Il faut être féru de surréalisme (et d'humour noir) pour se plonger dans ce délirant Bac à sable. Les enfants y parlent et évoluent comme des adultes, avec leurs vices, leurs traumas, leurs addictions. Les tricycles deviennent de grosses cylindrées, les doudous côtoient les armes... L'auteur s'amuse à imaginer un lieu où l'immoral devient ce qui est bon et bien. Sous le délire apparent couve une réflexion sur l'identité, la guerre aussi, qui est omniprésente, la violence, les vices.
L'atteinte font partie de ces maisons qui savent prendre des risques. Forcément, cela donne des titres qui ne sont pas consensuels, et pas franchement grand public. Celui-ci est trop surréaliste pour moi, mais saura plaire à d'autres !
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La maîtresse a commencé à nous bourrer le mou avec l’avenir alors qu’on avait encore tous un pied dans le ventre de nos mères et que, tout ce qu’on cherchait à faire, c’était de se contorsionner pour prendre le chemin en sens inverse. Elle nous parlait d’un point à l’horizon et nous demandait de nous y acheminer. Nous, tout ce qu’on voulait, c’était retourner à la cave. Pour s’oublier à nouveau dans le noir liquide qu’on avait déjà connu. Oublier le prêchi-prêcha de la maîtresse, oublier son point d’horizon. S’oublier soi-même et oublier les autres.
Nostalgie de l'enfance, de la cave, espace de la violence animale et machine à raconter.
Je tourne autour, je tourne dedans.
Comme un tricycle au fond d'une fosse.