Le témoignage d'une institutrice pendant la Grande Guerre nommée pour son premier poste. Ce n'est pas une "hussarde noire" de la République, laïcarde militante. Non, la politique et la religion ne sont pas évoquées, elle ne parle pas non plus du fond de son métier.
L'intérêt du récit réside dans le regard porté sur une communauté montagnarde du "bout du monde", à la fois isolée (même si d'autres hameaux sont plus lointains, avec un instituteur pour 5 élèves) et plongée dans la modernité. le village de Bessans est coupé du reste du pays par la neige durant le le long hiver, le bois étant rare à cette altitude, les habitants doivent dormir dans la même pièce que les bêtes pour avoir chauds... Mais les habitants sont soudés, s'entraident, s'amusent ensemble. Certaines scènes sont presque ethnographiques, quand l'institutrice décrit les veillées, les travaux des champs. Elle se pose en totale étrangère, alors qu'elle vient elle-même de Haute-Savoie et a passé son enfance dans la ville la plus proche - à 50km... ce n'est donc pas une véritable citadine ! Mais le village se modernise : les habitants partent travailler à Paris, ils développent les sports d'hiver, ils sont affectés par les guerres mondiales.
Ce sont donc surtout les habitants qui sont au coeur du témoignage, évoqués avec tendresse et pudeur, des petits élèves aux beaux soldats ou aux vieillards dignes.
Cependant, ce livre m'a surtout plu car il évoque ma propre vallée, il se passe dans "mes" montagnes.
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Lecture de saison et locale. Dans ce récit autobiographique, on suit Madeleine qui va être institutrice pendant quelques mois à Bessans. Ce village savoyard se trouve à 1800 m d'altitude. Nous sommes vers 1915 et pour arriver à destination il fallait utiliser les jambes ou le traineau pour atteindre ce « Au bout du monde » comme il était surnommé.
Ce récit nous parle d'une époque où l'électricité ou toutes les commodités n'existaient pas encore partout. Mais cela était compensé par l'entraide entre les différentes familles de cet hameau. J'ai aimé ce récit, récit qui est un vrai document d'archive.
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Intéressant du point de vue des us et coutumes montagnardes avec en prime une très belle syntaxe
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Elle eut cette surprise si fréquente en montagne de constater qu'ils n'étaient encore qu'à mi-hauteur sur la route du col, les lacets du bas en tremplin leur ayant masqué la partie supérieure qui venait de surgir tout à coup comme une apparition en cet endroit... Cruelle déception qu'elle garda judicieusement pour elle... Oui, c'était vraiment le bout du monde.
A cette époque encore, on ne comptait que peu d'apports étrangers par mariage. L'institutrice ne connaissait pour son propre compte qu'une Bretonne mariée à Bessans : c'était la mère de son cher petit élève Henri. SI pour la situer dans le village, elle parle d'apport "étranger", c'est qu'ainsi était considéré par les gens du pays quiconque ne faisait pas partie intégrante de leur communauté...