Une soeur

Claire a du mal à comprendre que sa tante, Agnès, si jolie, soignant avec amour ses longs cheveux roux, ait pu devenir une « soeur », une religieuse. Qu'elle « se marie » à Dieu.

Agnès est morte. A plus de septante ans. Claire se rend à l'hôpital pour prendre les maigres effets de sa tante se trouvant dans une très désuète valise de carton. Quelques surprises l'attendent : sous-vêtements de dentelles, un étrange carnet, …

L'enterrement se passe dans une triste ambiance, pas même une fleur, juste les chants des religieuses et de Juliette, la cousine de Claire. Juliette la délurée, celle qui parle trop, celle qui aime aguicher les hommes, même si aujourd'hui elle n'a plus le succès qu'elle a pu connaître plus jeune.

Dans les jours qui suivent l'enterrement, Claire va commencer à découvrir quelques bien étranges secrets de famille. Elle n'a rien vu venir…

Critique :

Pascale Toussaint, avec un nom pareil, on pourrait croire qu'elle porte la religion dans son coeur… Eh bien, non ! Pas vraiment. Elle nous offre ici une sorte d'enquête familiale menée par Claire qui est intriguée par le fait que sa tante, Agnès, jeune et jolie se soit offerte à Dieu en entrant au couvent. Désireuse de comprendre ce qui s'est passé, elle va rencontrer ses tantes et sa mère qui, par bribes, vont finalement lui permettre de tout comprendre du choix d'Agnès. Une triste histoire de secrets de famille que tout le monde tait parce tout le monde a honte de cette histoire qui entache l'histoire familiale.

Un livre qui suscitera très certainement des débats houleux quant à des positions très opposées que des femmes peuvent avoir suite aux réactions des hommes, et notamment la drague. Entre celles qui aiment se faire siffler et celles qui seraient prêtes à tuer si cela devait se produire, il n'y a pas vraiment unanimité de vues. Cependant, ce qu'il ne faut pas perdre de vue, c'est que derrière cette entrée en religion d'Agnès, le sujet principal tourne autour des secrets (inavouables) de famille qui peuvent ravager des vies, que l'on continue à cacher de génération en génération pour éviter un « désastre » mais qui peuvent en provoquer d'autres car une ambiance malsaine s'établit avec tous ces « non-dits ». S'il le faut, pour maquiller des faits horribles, on crée des légendes, on invente des personnages imaginaires.

Après l'enterrement d'Agnès, sa tante religieuse, Claire enquête. Elle veut comprendre comment et pourquoi sa tante est entrée au couvent, âgée à peine de 20 ans.

Elle est interpellée trouvant dans ses maigres affaires des sous-vêtements en dentelle, un peigne de corne dont elle se souvient, il servait à coiffer la longue chevelure d'Agnès.

Quelques signes de résistance pour celle qui se disait dévouée, mariée à Dieu, le seul amour qui ne déçoit pas !

Elle essaie de comprendre, elle bercée dans la religion, dans le souvenir des religieuses - effrayantes enseignantes - leur faisant miroiter que la lettre d'était celle de Dieu dont elle pourrait entendre la voix. Elle, qui, un jour dégoûtée par le catéchisme qu'on lui faisait suivre, dans une famille pratiquante oui mais pas vraiment croyante ! . Cette hypocrisie avec le baiser de la paix, le voile gris des soeurs..., la froideur de l'enterrement.

Elle se questionne avec Philippe son mari qui se fait parfois l'avocat du diable lorsque l'on parle de renoncement qui mène à l'Amour, le Dieu qui ne déçoit pas.

Pourquoi Agnès a-t-elle fait ce choix ? elle veut comprendre ce qui l'a amenée là, quel est donc le secret que cache cette famille ?

Petit à petit, elle va chercher à comprendre sa tante décédée à 70 ans, un peu dans la folie, la peur, le doute.

Comprendre celle qui s'est dévouée à Dieu mais cédait chaque soir à son morceau de chocolat, péché de gourmandise, péché capital au même niveau que celui de luxure, pourtant elle s'y adonnait chaque jour, gourmande et puis priait ... Une partie d'elle peut-être qui doutait et résistait.

Une belle écriture, vingt petits chapitres courts qui nous font avancer. Ils sont introduits à chaque fois par une citation nous annonçant la couleur du récit.

A découvrir. ♥
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Le journal belge "Le Soir" avait permis la lecture du premier chapitre, ce qui m'a donné l'idée d'acheter le roman.
Quel plaisir de lecture !
Et quelle découverte d'une auteure !
Le hasard des chemins littéraires est jalonné de pépites qui me font remercier ceux et celles qui m'ont appris à lire...

💫 Belle découverte avec ce roman si vivant, alors même qu'il s'attache à revenir sur le passé.

⛪ Après l'enterrement d'Agnès, entrée au couvent à 20 ans, sa nièce Claire essaye de comprendre. Comment cette femme pleine de vie a-t-elle fait ce choix? Cette femme qui a refusé de se raser le crâne malgré les règles de la communauté et le voile; cette femme qui continuait à manger du chocolat malgré le péché de luxure.

📍 Claire fait peu à peu la lumière sur des pans entiers de l'histoire familiale, en discutant avec les autres membres de la famille - jusqu'à découvrir "le lampion rouge de l'inceste".

🛐 Chacun des chapitres s'ouvre sur une citation, qui annonce la suite du texte. Ce récit de femmes explore la religion, les croyances, la peur de la mort et se confronte au plus dur des sujets via l'angle de la nièce. Cette approche familiale - qui en devient presque archéologique - permet au récit de prendre une certaine distance et donc de se partager plus facilement.

🖼 Et cette couverture? On en parle de cette peinture sublime?

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