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Quel bonheur de retrouver Dubravka Ugrešić dans ce livre décapant ! À aucun moment de ma lecture, je n'ai boudé mon plaisir. C'est intelligent, drôle et ça fait du bien.
Après le musée des redditions sans condition, c'est mon deuxième livre de l'autrice croate. D'ailleurs la première partie de Baba Yaga a pondu un oeuf m'a fait penser à ce livre que j'avais beaucoup aimé.

La première partie seulement, parce que Baba Yaga a pondu un oeuf compte trois parties très distinctes. Autant dans la forme que dans le fond. Même si évidemment, on s'en doute un peu avec Dubravka Ugrešić tout finit par faire sens, même quand elle nous emmène dans des histoires abracadabrantesques, où on ne sait plus très bien qui est qui et pourquoi on lit ci ou ça, qui de l'oeuf ou de la poule, si la troisième partie répond à la première tout en analysant la deuxième, ou si c'est en fait l'inverse, au bout du compte tout est bien qui finit bien, on retombe sur nos pieds, la boucle est bouclée (et c'est plutôt épatant).

En disant ça, j'ai tout dit et je n'ai rien dit. Il faudrait quand même revenir sur le sujet principal du livre, Baba Yaga, cette sorcière des contes slaves, qui fait le lien entre les différentes parties du livre. Une sorcière ? En tout cas une vieille femme (qui a peut-être ou peut-être pas des pattes de poulet et pondu un oeuf). Et c'est là en fait qu'est le vrai sujet. La vieillesse des femmes. le vieillissement. Les vieilles. Et ça fait plaisir de lire un livre aussi drôle sur le sujet. Il s'ouvre sur trois vieilles. Et on va les suivre, de Zagreb où elles vivent à une station thermale en Tchéquie où elles vont vivre des aventures incroyables. Je ne vais pas en dire plus : je ne veux pas vous gâcher le plaisir. J'espère que vous rirez autant que moi !
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Roman très étrange où j'aurais bien mis cinq coquillages pour certains passages et deux dans d'autres. L'autrice se raconte elle même dans la première partie et la troisième. Dans la première partie elle raconte ses rapports très compliqués avec sa mère. Et dans la troisième elle explique le mythe de baba-yaga qui doit éclairer tout ce roman. J'avoue que je n'ai pas été intéressée par cette troisième partie, j'ai préféré la deuxième partie, celle où on voit trois femmes âgées venir dans le grand hôtel de Prague profiter des bienfaits d'une station thermale.
Le récit est très loufoque alors que la quatrième de couverture promettait « un roman érudit, hilarant et plein d'autodérision » .

J'ai des réserves sur l'humour croate mais parfois oui, c'est assez drôle, en revanche je trouve que la description de la vieillesse est sans pitié et je trouve même cela assez cruel. J'ai été plus intéressée par ce que ressentent les intellectuels des « ex » pays communistes. Ils ont été souvent des contestataires et le virage vers le capitalisme et la liberté les a rendus très amers. D'abord, plus personne ne s'intéresse à leur lutte, ils ont donc appris à se taire et en plus ils voient des médiocres réussir financièrement alors qu'eux-mêmes ont beaucoup de mal à vivre avec leur retraite. L'auteure souffre de voir que le nationalisme croate s'appuie sur des sentiments xénophobes, les mêmes qui pendant la guerre ont permis l'extermination des juifs.

