Tout aussi prenant que le tome 1, ce deuxième roman de la série « Mémoires d'un quartier », entraine le lecteur un peu plus loin dans l'histoire de la famille Lacaille. J'en ai terminé la lecture avant de m'endormir; heureusement que je n'avais pas le tome 3 sur ma table de chevet, parce que j'aurais passé une nuit blanche…
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Malgré ce qu’elle avait cru l’année dernière, la télévision n’avait pas réussi à supplanter son bon vieux poste de radio. Une fois l’excitation des premières semaines passée, Évangéline s’en était lassée. Elle préférait, et de loin, la présence discrète des animateurs de la radio qui l’accompagnait tout au long de sa journée. (…) Mais jamais, jusqu’à maintenant, elle n’avait osé l’avouer à son fils Marcel qui lui, ne jurait que par la télévision.
-- Je vous le dis, la mère, c’est pas mêlant, dans quèques années, les radios existeront pu ! Y a pus personne dans ville de Montréal qui va vouloir écouter ça ! Quand on peut voir les images, c’est tellement mieux, vous trouvez pas, vous? C’est comme les chars qui sont en train de prendre toute la place. Des chevaux, on en voit pus.
Dès qu’elle déposa le fer, un soupir de vapeur sentant bon le savon à lessive lui monta jusqu’au visage.
Bernadette esquissa un sourire de contentement.
C’était à cause d’odeurs comme celle qui lui chatouillait les narines en ce moment qu’elle aimait sa vie. L’odeur de la lessive, d’un bouilli de légumes, du savon de bébé, de la terre humide, étaient autant de références qu’elle associait au bonheur, au confort, à la sécurité.
Habituellement, son fils n’écrivait pas aussi souvent. Sa dernière lettre datait d’à peine trois semaines. Ça devait donc être des mauvaises nouvelles et Évangéline n’était jamais pressée de connaître les mauvaises nouvelles. Il y en avait trop eu dans sa vie de ces moments où elle avait l’impression que la terre cessait de tourner pendant un instant.
-- (…) On a jamais reçu monseigneur Léger dans paroisse pis j’veux que toute soit parfait. C’est pas juste un évêque de seconde main comme y’ nous envoyent pour les confirmations ! Là, c’est l’archevêque de Montréal en personne qui vient chez nous.
Ce petit bout de deux ans faisait naître chez elle des émotions jusqu’à maintenant inconnues. La femme qui n’avait pas eu le temps d’être mère avec ses propres fils reprenait le temps perdu avec son petit-fils.
23-Émission Littéraire "Cause toujours" Auteurs Laurentides/TVCL- Louise Tremblay-D'Essiambre