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4,02

sur 225 notes
J'avais eu la chance de rencontrer Beata Umubyeyi Mairesse à la sortie de son premier recueil de nouvelles, Ejo: nous étions un petit groupe venu assister à sa lecture, on avait pu parler, elle travaillait alors comme infirmière en Gironde et écrivait quand elle pouvait, d'où le format "nouvelles". Elle espérait pouvoir continuer à écrire.
Quelques années plus tard, voici son premier roman et une belle surprise: son écriture s'est densifiée, on sent immédiatement un vrai travail sur les mots, les phrases, le sens. Là où, dans Ejo, elle parlait de l'avant et de l'après génocide rwandais sans plonger en son coeur, ici elle prend son courage à deux mains et prend le génocide dans toute son ampleur, toute son horreur.
Blanche, Tutsi et sa contemporaine à quelques années près, a quitté précipitamment le Rwanda avec un convoi français lorsque les massacres perpétrés à Butare s'approchent de sa petite ville. Elle laisse sa mère sur place et son frère, parti se battre.
Quelques années plus tard, elle revient une première fois mais les relations ne sont pas faciles. D'abord parce que sa mère et son frère sont traumatisés de ce qu'ils ont vu et vécu, de tous les disparus qu'il a fallu retrouver, de tous les cadavres qu'il a fallu enterrer, de la violence sans nom qu'ont été ces massacres entre voisins, amis, tout cela au nom de la différence ethnique. Mais aussi parce que Blanche, par son père français (qu'elle n'a jamais connu) et son exil en France, se retrouve du côté des Français, ceux qui n'ont rien empêché, ceux qui ont fermé les yeux, ceux dont le gouvernement a même encouragé le massacre pour des questions de diplomatie politique.
Sur trois générations - Immaculata, la mère, Blanche, la fille et Stokely le fils né en France - se dessine le lourd héritage rwandais entre Hutus, Tutsis et colonialisme. le tout en moins de 250 pages consciencieusement ciselées et évitant toute démagogie.
Ce premier roman confirme que l'auteure a l'étoffe d'un grand écrivain qui a beaucoup à dire sur l'altérité, l'expérience personnelle face à L Histoire, les enjeux familiaux face aux tragédies, les différences culturelles et la (re) construction identitaire.
En cette année de triste commémoration, c'est un roman important et émouvant sur l'histoire rwandaise.
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Défi ABC 2023 2024 : Lettre U.
"Entre les mots et les morts il n'y a qu'un air", écrit mystérieusement Immaculata, une des protagonistes. Eh bien, ce magnifique roman, porté par un style où coulent les métaphores, leur rend un bel hommage.

(le langage) Les mots, ou le langage, c'est la matière d'un roman. La symbolique des prénoms, de la musique qui est une forme de langage, du mot "ejo", titre d'un autre texte de l'autrice qui signifie à la fois hier et demain en kinyarwanda, et les "virgules entre les périodes", tout cela dans le cadre d'une "famille en lambeau". Des proverbes et des références littéraires, qui enracinent la langue et n'en font pas une abstraction. Et tout, jusqu'au moindre détail, est beau et harmonieux, rien ne détonne. Beaucoup de tendresse et de mélancolie. Les mots, c'est aussi le non-silence. Or, le silence est aussi analysé dans le roman, car Immaculata est muette, elle a sombré dans le mutisme après son traumatisme familial.

(mémoire du génocide) Les morts, ceux du génocide et la mémoire des survivants. Lorsque l'époux de Blanche demande à sa belle-mère Immaculata de consigner son témoignage, pour ne pas que sa mémoire soit confisquée, on suppose qu'il a de bonnes intentions, et le geste est louable, mais il est questionné : comment peut on raconter le génocide en faisant abstraction d'ejo (avant et après), comme si une mémoire humaine se construisait par "périodes cloisonnées" ? Car ce n'est pas un "livre sur le génocide", quoique quelques scènes y soient racontées. C'est plutôt un livre sur la mémoire, qui aborde aussi d'autres thèmes telle la critique de l'"instinct maternel", (et j'ai trouvé le parallèle entre Blanche et Immaculata, les deux mères, très bien mené). L'âme d'un peuple y est évoquée, et ce de manière subtile, non manichéenne, je dirais même métissée, puisque Blanche et son fils Stokely sont, comme l'autrice, métisses. (J'y ai par exemple appris, même si on ne lit pas cet ouvrage pour apprendre, que certains Hutus ont caché des Tutsi mais en ont tué d'autres).

