nocturne du narrateur avec un parfait inconnu, un bonhomme pommé, au pseudo de Hamlet, « un homme de trop » qui peine à trouver sa place en société et se méprise, tiens, tiens.....
Trois histoires, où les protagonistes sont exclusivement des propriétaires terriens de la province russe et leurs principales préoccupations, argent, dîners, badinage, jeux de cartes, littérature.... une vie bien ennuyeuse quoi. Une écriture raffinée pour raconter toute une époque, avec moult détails précis,aussi bien dans la description que la psychologie des personnages, croqués sans pitié. Minutieuses descriptions aussi des lieux et paysages, et des procédures administratives sur papier et dans « la réalité ». Agrementé d'une préface et de notes d'Olga Gortchanina sur chaque nouvelle, un recueil intéressant, qui ne nécessite pas forcément une profonde connaissance des fameux personnages.
Le dernier opus du livre, Hamlet et Don Quichotte, est un discours de Tourgueniev prononcé lors d'une lecture publique, où il assume “que chaque être humain relève plus ou moins de l'une de ces deux catégories, que chacun d'entre nous se rapporte soit à Don Quichotte, soit à Hamlet”. Entre l'idéaliste totalement dévoué à son idéal ( aujourd'hui aussi difficile d'en trouver qu'une aiguille dans une meule de foin ), et l'égoïste centré sur sa propre personne, un discours intéressant sur les deux tendances fondamentales de l'esprit humain, “Sans énergumènes du type de Don Quichotte, sans inventeurs farfelus, l'humanité n'avancerait plus guère… et les Hamlet n'auraient plus matière à méditation.”

Je remercie de tout coeur les éditions Stock et NetGalley pour l'envoie de ce beau livre ! L'occasion pour moi de belles retrouvailles avec Tourgueniev , ma dernière lecture de ses livres datant d'une décennie !

“....nous vivons entourés de Hamlet, de Don Quichotte et autres Lear, aux traits reconnaissables entre tous malgré les évolutions sociales de plus en plus rapides qui ont émaillé l'histoire pendant les deux siècles nous séparant de la rédaction de ces écrits.” Olga Gortchanina
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Il est des écrivains qui restent intemporels traversant le temps et l'univers sans jamais nous épuiser. C'est le cas sans conteste d'Ivan Tourgueniev,, l'écrivain russe le plus " européen".
Je l'ai découvert tout d'abord avec ses chefs d'oeuvre que sont : Premier amour et Carnets d'un chasseur.
La mélancolie des grandes steppes russes est omniprésente dans ses thèmes tout comme cette nature qu'il personnifie à merveille.
On le suit, pas à pas, dans les fourrés, en compagnie de son brave chien débusquer les bécasses au petit matin. Une écriture d'une fraîcheur des petits matins boisés.
Dans ce livre, il s'agit de quatres nouvelles dont deux représentent les trois quarts du roman.
Tourgueniev écrit à sa manière, en homme russe qu'il est et tout à la fois baigné de la culture européenne qui va de Skakespeare à Cervantes.
J'ai particulièrement aimé la nouvelle intitulée : Faust.
C'est un échange épistolaire entre deux amis, celui qui écrit est un Russe revenu dans son domaine campagnard après neuf ans d'absence.
Un homme " de trop" cher à Lermontov qui retrouve une femme qu' il a aimé dans sa jeunesse. Notre homme a alors, 37 ans, le temps des premiers bilans de la vie.
Tourgueniev nous narre son parcours et son devenir incertain avec des mots qui résonnent dans nos coeurs.
Une nostalgie, que cultive l'âme russe qu'il incarne parfaitement.
Je me suis vraiment régalée à la lecture de ces nouvelles et je ne peux que vous conseiller de découvrir l'univers de Tourgueniev, un peu parallèle dans une certaine mesure au monde proustien .

Magnifique écriture qui nous emmène au coeur de l'âme russe perdue dans les sous-bois d'un coeur.
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Le Lear de Tourguenev s'appelle Kharlof, il n'est pas roi, c'est un propriétaire terrien, mais sa taille, sa stature physique en font un homme respecté et craint.
Puis, un jour, il sent la mort arriver et il décide de tout donner à ses deux filles – il n'en a pas trois comme Lear, il n'est pas une Cordelia pour être avec lui « les espions des dieux... »
Non, il est seul avec ces deux harpies qui le réduisent au néant, matériel et spirituel : « Vous avez tué en moi la croyance, vous avez tout tué. J'étais un aigle, je me suis fait pour vous vermisseau,… »
Je ne vais pas raconter cette belle (et longue) nouvelle, aussi triste que King Lear - une digression et un hommage à Shakespeare très rèussis.
«  le pêché est sur votre âme… Injustice !... La conscience du peuple avait parlé. »

