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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous sommes à Chinon. Le 25 février 1429. Une jeune fille, Jeanne, de Domrémy, est venue chercher Charles, le Dauphin, pour bouter les Anglais hors de du pays. Les débuts militaires de Jeanne sont autant de succès : aidée de Gilles de Rais, son compagnon d’armes, elle libère Orléans. Elle écrase l’ennemi à Patay. Plusieurs villes se rallient au Dauphin. Le 17 juillet 1429, il est sacré roi de France (Charles VII) en la cathédrale Notre-Dame-de-Reims.

Gilles et Jeanne sont alors inséparables. Inséparables jusqu’à ce que Jeanne soit blessée devant Paris. Vient Compiègne… Jeanne est capturée. Elle mourra sur le bûcher, à Rouen, le 30 mai 1431…Après avoir crié trois fois Jésus, en présence de Gilles de Rais.
Il se retirera sur ses terres, et quand il réapparaît trois ans plus tard, il est méconnaissable. Il va découvrir le mal absolu et construire sa légende, celle de Barbe Bleue, celle de l'Ogre de Tiffauges, voleur, violeur et assassin d'enfants…

Il sera arrêté après avoir tenté d'étrangler un prêtre et devra répondre « de la triple inculpation de sorcellerie, sodomie et assassinat ». Condamné, le Seigneur de Tiffauges périra dans les flammes, et tel Jeanne criant trois fois Jésus, il criera trois fois Jeanne au moment où les flammes l’atteindront.


En décrivant les destins croisés de ces deux personnages mythiques, Michel Tournier fait cohabiter la sainteté et la monstruosité. On se pose évidemment la question, maintes fois répétée : comment Jeanne, la sainte, a-t-elle pu s’accoquiner avec un monstre tel que Gilles de Rais.
Il faut tout l’art de Michel Tournier pour nous apporter une réponse, certes très teintée Tournier, dans l’inversion maléfique qui lui est chère, mais c’est ce Tournier là, original, iconoclaste et parfois un peu déviant qui me touche.
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Chinon - 25 février 1429. Jeanne, de Domrémy, est venue rencontrer Charles, le Dauphin, et veut le convaincre de lutter pour vaincre les Anglais qui contrôlent une grande partie du pays. C'est là qu'elle rencontre Gilles de Rais, un simple seigneur de province, qui ne traine pas encore sa réputation sulfureuse. Après avoir prouvé sa foi et sa pureté, Jeanne prend les armes et ses débuts militaires sont tous des succès : Orléans, Patay, … plusieurs villes se rallient au Dauphin qui est sacré roi le 17 juillet 1429 à Reims.
Jeanne sait qu'il ne lui reste qu'un an à vivre et veut aller vite : à Paris elle s'entête et est blessée puis est capturée par les Anglais et mourra sur le bûcher, à Rouen, le 30 mai 1431…Gilles de Rais assiste à son supplice et en est profondément marqué.
Lorsqu'il ressort de son château après trois ans d'isolement, il est méconnaissable. A-t-il rejeté Dieu et choisi le diable ? Il construit sa légende : il viole, enlève et assassine des enfants, …
Il est enfin arrêté et doit répondre « de la triple inculpation de sorcellerie, sodomie et assassinat ». Condamné, il subira le même sort que Jeanne, étrange parallèle entre deux destins qui semblaient si diamétralement opposés.
Un récit hagiographique donc de Sainte Jeanne d'Arc qui nous emmène dans le Moyen-Age où la religion était intrinsèquement liée à la superstition, où la frontière entre les croyances et la folie était mince.
Ce n'est pas l'attrait de la nouveauté qui m'a plu dans ce livre mais plutôt la poésie et l'élégance du style de Michel Fournier.
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Gilles (de Rais) et Jeanne (D'arc) est non pas l'Histoire de Gilles de Rais, mais plutôt une des histoires de ce personnages historique. En effet, Michel Tournier utilise les vides historiques afin de forger sa propre théorie sur le monstre qui aurait inspiré le personnage de Barbe Bleue.
Gilles de Rais a été le compagnon d'armes de Jeanne d'Arc, et après sa mise à mort sur le bûcher en 1431, il serait devenu un être abject, violant plusieurs jeunes enfants (principalement des garçons) et les assassinant.
Et si Gilles était devenu comme ça à cause de Jeanne d'Arc, à cause de l'amour incommensurable qu'il lui portait? C'est de ce postulat que part Michel Tournier pour donner un peu de sens aux massacres perpétrés par le seigneur Gilles de Rais.