(une narration éparse et dispersée, à l'image d'un peuple et d'une famille) La question générationnelle, les époques et souvenirs épars qui se rassemblent à l'image des retrouvailles et des rencontres entre Immaculata, Blanche et Stokely, constituent autant de facettes de diamant. le fils, Stokely, le plus éloigné de cette mémoire, et c'est un "lettré", amateur de contes et joueur de clarinette. Tout ce qui est épars, décousu dans la forme, correspond (intentionnellement je pense) aux "enfants dispersés" du titre et de la Bible. Cette distinction et ce refus de linéarité épouse la forme de la mémoire. Un texte non linéaire, mais très littéraire.

De la pudeur et de la dignité. Même le manque d'action est pardonné : un proverbe dit qu'on peut échapper à un poursuivant derrière soi, mais pas à une poursuite intérieure, car l'action, c'est ici la langue et la métaphore. En fait, ce livre le dissipe, cet air entre les mots et les morts.

C'est le livre qui donne envie d'écrire une belle critique en espérant qu'il orne toutes les bibliothèques et avec le temps, qu'il devienne un classique.

Je lirai sûrement "le convoi", un témoignage, essai et écriture de soi sur le génocide des Tutsis, de la même autrice sorti en 2024. le geste de l'autrice, qui consiste à passer de la forme poétique et de la nouvelle, au roman puis à la non fiction, me semble une forme de lent déshabillage pudique.
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Cet ouvrage assez mince traite de thématiques plutôt denses. le génocide forme la trame principale, mais les autres thèmes incluent la colonisation, l'intégration lors de l'immigration forcée, le suicide, ou les enfants-soldats. Comment trouver les mots justes pour décrire la terreur d'habitants qui se cachent alors que leurs voisins arpentent les rues avec des machettes ? Comment parler de la vie d'après et de la reconstruction d'un pays ? L'auteure s'attelle à ces taches complexes avec beaucoup de brio. A travers trois générations, les personnages donnent leurs points de vue. Puisqu'ils cherchent à se comprendre, c'est grâce à leurs explications que le lecteur comprend les évènements et leurs ressentis. Les mots de la mère sonnent peut-être plus juste ceux de l'adolescent, malgré des tentatives d'adapter le vocabulaire. Dans l'ensemble, ce sont trois beaux portraits, dans un style parfois très poétique. La prose est agréable et montre la grande attention portée à trouver les bons mots pour des sujets délicats. Cependant, l'aspect occasionnellement onirique peut prêter à confusion pour percer les métaphores ou saisir quel personnage s'adresse à quel autre. Ça n'est pas un chef d'oeuvre littéraire en général, mais c'est une belle façon de se saisir d'un sujet comme le génocide avec élégance.
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Un livre touchant poignant, sur cette terrible période Rwanda. Une famille separée, déchirée, qui reprend contacte pour que l'histoire ne s'oublie pas et passe de génération en génération.
Ne pas oublier d'où on vient.
Emouvant
Une autrice que j'ai pu rencontrer lors d'un festival du livre dans le Var en 2023.
Je recommande.
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Blanche est métisse, née d'un père français qu'elle n'a pas connu. Alors qu'elle est partie vivre loin du Rwanda pour épouser un métis martiniquais, elle peine à renouer avec sa mère, Immaculata, devenue mutique après le génocide tutsi.

C'est qu'elle a fui le pays en plein conflit, laissant son demi frère engagé dans les forces armées rebelles et sa mère cachée dans une cave. Cette fille différente, élevée en français, ne retrouve pas aisément ses racines, et la naissance de son fils porteur d'une maladie du sang, fragile encore le lien avec le Rwanda.

C'est à travers l'histoire d'Immaculata et de son petit-fils Stokely que les fils pourront se renouer, autour du secret de famille qui a brisé les liens entre la mère et la fille.

Beata Umubyeyi Mairesse déploie une narration chorale puissante pour nous faire plonger dans l'horreur, avec compassion et sans complaisance, pour mieux nous donner à sentir et ressentir les vies entrecroisées de ses personnages. Un magnifique voyage que je poursuivrai avec ses autres ouvrages !
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Beata Umubyeyi Mairesse parvient à faire entendre les victimes à travers leurs silences, leurs non-dits et leurs secrets, face à l'indicible.

L'indicible, c'est le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994. Des centaines de milliers de morts, des familles décimées, meurtries. La haine. La violence dans ce qu'elle a de plus extrême.

