Citations sur Vagabonds de la vie (36)
Ces hommes étaient des pauvres diables,des petits escrocs en loques.Mais,à la manière des stoïques,ils enduraient leur sort avec le sourire.Ils prenaient ce que la vie ou les éléments leur donnaient.Ils se battaient,ils buvaient,ils mendiaient,ils volaient ,mais jamais ils ne se plaignaient.Qe cela soit mis à leur crédit jusqu'à la fin des temps.(p216)
Je me demandai pourquoi les adultes étaient si cruels avec les enfants. Presque tous les gamins de ma connaissance ayant été placés chez des fermiers par l'orphelinat s'étaient enfuis à cause des mauvais traitements. "Ils sont trop radins pour engager des hommes, ces dégueulasses, alors ils se trouvent des orphelins et les épuisent à la tâche".
Les habitants du coin se moquaient du vieux Raley mais ils lui payaient volontiers un verre. Il avait beau être un poivrot sans le sou, un pique-assiette, un videur de crachoirs, un balayeur de planchers de bistrots, il m'apparaissait comme l'homme le plus riche de la ville car il avait toujours dans sa poche un livre écorné de Voltaire - dont il me parlait souvent.
Ces hommes étaient des pauvres diables, des petits escrocs en loques. Mais à la manière des stoïques, ils enduraient leur sort avec le sourire. Ils prenaient ce que la vie ou les éléments leur donnaient. Ils se battaient, ils buvaient, ils mendiaient, ils volaient, mais jamais ne se plaignaient. Que cela soit mis à leur crédit jusqu’à la fin des temps.
L'hiver passa et les vents chauds de mai me donnèrent envie de reprendre la route. Le sifflement d'une locomotive par une nuit calme avait un attrait inexplicable mais irrésistible, un peu comme la lumière mène la phalène à sa perte.
Il y a beaucoup à apprendre sur la route et plus encore à endurer.
Parfois il pleuvait si doucement qu'on avait l'impression que les gouttes s'arrêtaient au beau milieu du ciel, comme si elles étaient trop fatiguées pour descendre plus bas.
Je savais depuis longtemps ce qu'était un joker dans le monde des vagabonds : un hobo qui exploite un jeune sans défense, en fait son esclave et l'oblige à mendier, faire des courses et voler pour lui. J'avais aussi entendu des garçons qu'on appelle punks dans la langue de la route :ils sont loués, échangés, et même vendus à d'autres vagabonds.
Nous marchâmes plusieurs kilomètres jusqu'à un train de marchandises à l'arrêt sur une voie de service, près d'une petite ville. Il ne comptait pas plus de dix voitures et son imposante locomotive haletait doucement comme un cheval fourbu au bout d'un long sillon. Quelques tourbillons de fumée sortaient de la cheminée et s'enroulaient dans le vent, pareils à des petits nuages perdus se hâtant de remonter dans le ciel. L'équipage du train se prélassait au bord de la voie et personne ne nous salua.
Tout le baratin philosophique écrit sur les vagabonds devrait être pris à la légère. Les improductifs d’une nation sont aussi des clochards à leur manière. La mondaine jacasseuse, le boursicoteur obèse, le pasteur dans son église à la mode sont tous des cloches qui disposent d’un lit, d’une salle de bains et d’une sécurité matérielle que les hommes tentent par tous les moyens d’obtenir.
En réalité, le vagabond est tout simplement un parasite rejeté par la société.