Avant d'attaquer ma courte lecture, j'ai relu un peu les faits historiques sur Gilles et Jeanne. Ce que j'ai aimé dans ce livre, c'est que rien n'est déformé ou transformé. L'auteur romance sur la relation des deux personnages et sur les causes du comportement monstrueux de Gilles de Rais, mais les faits historiques relatés ont bien eu lieu.
Chose étrange, et sans le faire exprès, le jour où j'ai finis ma lecture, j'étais du côté de Machecoul, ville où se tenait/tient le château du sieur Gilles.
Une belle lecture qui permet d'avoir une explication (même si ce n'est que pure spéculation de la part de Tournier) sur ce personnage légendaire.

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Ce récit nous plonge dans l'univers mystique du Moyen Age.
Notre époque en est tellement éloignée que je me contente de sonder, d'imaginer.
Le propre des mythes est de donner à penser et aussi d'alimenter notre imagination ; on n'en épuise jamais le sens.
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Une lecture du hasard - si hasard il y a - faite quelque part entre l'année de sa parution - 1983 - et aujourd'hui...
Elle m'a autant transporté que dérangé et intrigué à l'époque, dans ma vingtaine, moi qui avais visité les ruines du Château de Tiffauges. J'étais enfant, muni de mon premier appareil photo...et cela reste un souvenir fort.
Entre romantisme mystique et martyrologie sulfureuse, l'incursion comme "de biais" qui nous est proposée-là dans la Guerre de Cent ans- même si ce contexte historique est peu marqué par Michel Tournier dans mon souvenir - effarouchera plus d'un(e)... souhaitant épargner ceux que l'évocation - même très adoucie - du psychopathe Gilles de Rais - alias "Barbe-Bleue" il ne faut pas l'oublier- mais sait-on combien au juste il fit de victimes - pourrait psychologiquement indisposer.
Mais le style de Tournier charmera aussi par son étrangeté, dévoilant le talent de celui qui fut agrégé de philosophie et membre de l'Académie Goncourt, sous un jour peu connu: à la fois comme grand mage et subtil sorcier de la complexité des âmes. On pourrait y trouver là une inspiration proche du Mircea Eliade de Christina.
Dans la légende que je connaissais, c'étaient des femmes auxquelles s'en prenait Barbe-bleue, pas des enfants. Mais dans la réalité de l'Histoire on peut s'interroger: qu'en fût-il vraiment ?
Ce livre a l'avantage de l'amoralisme et contourne plus ou moins les écueils de la fascination-répulsion pour le mal, en mettant cette rencontre singulière au centre de l'ouvrage, mais tout en réduisant dans mon souvenir, les aspects factuels au minimum...Si tant est que Tournier ait voulu en disposer en quantité suffisante pour préférer amplifier la partie psychologique et spirituelle de l'affaire sur sa partie véridique, la portant volontairement quelque part, oui, au rang de thriller psycho-médiéval light, moins sordide sous sa plume que s'il avait été écrit par un historien de formation, ou par un auteur de roman noir...
Car, pour rejoindre l'avis de Marple, critique précédente restée sur sa faim, du fait de son brio mais aussi de sa brièveté (160 pages), ce récit fiévreux tournant peu à peu au calvaire - sans rien d'un roman moderne à la Harlequin soyez-en assurés - mériterait pourtant, si vous me suivez, tout un addendum avec notice bibliographique à l'appui, pour tenter de démêler, en effet, un jour peut-être, la part de vérité historique et la part d'imaginaire dans ce que le Mage ou Sorcier Tournier osait confier-là à nos esprits incrédules.
Ce qui reposait en effet me semble-t-il par conséquent de sa part, sur un échafaudage d'hypothèses peu évidentes à étayer quant au vrai caractère des protagonistes: la mystique et le damné de l'ombre certes, mais aussi la sainte condamnée et le criminel jamais condamné...Ce sur quoi Tournier n'a sans doute pas souhaité insister refusant de prendre moralement parti, mais ce dont il nous laisse mesurer l'énorme paradoxe.
L'auteur a bien intitulé son ouvrage Gilles et Jeanne et non l'inverse: c'est bien le personnage de Gilles de Rais et sa complexité qui l'intéresse et qu'il fait parler comme narrateur, plus que par celui de Jeanne d'Arc.
Au prix sans doute à nous le rendre plus mystique et moins coupable qu'il n'était, tout seigneur qu'il fût ?
On peut légitimement s'interroger sur la part d'honnêteté et de sincérité qu'il lui prête, avec sa foi, ses turpitudes, et cette aspiration à la rédemption.
Avec le double parti-pris, ou la double thèse suivante de la part de l'auteur si vous me suivez toujours :
1- la rencontre avec Jeanne aurait été une rencontre amoureuse
2- Celle qui sera consacrée comme Sainte Jeanne après sa mort, n'aura pas pu faire de miracle avec lui puisque leur rencontre aura précipité sa perte cela alors qu'il aura combattu à ses côtés...
Bref, quel étrange et fabuleux croisement de 2 destinées de toute façon.
Et Tournier nous bluffe par cette mise en perspective - même si on aimerait en savoir plus sur sa véracité - et ce qu'il nous livre-là d'un passage mystérieusement quantique de notre Histoire, si tant est que l'on puisse comparer 2 personnages à 2 particules...
Alors, amis historiens qui passez par là, si vous souhaitez vous coltiner à tenter de démêler là-dedans un jour, le vrai du plausible et le plausible de l'improbable, faites-moi signe ! Tant il faudrait peut-être faire la lumière sur tout ça le moment venu, à l'aide d'archives...pourquoi pas.
Ce serait une passionnante enquête - à entreprendre à plusieurs sans doute - seul on va plus vite, à plusieurs on va plus loin - sur l'un des premiers psychopathes de notre Histoire occidentale...
Au sujet de qui Tournier, finalement, par la magie de la littérature et au sommet de son art personnel, sembla avoir à la fois si peu su....et tellement.
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N° 205 - Mai 1999