J'ai l'impression que l'on lit peu Tourguenev désormais, pourquoi se priver cet auteur tellement profond et plaisant à lire ?
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Une dizaine d'amis discutent de Shakespeare, évoquant Hamlet, Othello, le roi Lear…, quand l'un d'entre eux s'écrie soudain qu'il a connu une sorte de roi Lear vers 1840. Il vivait à O… (il s'agit d'Orel) chez sa mère, Natalia Nikolaïevna, qui avait marié sa pupille de 17 ans à un voisin, un propriétaire foncier gérant bien ses affaires, Martin Kharlov, une force de la nature qui l'avait un jour sauvée en retenant de ses bras son chariot qui allait verser dans un fossé. Depuis lors, elle le conseille, car s'il est fort des muscles, il l'est moins de la tête. Il est veuf et vit avec ses deux filles. L'aînée, Anne est mariée à Vladimir Sliotkine. Quant à la cadette Eulampie, le narrateur la découvre un jour «dans les fourrés»... avec Vladimir.
En proie à des sentiments dépressifs comme Tourguéniev à l'époque, Kharlov fait un rêve qu'il ressent comme prémonitoire et qui lui annonce sa mort. Il décide de distribuer ses biens à ses deux filles malgré les conseils de Natalia Nikolaïevna qui n'arrive pas à le convaincre. Mal lui en prend. Il est bientôt dépossédé de sa charrette, de son cheval, du petit cosaque qui le sert et lui fait la lecture, et finalement même de sa chambre, dont ses enfants «ont besoin». Il a longtemps tout supporté, mais c'en est trop. Furieux, il se met à détruire sa maison. La cadette propose de lui restituer sa part, mais il est trop tard. Il poursuit la démolition, et périt écrasé sous les décombres. Tout cela rappelle le roi Lear de Shakespeare, mais aussi le Père Goriot (1835) De Balzac que Tourguéniev avait sans doute lu.
Comme à son habitude, l'auteur nous livre le destin ultérieur des personnages. Quinze ans après, le narrateur revient sur ses terres et rencontre Anne, l'aînée des filles, devenue veuve. C'est elle qui gère le domaine. Quatre ans après encore, il rencontre Eulampie qui dirige une secte.
Cette nouvelle pourrait former une trilogie avec Moumou (1852) et L'Auberge de grand chemin (1855), chacune voyant un homme dépouillé de ses biens. Elle a peut-être été influencée par les représentations du Roi Lear pour lesquelles Balakirev a écrit une musique de scène en 1859. Elle est rédigée dans un style volontairement réaliste et brutal qu'un éditeur a tenté d'atténuer, à la fureur de Tourguéniev.
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L'ouvrage réunit 4 textes : le roi Lear des steppes, Faust, le dîner ou le Hamlet du district de Chtchigry, Hamlet et Don Quichotte. Dans ces quatre textes, Ivan Tourgueniev interprète à la manière russe ces 3 grands textes que sont le roi Lear et Hamlet de Shakespeare, d'une part, et Faust, de l'autre. le dernier texte étant une réflexion philosophique sur l'étude comparative des personnages archétypaux que sont Don Quichotte et Hamlet.

Le roi Lear qui donne son nom qui recueil, est un bref roman-conte, ravissant et plein d'inventivité, totalement intemporel tant dans le style, que dans les motifs exposés. Faust et le dîner m'ont en revanche parus plus datés. D'un autre côté l'exposition des moeurs et modes de vie romantiques du 19ème siècle sont charmants. Enfin la réflexion philosophique sur Hamlet et Don Quichotte est tout à fait passionnante, et absolument universelle, quelle que soit l'époque.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Et moi, sais-tu à quoi je note que je vieillis ? Je vais te le dire. J'essaie désormais d'amplifier à mes propres yeux toutes les émotions joyeuses et de réduire les sources de tristesse. Alors que j'opérais exactement à l'inverse quand j'étais jeune. Il m'arrivait de me complaire dans l'affliction, à la manière d'un trésor que l'on couve, et d'éprouver des scrupules pour un accès de joie...
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Il reçut un jour une image représentant une bougie allumée, vers laquelle de toutes parts soufflaient des vents aux joues gonflées ; on lisait au-dessous l’inscription : « Telle est la vie humaine. » Cette image lui plut beaucoup ; il la suspendit dans son cabinet de travail.
( Le Roi Lear des steppes )
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 Craignez le tigre et ses mâchoires,
Craignez fort d’éveiller un lion,
Mais craignez comme un cauchemar,
Les hommes dans leurs illusions.
( Le Dîner ou le Hamlet du district de Chtchigry )
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....quel plaisir peut-on retirer à rêver de soi-même, de son bonheur ? Il ne sert à rien d’y penser. Pourquoi aller courir après, s’il ne vient pas ? C’est comme la santé : quand vous ne la remarquez pas, c’est qu’elle est là. »
(Faust)
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Couvre-moi de ton manteau ailé
Console mon cœur agité
La mise à l’ombre sera sacrée
Pour une âme ensorcelée

« Le jour décline, la nuit est proche » (1851) de Fiodor Tiouttchev.

(Faust)
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Vidéo de Ivan Tourgueniev
En librairie le 23 mai 2019 ---
Byx serait-elle la dernière de son espèce, celle que l'on appelle l'ultimon ? Pour en avoir le coeur net, elle traverse le royaume de Nedarra à la recherche des siens. Mais chaque recoin regorge de prédateurs…
Un voyage fantastique par Katherine Applegate, l'auteure du Seul et Unique Ivan.
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