Tous ces moments sont vraiment très intéressants : je ne savais pas qu'en Yougoslavie il y avait eu aussi un goulag. Je n'avais jamais entendu parler de l'île-prison de Goli Otok, Pas plus que du camp de concentration de Jacenovak créé par les croates en 1941 qui est considéré comme un des pires camps de concentration. J'ignorais que les Croates d'aujourd'hui étaient aussi intolérants vis à vis des autres nationalités qui composaient leur pays sous le régime communiste. Mais pour vraiment aimer ce roman, il faut aussi accepter le côté fable du récit que l'écrivaine explique dans sa troisième partie. Baba-yaga serait donc le symbole de toutes femmes qui ont été niées au cours des siècles et Dubravca Ugrešic termine son livre par un hymne à la gloire de toutes les révoltes féminines. le récit prend parfois des allures d'épopée et est complètement fouilli : on s'y perd complètement, je pense que c'est voulu, mais c'était un peu trop fou pour moi.
Lien : https://luocine.fr/?p=15207
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Trois textes en un : d'abord une autobiographie, tranche de vie de l'autrice avec sa mère vieillissante. Puis les aventure romanesques de trois vieilles amies en goguette. Puis le commentaire savant d'une monographie sur le personnage mythique de Baba Yaga ... Mais tout est lié, les clins d'oeil circulent dans tous les sens entre les trois textes, et nous permettent d'approfondir, sans avoir l'impression de lire un essai savant, toute la mythologie des sorcières, femmes puissantes et inquiétantes, diabolisées par l'autre moitié de l'humanité ;-)
J'ai beaucoup aimé ce livre, par la tendresse qui y circule entre les personnages apparemment en conflit ou dans des relations crispées, avec soi-même ou avec les autres, la qualité de la narration, le déploiement des formes contées (contes et récits, avec leur lot d'improbabilité et de quasi magie), et la démonstration magistrale qui permet de relier et d'unir les Baba Yagas de tous les pays !
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Au Musée des redditions sans condition, il était un vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire. Il était un autre vieux qui lisait des romans d'amour.
Et puis, à force de contes à la Baba Yaga, Beba, Kukla et Pupa firent une échappée belle. Dans un spa de Prague, elles se dérident.
Le temps qui passe ne semble plus qu'une donnée aux pays des démons et merveilles. Décalé à souhait, ce livre permet aussi de découvrir une auteur.
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"Les vieilles sorcières pondent les plus beaux oeufs", elles qu'on voudrait pousser dans l'oubli d'une disparition programmée, ombres invisibilisées d'un bel âge disparu.
Ce sont de "vieilles femmes porteuses de bonnes choses", dans la mise au monde d'une jeunesse qui les fuit tant qu'elle nous obsède, dans le recommencement d'une vie s'achève pour elles.
Elles sont l'éternel renouveau, symbolisant une immortalité qui se refuse à elles, glissant dans un temps qui leur échappe, de par son obsession de la jeunesse éternelle.
Leurs corps ondulent en clair-obscur défiant le poids des ans, un infini ruban de Moebius traçant l'image originelle du cosmos.
Pour ne pas disparaître.
Elles sont l'origine du monde, mères et filles unies dans la même féminité, symboles de fertilité et de la vitalité de tout commencement.
Elles sèment des oeufs comme autant de pierres jetées à la face du destin, dont la fragilité n'a d'égale que leur force.
Elles sont la Baba Yaga, figure mythique des contes slaves, symbole du féminin anthropomorphe, tisserande des destinées humaines.
Mère, soeur, femme, face sombre de la maternité, elle est sorcière dotée du pouvoir de métamorphose, oiseau noir pondant ses oeufs comme autant de symboles universels de résurrection et du renouveau de la vie.

Dans une réécriture moderne de ce mythe, Dubravka Ugresic questionne la place des femmes âgées dans nos sociétés modernes, invisibilisées par les obsessions de jeunesse éternelle et les mirages d'une longévité que leurs corps incarnent pourtant de toutes leurs marques, que leur maternité assure dans le fil de la destiné humaine.
Elles sont la féminité, elles sont féministe ; souveraines de leurs vies et de leurs corps, qui embrassent leur destinée avec lucidité et courage.
Il était une fois ce conte drôle, tendre, érudit ; bercé par les aphorismes et les répétitions comme pour mieux ralentir le rythme d'un récit au diapason des pas de ces trois drôles de dames.

Une lecture surprenante, dont la construction atypique étonnera plus d'un lecteur bien qu'elle en renforce le propos dans sa mise en abime du conte comme clé de compréhension du monde.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Ce roman qui met en scène des vieilles femmes est découpé en trois parties bien différentes mais pourtant liées comme on le découvre dans la troisième.

Dans la première partie la narratrice -qui pourrait bien être l'autrice- raconte les derniers jours passés avec sa mère vieillissante qui commence à perdre la mémoire et à confondre des mots. C'est le récit d'une relation pas toujours facile entre mère et fille. Je l'ai trouvé émouvant et nostalgique.