GILLES & JEANNE - Michel TOURNIER - Editions Gallimard.


Je l'ai souvent dit dans cette chronique, la nouveauté d'un livre n'est pas un critère suffisant pour susciter mon intérêt. J'ai vérifié encore une fois cette évidence avec cet ouvrage.

L'histoire nous enseigne que Gilles de Rais, Maréchal de France, était le compagnon d'armes de Jeanne d'Arc. Les contes nous l'ont également dépeint sous les traits de « Barbe bleue ». J'avoue que le personnage m'avait un temps intéressé et avait éveillé ma curiosité mais j'en étais resté là, sans réelle envie d'en savoir davantage. Les stéréotypes ont parfois la vie dure!
Je savais aussi qu'il était grand amateur d'art et de chants d'église, créateur d'une chorale pour la chapelle de son château de Tiffauges, qu'il était connu pour être l'assassin et le sodomite de jeunes garçons qu'il recrutait notamment pour leur voix. Je connaissais enfin sa mort tragique sur le bûcher à Nantes. Tout cela c'était l'histoire.
La lecture de ce roman pris au hasard sur les rayonnages de la bibliothèque, dans le seul but d'enrichir ma connaissance de l'oeuvre de Michel Tournier m'a émerveillé. Je ne partage pas exactement sa vision des choses, mais enfin ce roman explique à sa manière ce qu'était cet homme et j'avoue que cela m'a bien plu.
A travers un travail d'historien, d'érudit, qui ne commence jamais un livre sans une foule de notes(ce que j'apprécie aussi dans les romans qui sont des oeuvres imaginaires c'est d'apprendre quelque chose, de recevoir un message sous les apparences parfois anodines du conte. J'ai tout loisir de l'interpréter à ma manière selon ma sensibilité du moment.), notre auteur révèle que les meurtres et les crémations d'enfants seraient pour lui une obsession depuis qu'il a assisté à Rouen au supplice de Jeanne d'Arc. Dès lors, pour lui Jeanne étant une sainte, le bûcher et l'odeur qui s'en dégage ne pouvaient être que l'image du Ciel et de la sainteté.
La dévotion qu'il avait pour « Les Saints Innocents », ces enfants qui furent massacrés sur l'ordre du roi Hérode expliquait la quête qu'il menait dans les villages entourant ses châteaux de ces enfants qu'on ne revoyait jamais. Au spectacle d'enfants égorgés, Gilles ressentait une certaine jouissance en se demandant si la pitié qu'il éprouvait pour ces petits êtres procédait de Dieu ou du Diable.
La disparition de Jeanne d'Arc avait été pour Gilles de Rais une épreuve au point qu'il paraissait possédé par son fantôme. Il recherchait son visage, celui d'une femme-garçon dans tous les êtres jeunes qu'il rencontrait. Son âme errante l'obsédait au point de la voir partout.
Toutes ces « turpitudes » seront interprétées par un aventurier toscan fort disert et connaissant bien l'Écriture qu'il interprète à sa manière, entraînant cependant Gille sur les voies de la sorcellerie... pour mieux retrouver Jeanne et son esprit! D'ailleurs ne l'avait-on pas chargée de ce chef d'inculpation?
