Quelles sensations étranges de lire un récit écrit dans les années 1950. Peut-on s'imaginer ce que cela représentait de faire un voyage à cette époque. Dans le premier journal, il s'agit d'arriver à Boroboudour, en Indonésie. Des heures, que dis-je des jours pour enfin arriver si loin.
Tout un dépaysement, dans ses descriptions de la vie, des paysages et des soirées dans les restaurants de grands hôtels, à l'occasion d'une fête de fin d'année par exemple.
C'était les Colonies, un autre monde, comme une autre planète ...
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Le Caire, seize heures d’arrêt.
Des amis sont venus me chercher à l’aérodrome et m’emmène déjeuner chez Groppi, place Soleiman Pacha, au cœur du quartier qu’on dit européen, parce qu’on n’y voit que des voitures américaines, rangées devant de publicités Coca-Cola. Nos voisins de table sont des banquiers grecs, des négociants syriens, des avocats et des médecins juifs, des marchands arméniens, quelques fonctionnaires coptes. La langue qu’ils parlent entre eux est le français et Saint-Honoré. C’est pourquoi on croit généralement que l’Egypte est une terre d’influence française. La « présence française en Egypte » est un des thèmes favoris des diplomates en retraite, des conférenciers mondains, des députés qui désirent obtenir une mission à l’étranger et des missionnaires qui ont besoin d’argent pour leurs écoles d’Orient. Il ne faut pas les croire. Les Égyptiens sont dans leur très grande majorité des musulmans et la seule langue qu’ils parlent habituellement est l’arabe. Pour l’avoir oublié, la diplomatie française a déjà connu bien des déboires, et ce n’est pas fini.
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