La deuxième partie raconte l'histoire de trois amies, trois vieilles femmes, Pupa, Beba et Kukla, qui séjournent dans un hôtel de luxe d'une station balnéaire tchèque. Elles y font la connaissance d'un jeune masseur bosnien, d'un américain qui a fait fortune en vendant des compléments alimentaires, d'un médecin passionné par la longévité et d'un avocat retraité. Elles y vivent des aventures inattendues et découvrent que la vie a encore de bonnes surprises à leur offrir. Il y a une critique du commerce du bien-être et de la jeunesse éternelle, du nationalisme et tout un passage où l'autrice décrit et analyse des tableaux représentant une femme accompagnée d'un perroquet ! J'ai été conquise par son imagination et son positionnement résolument féministe. le ton est souvent caustique avec un humour mordant par moments.

Enfin la troisième partie se présente comme un Baba Yaga pour les nuls. Une spécialiste en folkloristique y liste les nombreux attributs et caractéristiques de la sorcière slave selon les pays ou les territoires où elle apparaît. Ils sont très variés et divers, parfois même contradictoires. Ce catalogue un peu fastidieux donne l'impression que, en période de chasse aux sorcières, n'importe quelle femme pouvait être accusée d'être Baba Yaga. C'est bien le but de l'autrice comme le révèle la chute, réquisitoire contre toutes les violences sexistes. Par son côté répétitif c'est la partie qui m'a néanmoins la moins accrochée.

A l'occasion de sa mort je découvre une autrice qui mérite d'être connue. Dans ce roman j'ai aimé le ton ironique, l'imagination et l'invention, l'engagement féministe.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Très amateur de la littérature d'Europe centrale, je me suis plongée dans ce livre avec enthousiasme. J'ai vite été surprise par ces trois vieilles femmes et avoir été assez perdue à plusieurs moments. Mais quand je suis arrivée à la fin du livre, j'ai été heureuse de lire le dictionnaire (si on peut dire) sur Baba Yaga qui éclaire complètement tout ce qui précède : c'est un livre original, riche de commentaires sur les diverses mythologies touchant les femmes et donc bien sûr les sorcières ainsi que dans les liens existant avec les hommes.
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S'il est un roman sorti d'un oeuf Kinder Surprise, celui de l'autrice croate Dubravka Ugresic se pose là. Tendre, drôle, acide et érudit, ou en un mot : surprenant.

Sachez-le, j'a-do-re les histoires de petites vieilles ! Alors la virée tchèque de trois Baba Yaga ? Ni une ni deux, je fonce !

Après une première partie qui se lit comme une déclaration d'amour à sa mère et à ses manies de vieille dame, l'autrice nous embarque dans les aventures arthritiques de Puppa, Beba et Kukla.

Trois Parques desséchées s'offrent une escapade dans un hôtel de luxe… et c'est le début des ennuis. Accrochez-vous à votre dentier, ne leur confiez ni club de golf ni jetons de casino ! Au-delà de la farce, j'ai apprécié les réflexions sur le temps qui passe et nous dépasse, le rapport au corps, à la fin de vie, le tout servi par une écriture rêveuse mâtinée de contes slaves. Un délice !

La troisième partie, petit traité de babayagalogie pour les noobs, m'a refroidie au premier abord. Elle m'a donné l'impression que l'autrice justifiait son roman… et c'est un peu comme quand vous devez expliquer votre blague ou un tour de magie : le charme tombe en miettes.

Alors que je m'étais amusée comme une petite folle à déceler les indices qui faisaient des trois vieilles dames des sorcières… douche froide. À m'agiter les références sous le nez, je me suis dit : l'autrice ne fait pas confiance à l'intelligence de son lecteur et me retire toute la joie du mystère entre les lignes. Mon romanesque enthousiasme est retombé comme un soufflé au fromage, mais j'ai pris le parti de profiter de ce petit rattrapage culturel et d'apprécier le message féministe sous-jacent.
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Roman atypique en trois parties tout à fait différentes!

Une fiction
Un conte moderne
Une explication folkloriste
On se laisse porter par les mythes et inspirations baba yagaesques avec une troisième partie qui donne les clefs d'interprétation et du mythe ancien et actuel.

L'atypie de la rédaction peut être déstabilisante, mais la lecture complète est tout à fait enrichissante pour les aficionados des mythes et folklores!
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