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3,94

sur 1834 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je n'ai encore jamais lu "Robinson Crusoé" de Daniel Defoe, dont "Vendredi ou les limbes du Pacifique" en est la réécriture. J'ai en revanche lu il y a quelques temps déjà "Vendredi ou la vie sauvage", qui est une adaptation jeunesse. Je ne peux donc faire la comparaison avec le premier, et n'en ferai pas avec le dernier, le public visé étant différent.

Le hasard a voulu que je termine ce roman un 19 décembre, alors que l'histoire se termine également un 19 décembre, mais avec quelques années d'écart... Car effectivement, c'est le 19 décembre 1787 que le Whitebird atteint la côte de Speranza, petite île encore inconnue qui a reccueilli 28 ans plus tôt Robinson Crusoé, seul rescapé du naufrage de la Virginie qui a eu lieu en septembre 1759.

Oui cela fait 28 ans que Robinson a échoué sur "l'île de la désolation", nom qu'il lui affublait au départ. Totalement seul dans cet endroit sauvage et désert d'humanité, il a d'abord sombré dans la folie avant de se reprendre en main. Pour ce faire, il a occupé son corps et son esprit quotidiennement. Son corps grâce à diverses constructions, élevages et cultures. Son esprit grâce à la tenue d'un journal de bord un peu particulier, puisqu'au lieu d'y retranscrire son quotidien, il y étale ses moments d'égarement méditatif. L'île de la désolation est renommée Speranza, il est élu à l'unanimité (forcément !) Gouverneur, ce qui lui octroie les pleins pouvoirs. L'île est désormais administrée d'une main de fer, une charte et un code pénal ont d'ailleurs été établis. Robinson a désormais un but. Une routine s'installe en même temps que sa perception de la vie se transforme. Tout est bien carré, tout est organisé, tout est orchestré au rythme de la clepsydre qu'il s'est fabriqué avec les moyens du bord. Mais voilà qu'un indigène, qu'il a sauvé par erreur et qu'il nommera Vendredi, vient chambouler toute cette routine et l'amènera une nouvelle fois vers d'autres prises de conscience...

Avec une narration entrecoupée d'extraits du journal de bord, nous nous retrouvons dans un roman à la fois d'aventures, initiatique et philosophique, dans lequel nous assistons à l'évolution de l'état d'esprit de Robinson. On le voit s'adapter à son environnement, à la solitude. On le voit passer de survie à la vie, du désespoir et au renoncement à la liberté. On fait face à tous ses ressentis, toutes ses élucubrations philosophiques. On ne peut reprocher à l'auteur de ne pas avoir suffisamment creusé son personnage principal, physiquement aussi bien que psychologiquement.

Tout comme on ne peut lui reprocher d'avoir rendu Speranza bel et bien vivante, imposante. Au-delà des descriptions de son engencement, des différentes zones naturelles et de sa faune et sa flore, l'auteur lui octroie une âme, un corps et un genre aussi peut-on dire. Elle a sa place et son rôle à jouer dans l'évolution qui s'opère en Robinson.

La relation entre Robinson et Vendredi a également une grande part dans l'histoire. Il a été intéressant de voir les liens se transformer petit à petit. Car s'il y a en premier lieu un rapport de force entre eux, une relation maître/esclave, chacun sera l'égal de l'autre à la fin. On assiste dans cette relation à de mini-transformations, instillées au fil des pages, au fur et à mesure que l'état d'esprit de Robinson se transforme à son tour.

Un contexte et un environnement savamment bien décrits. Une dimension psychologique et des ressentis admirablement développés. Une intrigue très intéressante. Une plume agréable, fluide et travaillée. Et pourtant, qu'est-ce que ça peut traîner en longueur par moments ! Les spéculations philosophiques de Robinson ont plus d'une fois failli m'achever, aussi bien que l'inaction dans certains passages, qui peuvent durer sur plusieurs pages.

En enlevant la préface et la postface, le récit n'atteint pas les 240 pages, j'ai pourtant eu l'impression d'en avoir lu le double... Mais bon, malgré cette "mollesse" ressentie, j'ai tout de même réussi à apprécier ma lecture, grâce aux nombreux points positifs relevés plus haut.
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R oman philosophique passionnant...
O de à Dame Nature et à la Création...
B rillante écriture, percutante et riche...
I nvitation intense à l'introspection...
N uits obscures de doutes et de peurs...
S entiments de profonde appartenance à Gaïa...
O uverture à l'Autre, à sa différence...
N ouveaux territoires intimes à explorer sans cesse...

ET... ?
HAIT...?
EST... ?