Puis ce fut le procès conduit par l'évêque de Nantes, Jean de Malestroit où tout fut dit même si cette procédure visait aussi à le déposséder de ses immenses richesses et de son influence politique. C'est vrai aussi que Gilles se métamorphosa, qu'il apparut à la fin comme repentant et soumis, absout certes par son confesseur qu'il avait souvent laissé circonspect à l'énoncé de ses péchés. Était-ce pour retrouver Jeanne qu'il confessa lui même toutes les fautes dont on l'accusait et qui réclama lui-même la sentence du bûcher? A entendre notre auteur, Gilles avait juré de la suivre jusqu'à la mort.
Même si je ne souscris pas à la démarche de Michel Tournier je dois avouer quand même avoir passé un bon moment en sa compagnie.

© Hervé GAUTIER
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Le bien et le mal sont-ils si proches, que l'un puisse influencer l'autre ?
Ou serait-ce la psychologie de deux exaltés qui conduise à une telle folie meurtrière. le mystère reste entier mais gageons que d'autres couples infernaux émergeront dans l'histoire à venir, après Bonnie and Clyde et autres Fourniret

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La postérité du tueur en série Gilles de Rais a fait florès : de Huysmans à Bataille, d'Enzo Cormann (et son noir "La chair et le couteau", dont le souvenir ne m'a jamais quitté) à Pasolini (qui envisageait de lui consacrer un film), nombreux sont ceux qui ont désiré découvrir l'homme sous sa noire légende.

Michel Tournier, dans son très court mais puissant "Gilles & Jeanne", le définit comme le verso, le négatif de la très chaste et pure Pucelle d'Orléans. le martyre de la future Sainte dépossède le Maréchal de France de sa quête du Bien pour le lancer dans les traverses, pleines d'ornières, du Mal. Influencé par la malignité d'un aventurier italien, Francesco Prelati, Gilles immolera de nombreux enfants sur l'autel de sa folie avant de rejoindre dans la mort celle qu'il n'a cessé de vénérer. Mystère des collisions de l'Histoire !

Tournier ressasse ses propres obsessions dans ce texte à l'épure toute classique : le double (cf. Les Météores ou le miroir des idées), l'enfant comme objet de désir (cf. le Roi des Aulnes) ou encore la transmutation (cf. Vendredi ou les Limbes du Pacifique). Il aboute un Moyen-Âge de plomb à une Renaissance en or, une Sainte de feu à un assassin palustre, une légende dorée à un mythe sanglant. Ce récit, squelette de roman, est, d'un bout à l'autre, passionnant.
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Malgré son titre, ce court roman est plus centré sur Gilles de Rais que sur Jeanne d'Arc, sur le lien d'amitié les unissant et sur les éventuelles séquelles psychologiques laissé par l'exécution pour sorcellerie de cette dernière. La folie où sombre Gilles de Rais, l'atrocité de ses méfaits et son procès sont plutôt bien expliqués, le tout dans le contexte de l'époque.
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