« Notre nation avait été déchiquetée, il lui faudrait une ou deux générations pour se recoudre. »

Ce génocide, il est là, en filigrane, dans chaque page de ce récit, dans chacune des pensées des personnages, sans pour autant être évoqué de manière explicite. Blanche s'est exilée en France pour fuir le massacre, elle en garde la culpabilité de son absence. Son frère Bosco a participé à la guerre, il en est revenu traumatisé et n'a jamais pu en parler, sauf lors d'une unique et brève confession à sa soeur. Immaculata, leur mère, s'est quant à elle longtemps murée dans le silence.

« Quelque chose entre nous s'était épuisé.
Et chaque fois que j'essayais de commencer à raconter, mes phrases s'évanouissaient en d'incontournables points de suspension, se perdaient dans le souvenir d'une douleur que je ne pouvais pas me résoudre à vous transmettre.
J'ai cru vous protéger. Je me suis pendue avec ma langue. »

Ce récit à trois voix (Immaculata, Blanche et son fils Stokely) fait des allers-retours entre passé et présent, entre l'avant et l'après. J'ai été un peu déstabilisée au début du roman, me perdant parfois dans les époques, mais sans que cela ne perturbe la suite de ma lecture. J'ai trouvé touchant les efforts des trois personnages pour parvenir à trouver un mode de communication qui leur permette de retisser les liens.

« Mais oui, je me sens bien comme une enfant dispersée, une chose éparpillée qui revient là où tout a commencé, la mise en morceaux, l'amour éclaboussé de secrets, la famille en lambeaux. »

Le roman aborde aussi avec beaucoup de justesse les thèmes de l'identité et de la transmission. Blanche et Bosco sont nés de deux pères différents qu'ils n'ont pas connus. Celui de Blanche était français, celui de Bosco hutu. C'est toute la question du métissage que Beata Umubyeyi Mairesse sonde avec intelligence.

Blanche a refait sa vie en France, elle s'y est mariée, a eu un fils mais elle reste nostalgique du Rwanda dans lequel elle a grandi. Cette part d'elle-même vit dans les souvenirs des histoires que lui racontaient sa mère sous les jacarandas, les odeurs et les saveurs des plats de son enfance, sa langue maternelle qu'elle n'a plus l'occasion de parler et qu'elle peine à transmettre à son fils.

« Posséder complètement deux langues, c'est être hybride, porter en soi deux âmes, chacune drapée dans une étole de mots entrelacés, vêtement à revêtir en fonction du contexte et dont la coupe délimite l'étendue des sentiments à exprimer. Habiter deux mondes parallèles, riches chacun de trésors insoupçonnés des autres, mais aussi, constamment, habiter une frontière. »

Un roman qui aborde avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, et dans un style très poétique, la résilience, la transmission, l'identité.
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Blanche, née d'un père français et d'une mère rwandaise, a réussi à fuir le Rwanda juste avant le génocide des Tutsis de 1994. Maintenant installée en France et mère d'un petit garçon, elle se remémore ses souvenirs et son retour au pays pour tenter de renouer avec sa mère Immaculata. Comment se construisent une vie, une culture, des racines ? Peut-on oublier, pardonner quand on a vécu même de loin l'horreur absolue ?

Quel beau livre que ce Tous tes enfants dispersés au titre issu d'une citation de la Bible, qui synthétise à la fois le courage d'une mère et la douleur de l'exil. Dès les premières pages, le ton si juste, le récit si original de l'auteure nous donne envie de savoir la suite et de découvrir l'histoire de ces 2 femmes, Blanche et Immaculata, dont les paroles se répondent au fil des chapitres. C'est un tout petit roman et pourtant si riche et si profond que j'ai souvent eu envie d'arrêter ma lecture, de ralentir, de savourer chaque ligne et chaque phrase, tellement l'auteure trouve le mot juste, la formule parfaite pour résumer un sentiment, une situation, dire tellement en si peu de mots.

Un tout petit roman et pourtant tellement riche, brassant de si nombreux thèmes, l'air de rien, sans y toucher : l'exil et la douleur d'avoir dû quitter son pays, d'être à tout jamais une étrangère ici et là bas, les racines, celles que l'on hérite de ses parents, celles que l'on se construit, celles que l'on possède sans même le savoir comme le jeune Stokely, fils de Blanche, né en France et pourtant tellement attaché au Rwanda ou celles que le mari de Blanche se donne, lui qui est né en France d'un père martiniquais qu'il n'a jamais connu et qui veut à tout prix cultiver son héritage en glorifiant les grands héros noirs de la lutte pour l'indépendance ou contre la ségrégation. Un tout petit roman qui reste toujours pudique, qui refuse de faire du sensationnalisme ou de déclencher l'émotion facile avec l'horreur du génocide et qui pourtant par quelques courtes phrases arrive à dire l'abomination, la violence destructrice, la culpabilité des survivants et le fait que rien, jamais ne pourra être pareil. Plus que tout c'est un roman qui arrive à être lumineux et rempli d'amour avec des thèmes aussi forts et graves, à nous passionner pour l'histoire de deux femmes "ordinaires" presque banales si ce n'est qu'elles ont croisé l'indicible.