V ictoires sur des pulsions bassement humaines...
E nfantement de son être profond...
N aissance et renaissance...
D angereuses pensées de pouvoir et de domination...
R encontre qui relève et fait cesser l'aliénation...
E merveillement devant l'astre divin...
D anse de la vie qui fait sens...
I ntense allégresse devant l'homme nouveau !

Vendredi ou les Limbes du Pacifique, c'est tout cela et bien plus encore ! Une lecture passionnante. Un roman a étudier longuement. Une découverte qui donne envie de s'exiler sur une île déserte... ou presque !
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Il s'agit d'une version de "Robinson Crusoé" pour adultes, avec un Robinson et un Vendredi qui ont des pulsions sexuelles. Un peu déroutant, mais livre bien rédigé et qui ne manque pas d'intérêt.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Célèbre roman réécrit à la sauce philosophique, la première moitié traine en longueur : Robinson, seul sur son île, tente de recréer le mode de vie propre à sa civilisation. Cela donne lieu a un déballage de considérations métaphysiques farfelues, voire psychanalytiques (l'île étant assimilé à sa soeur puis à sa mère, et Robinson la fécondant au propre comme au figuré, Freud n'est pas très loin...). N'étant pas sûr de savoir si l'auteur cherche à montrer son personnage comme ayant perdu la tête ou s'il l'utilise pour pérorer sérieusement sur des abstractions délirantes, je vais lui donner le bénéfice du doute.
Ce roman n'a pas pour but d'être une représentation réaliste de la survie sur une île, mais de se servir du contexte pour déployer symbolisme et allégories, sur lesquels l'auteur a eu la main lourde. La postface souligne :
« "Je tâtonne à la recherche de moi-même dans une forêt d'allégories", affirme le personnage principal, (p.216). Ce pourrait être également la sensation du lecteur. »

Cela continue dans la seconde moitié mais le rythme décolle un peu grâce à l'arrivée de Vendredi. Si celui-ci donne son titre au roman, il reste néanmoins un personnage secondaire dont l'importance ne passe que par son impact sur la vie de Robinson. Ce dernier abandonne le mode de vie strictement planifié de la simili-civilisation qu'il a construit, pour adopter celui au jour le jour de Vendredi. La culture occidentale apparait chronophage, insatiable, stressante et insatisfaisante pour Robinson, sur qui elle finit par peser. Cet aspect rend cette seconde partie plus démonstrative, elle parle plus au lecteur. C'est d'ailleurs l'occasion pour l'auteur de caser des expressions comme "habitus" ou "éternel retour" pour bien signifier que c'est de la philo.
Pour autant, la vulgarisation des questions philosophiques n'est pas toujours à la hauteur. Michel Tournier voulait la faire passer sous la forme d'un roman qui puisse être accessible, populaire, agréable à lire ; or les cent premières pages ne manqueront pas d'assommer l'innocent lecteur qui pensait s'amuser.
Quant au lecteur détaché qui cherche un style artistique, il repartira aussi l'air contrit, la mine basse, car sans être mauvaise l'écriture ne sort pas non plus de l'ordinaire. Elle fourmille de petits mots inusuels, recherchés, et de jargon propre à certaines disciplines, par exemple la navigation, qui sont venus enrichir mon vocabulaire ; mais le langage soutenu ne décide pas plus du style que le sel la qualité d'une viande. le niveau de langage participe au style en correspondant au ton que l'auteur cherche à adopter ; plus soutenu ne veut pas dire mieux écrit. Dans notre cas, il n'y a pas de ton particulier ; il s'agit de phrases types, sans rythme, sans musicalité, purement fonctionnelles. Ce manque de style se retourne contre l'auteur lorsqu'on tombe sur le même mot pour faire bien plusieurs fois ; ainsi "déréliction", employé trois fois en moins de soixante pages, saute aux yeux du lecteur dans toute son artificialité. Je reprocherais de même à l'auteur de ne pas varier ses métaphores : "épées de feu" est employé plus de quatre fois pour parler des rayons du soleil. La figure sonne faux et met mal à l'aise la première fois ; il n'y a pas de raison pour que l'effet soit meilleur au bout de quatre.
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J'ai du rater quelque chose! Des mois que je l'attends, que je n'en entends que du bien, peut-être avais-je mis la barre trop haut. A mi-chemin entre le compte philosophique et le récit initiatique, on se permet de glaner quelques fulgurances de l'auteur ça et là, mais pour le reste, j'avoue être rester dubitatif.
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Malheureusement je suis resté aux "limbes" de ce roman, un peu trop intellectuel pour moi !
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critique de l'époque du lycée : bien, intéressant même si quelques mots me sont incompréhensibles du fait d'un langage soutenu et d'une quarantaines de pages de philosophie à la fin du livre.
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