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Citations sur Vagabonds de la vie (36)

J'étais si heureux de ma découverte que je revins à la bibliothèque pour y prendre "Souvenirs de la maison des morts". Le livre ne me quitta plus pendant des jours. Je l'avais encore sur moi quand je décidai de travailler comme plongeur dans un camp près de Leadville.
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- Tu sais dit-elle, je ne ferme jamais ma porte à personne car j''ai un frère sur la route quelque part, s'il est encore vivant, et je n'aimerais pas qu'on l'abandonne à son sort quand il a faim.
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Il n'y eut plus de rechutes après ça et des jours de rêves suivirent. J'eus accès à quantités de livres et de magazines. Je vagabondais en Inde avec le Kim de Kipling et sur les routes d'Angleterre avec la Tess de Hardy.
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Tout au long de mon enfance, j’avais entendu dire que les hôpitaux municipaux étaient des lieux effrayants pour les pauvres. Des garçons à l’orphelinat m’avaient même raconté que les docteurs et les infirmières donnaient des fioles noires aux malades. Après on n’entendait plus jamais parler d’eux. Les fioles noires contenaient un poison mortel. Dans le silence de la nuit, on en administrait une cuillerée aux plus faibles et aux plus démunis, et leurs lits se libéraient pour d’autres patients.
Moins de trois mois plus tôt, j’avais eu une conversation avec un vieux vagabond pratiquement à l’article de la mort. Lorsque je lui avais demandé pourquoi il n’allait pas se faire soigner à l’hôpital municipal, il m’avait répondu : « J’ai encore une chance dehors mais eux ne me louperont pas, c’est sûr. Je tiens pas à crever en tétant leur fiole noire. »
Même s’il ne s’agit que d’une superstition, il se peut qu’elle tire son origine d’un fait bien réel. En tout cas, la plupart des vagabonds y croient et les plus anciens ne sont jamais avares d’exemples pour en démontrer la véracité.
Je ne craignais pas la mort à cet instant. Mais la fiole noire, oui.
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Les verres défilèrent et le clochard devint plus loquace. Il nous montra une lettre d’un directeur de prison de Géorgie. On pouvait y lire que le détenteur de la missive avait purgé une peine de onze mois et vingt-neuf jours. Bien qu’il eût été condamné pour vagabondage, il s’était bien conduit et son travail avait été irréprochable. Le pauvre bougre en tirait autant de fierté que des hommes plus chanceux de leurs diplômes, ce qui ne vaut guère plus.
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"Leur vieux avait été chrétien dans sa jeunesse mais il avait renoué avec sa religion chinetoque. Beaucoup d'entre eux cessent d'être chrétiens une fois qu'ils ont amassé assez de pognon"
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Tout le baratin philosophique sur les vagabonds devrait être pris à la légère. Les improductifs d’une nation sont aussi des clochards à leur manière. La mondaine jacasseuse, le boursicoteur obèse, le pasteur dans son église à la mode sont tous des cloches qui disposent d’un lit, d’une salle de bains et d’une sécurité matérielle que les hommes tentent par tous les moyens d’obtenir.
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Beaucoup de prostituées du quartier rouge étaient assises dans les loges au-dessus des danseurs. On aurait dit des lys rouges dans un écrin carmin, ce qui les réjouissaient immensément. Si elles avaient conscience qu'un jour elles ressembleraient à des tiges fanées, elles n'en montraient rien. Sappho au verbe pauvre, ivres du vin de la vie, elles profitaient du moment présent, que les sages considèrent comme notre seul bien au monde.
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La nuit recouvrait doucement les collines environnantes. Un grand bateau blanc, dont les lumières des fenêtres se reflétaient sur l’eau, voguait lentement vers La Nouvelle-Orléans. Des Noirs affalés sur des caisses dans l’entrepont interprétaient une chanson à peine audible. Poètes à la peau sombre et à l’expression maladroite, fatigués du labeur du monde, ils se reposaient en naviguant sur leur merveilleux fleuve de rêves. Avec une belle et étrange cadence, leurs voix bien modulées faisaient glisser les mots sur l’eau. Oubliant un instant les attraits de la route, je m’abandonnai à la joie d’écouter ces ménestrels inconnus qui chantaient pour se soulager des peines de leurs vies misérables.

Oh! my poor Nelly Gray, they have taken you away,
And I'll never see my darling any more;
I'm sitting by the river and I'm weeping all the day.
For you've gone from the old Kentucky shore.

Le bateau s’éloignait et leurs voix se firent de moins en moins distinctes. Elles finirent par s’éteindre, en douceur, comme une brise de juin agitant des trèfles sur des tombes, là-bas, en Irlande.
Alors que les lumières du bateau s’estompaient, le grand phare du rapide de Virginie balaya les rails devant lui. Brusquement sorti de la léthargie du rêve, je redevins le cavalier aux horizons lointains, dont le grand cheval de fer s’ébrouait sur la voie ferrée.
Je relevai mon col, vissai ma casquette sur ma tête et, le cœur battant, j’attendis que le train approche. J’avais l’ambition d’arriver à Washington, à environ huit cent kilomètres de là, le lendemain après-midi.
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Je regardai le Noir qui contemplait l’eau en silence. Son visage se fondait plus ou moins dans la nuit, mais je distinguai le blanc jaunâtre de ses yeux.
– T’en as bavé, hein, mon vieux ? dis-je.
– Ça, c’est sûr. Un nègre a aucune chance de s’en sortir, jamais, nulle part, d’aucune manière.
– T’as entendu parler de Booker T. Washington, hein ?
– Ouais, petit Blanc, j’ai entendu parler de George et de Booker aussi. C’est à peu près tout ce que je sais d’eux. Je peux lire qu’un peu dans un livre d’écolier, pas plus.
Tard dans la nuit, je lui racontai les histoires des deux Washington et de Toussaint Louverture, le libérateur noir qui avait été trahi par le rusé Napoléon.
Au petit matin, nous nous quittâmes après avoir pris un café et des petits pains dans un bistro lugubre.
Je partis pour Chicago et le Noir pour Minneapolis.
– Je t’oublierai pas, petit Blanc.
– Moi non plus. salut.
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