Il aimait Odette, il aimait tout en elle, sa beauté, sa distinction, son charme. Il l'aimait aussi pour le bonheur que cet amour avait apporté dans sa vie.
L'existence maintenant lui semblait belle, elle serait douce et bonne avec cette femme à ses côtés et Pierre rêvait d'intimité, d'éloignement, de fuite vers un pays tranquille et ensoleillé, où, s'aimant, ils vivraient seulement l'un pour l'autre.
La solitude à deux, c'est le paradis sur la terre, quand on est amoureux !
Depuis son enfance jusqu’à ce jour, Odette n'avait eu aucun souci. Douée d'une santé magnifique, les maladies ne l'avaient jamais atteinte et ses grands chagrins furent une poupée cassée, un match de tennis perdu.
Toute petite, elle aima écrire ; au cours de français, ses rédactions étaient toujours classées premières et lues à ses compagnes.
Une femme de lettres n'est jamais la « vieille fille », avec tout l'ennui que ce seul nom inspire. C'est un être à part qui sait aimer, comprendre, souffrir. Pour mon art, je renoncerais avec plaisir au mariage et je crois que je saurais très bien m'arranger une vie artistique des plus agréables.
Nos fleurs françaises sont bien plus belles... Sur la rose, à l'infini je ferais des vers ; l'œillet, le lis m'inspireraient de jolies pensées ; mais ce chrysanthème, qui devient beau à force de laideur, engourdit mon esprit et fait de moi une bête !
Elle écrivit des vers, beaucoup de vers. Quelques-uns délicieusement naïfs, plurent tellement à son entourage que son père, le duc de Lymaille, fit éditer, à ses frais bien entendu, le premier recueil des poésies de sa fille.