Alors que je flânais dans les rayonnages de la bibliothèque, mon oeil a tout de suite été attiré par cette couverture crépusculaire pleine de douceur et de mélancolie, qui promettait une virée en pleine nature, au coeur des grands espaces… Alors, quelle ne fût pas ma surprise quand je me suis rendue compte qu'il s'agissait de l'adaptation en bande dessinée d'un roman de
Richard Wagamese, cet écrivain canadien aux racines ojibwées, qui m'avait déjà bouleversée avec son roman intitulé “
Jeu blanc”. Banco! Plus une seconde d'hésitation, me voici repartie avec mon précieux trésor, impatiente de découvrir de quoi il en retourne!
“
Les étoiles s'éteignent à l'aube” nous raconte l'histoire d'un homme aux origines mêlées de sang indien qui, sentant sa mort approcher, sollicite l'aide de son fils, qu'il a abandonné aux soins d'un homme de confiance lorsqu'il était bébé, afin de l'accompagner vers une chaîne de montagnes pour être enterré face à l'est, assis comme un guerrier… Malgré la profonde rancoeur qu'il entretient à l'égard de ce père absent, alcoolique et qui a tout du looser fini, le jeune Franklin, désireux d'en apprendre plus sur son passé nébuleux ainsi que sur sa mère dont il ignore tout, accepte de faire cette ultime traversée avec son géniteur. Entre reproches et acception, cette chevauchée au coeur d'une nature somptueuse mais impitoyable sera peut-être l'occasion pour l'un et l'autre de faire la paix et de s'accepter, enfin, tels qu'ils sont…
Bon, ben on peut dire que cette sublime couverture réalisée par
Vincent Turhan s'est montrée à la hauteur de mes espérances! Si je n'ai pas été emballée dans un premier temps par le dessin qui manquait, à mes yeux, de finesse et de précision quand il s'agissait de réaliser des personnages, je dois bien reconnaître qu'il se prête à merveille à la réalisation des grands espaces et rend parfaitement hommage à l'atmosphère générale du texte. La dominance des tons ocres confère à l'album une ambiance douce et apaisante, un brin automnale, tout à fait propice à accompagner les derniers instants d'un homme malade.
Moins sordide que le sujet abordé dans “
Jeu blanc”, on retrouve tout de même des thématiques communes, probablement chères à l'auteur, dans cette quête identitaire et ces retrouvailles improbables entre un père et son fils. C'est beau, touchant et ça sonne juste! Et n'ayons pas honte de l'avouer, j'ai même versé ma petite larme sur les dernières pages… Une bande dessinée magnifique, qui ne donne qu'une envie: découvrir le roman dont elle est adaptée! Voilà un pari réussi haut la main!