Tous tes enfants dispersés est une lecture qui marque et un livre que j'aimerais relire pour en profiter et le savourer maintenant que je sais tout de l'histoire de Blanche et Immaculata et que tous les mystères ont été résolus. Une très belle découverte et j'espère un premier roman qui en appellera de nombreux autres tant l'auteure possède une plume hors du commun !
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Il y a la terrible histoire rwandaise, la dispersion des Rwandais en une diaspora qui se reconnecte à ses racines (perdues ou enfouies), les traumatismes encore bien vivaces et qui ne demandent qu'à resurgir, les récits familiaux, les constellations, les liens distendus... Tout cela est dramatique, fruit d'une colonisation aveugle (pléonasme?), héritage de la présence belge dans la région.

Avec pudeur, Beata Umubyeyi-Mairesse raconte plusieurs générations de femmes (et d'hommes) aux prises avec ce passé bien présent. Avec cet héritage lourd et envahissant. Beaucoup d'humanité, de pudeur et d'empathie. Beaucoup de non-dits. Des douleurs cachées. Ou fantômes... un peu comme les membres amputés.

Si j'ai été sensible au récit, j'ai -par contre- eu beaucoup plus de mal avec le style. Je ne suis pas en phase avec ces longues phrases entrecoupées, hachées. J'ai trouvé qu'elles perdaient leur rythme. Avec une langue parfois très froide, comme s'il s'agissait de cacher les sentiments, les femmes se racontent, se dévoilent à demi (et encore!). Mais cela m'a parfois perdu.

Il reste un récit sur plusieurs générations, un récit qui fait frémir, même s'il est parfois raconté "en creux", quand l'autrice ne dévoile que la partie visible d'un iceberg génocidaire.
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Échos du génocide au Rwanda à travers 3 générations avant, pendant et après. Très beau. Ecriture délicate sur les relations familiales. La tragédie n'est qu'une toile de fond et épargne ainsi nos sensibilités.
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Je ne parlerai pas du fond de ce roman, vous en avez tout dit ou presque et, vu la note, il a été apprécié. Je dirai simplement un mot sur la forme.

Comme tant d'écrivains Beata Umubyeyi Mairesse, souvent emportée par un élan lyrique, semble croire qu'en parsemant son récit d'images colorées, de métaphores hardies, de métonymies culturelles etc...elle va tirer le lecteur hors de lui, saisi par tant de beauté poétique. Mais c'est souvent le contraire qui se produit...et alors c'est à mdr ! A preuve, ce passage qui aurait -dit-on - tant ému les surfeurs de Lacanau qu' ils s'en récitent des extraits au moment où, au sortir de l'onde, ils « regardent, sans le voir, mourir le soleil d'or. »

Je cite : « Ils vont lui montrer l'océan Atlantique, les plages sans fin, les vagues immenses sur lesquelles des jeunes gens glissent, en équilibre sur des planches, comme autant de virgules reliant entre elles les phrases de l'eau. »  Ah la belle image que voilà ! On en est littéralement transporté! L'autrice devrait se faire sponsoriser par la fameuse marque à la virgule ! .
D'ailleurs, les virgules, elle les aime bien Beata ; elles apparaissent, sous forme de métaphores, à plusieurs reprises dans son livre, mais pour ce qui est de leur utilisation – et de la ponctuation en général – je lui conseillerais de lire ces quelques lignes, qu'en toute humilité, notre BHL national leur consacre dans Comédie (p.40).

« Je n'ai jamais pu commencer mes livres autrement que par la ponctuation : la taille des paragraphes ; la place des points et des virgules ; pas encore les mots, non, ni vraiment le sens, mais le moment, presque l'endroit ou le sens va expirer (« point »), haleter (« virgule »), souffler un peu, mais sans perdre haleine (« point-virgule »), reprendre souffle au contraire, conjurer, surtout si la phrase est longue, le risque d'essoufflement et s'élancer de plus belle à partir d'une nouvelle inspiration (beauté du « tiret » ! mais attention ! À l'expresse condition de n'être jamais suivi d'une virgule!)… »

Vous aurez compris que, plus qu'une critique, cet article n'a d'autre prétention que de vous tirer un moment de la morosité ambiante, le temps de sa lecture.
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