Une monographie sur la pomme, pourquoi pas? Après tout,
Michel Pastoureau a bien fait des monographies des
couleurs et des animaux. Ce type d'ouvrage présente toutefois un danger pour l'auteur: celui de se perdre dans la vaste étendue d'un sujet qui a souvent de quoi couvrir les cultures du monde entier et de toutes les époques.
Michel Pastoureau, dans ses propres ouvrages, désamorce ce risque par l'établissement de bornes chronologiques et, surtout, géographiques, strictes. Malheureusement,
Robert Triomphe n'a pas eu l'idée de procéder de la même manière dans le présent livre, et s'efforce donc de faire une histoire de la pomme de la préhistoire à l'an 2000, dans le monde entier et en 120 pages, exercice difficile s'il en est.
Il en résulte à la lecture qu'on a régulièrement l'impression que l'auteur passe du coq à l'âne et on a parfois du mal à voir où il cherche à nous amener. Par exemple dans le chapitre VII traitant des pommes de l'horizon 2000, on passe en trois pages de
Jacques Chirac à Tchernobyl, à la guerre d'Afghanistan, au surnom de Manhattan, à la firme Apple, à l'agriculture mécanisé en Ukraine, aux pionniers américains, liste non-exhaustive!
Ce problème est des plus regrettables que le contenu est loin d'être inintéressant. En tant que spécialiste de la Russie,
Robert Triomphe a une vision différente de celle que l'on trouve communément chez nos historiens de l'art, généralement tous orientés vers la culture d'Europe occidentale.
En résumé, c'est un livre qui peut être intéressant à lire si on tombe dessus, mais on ne remuera pas pour autant ciel et terre pour le trouver, d'autant plus qu'il a eu assez peu de succès et n'est pas au catalogue de beaucoup de bibliothèques.