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EAN : 9782253107958
448 pages
Préludes (19/09/2018)
3.63/5   28 notes
Résumé :
1923, dans un hameau perdu au coeur des Dolomites. Maria Vittoria est une jeune femme belle et discrète. Quand son père désigne pour elle son futur époux, Maria s'incline, et bientôt le couple fonde un foyer et ouvre un magasin. Or l'ombre du fascisme et la menace de la guerre pourraient bien rompre l'équilibre et séparer les familles.
Entre amour et haine, jalousie et générosité, foi et raison, Maria devra choisir son destin. Au prix, parfois, d'immenses sac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Involontairement, j'ai lu coup sur coup deux romans qui se situent à la même époque (d'un après-guerre à l'autre) et sont relativement proches géographiquement parlant. Et pourtant ils racontent des univers totalement différents. Là où "Un gentleman à Moscou" nous présentait un aristocrate se jouant tant bien que mal des tenailles de la Russie bolchevique dans le huis-clos d'un hôtel de luxe, "Maria Vittoria" nous emmène dans un village reculé des Dolomites, où la vie, dénuée de tout superflu, est rythmée par la Nature.

Or donc, en 1923, Maria Vittoria a 25 ans et n'est toujours pas mariée. La faute à la Grande Guerre qui a décimé la population masculine. Heureusement, elle est jolie et dure à la tâche, alors son père n'a pas trop de mal à lui trouver (lire : à la vendre à) un futur mari. Achille est solide, bel homme, travailleur. Les jeunes gens se rencontrent, se plaisent, et se marient. Mais ni les moeurs ni l'époque ne sont au romantisme, il faut gagner sa vie, sa croûte à la sueur de son front, et faire des enfants. le couple quitte la montagne pour la plaine et rachète une épicerie. Après quelques années, l'affaire est florissante, mais le fascisme l'est aussi. La guerre approche, la pénurie est de plus en plus criante, les hivers terribles. Il n'y a même plus de moineaux à piéger dans les filets, et le moindre lézard squelettique est prétexte à un festin. Achille est arrêté pour avoir trafiqué au marché noir, et Maria Vittoria se retrouve seule avec cinq enfants à nourrir et l'épicerie à faire tourner malgré des étagères de plus en plus vides. Son cousin milicien lui propose son aide, mais à quel prix... La famille vacille en même temps que l'Italie, qui court bientôt à la débâcle. La fin de la guerre ramène la sécurité alimentaire mais il reste des rancoeurs et des regards de travers. Pour vivre en paix, ne faudrait-il pas s'exiler, partir vers « La Mérica » ?

"Maria Vittoria" est un roman âpre, un portrait de femme à la fois courageuse et soumise aux hommes, droite et ambiguë, qui fait des mauvais choix alors que de toute façon toutes les alternatives sont mauvaises, et qui s'en veut amèrement. Très croyante, la religion ne lui est pourtant pas d'un réel réconfort, puisque la Madona della Montagna, qu'elle ne cesse de prier, lui parle en termes peu bienveillants ou miséricordieux. Peut-être parce que c'est une époque où les femmes sont à peine mieux considérées que des bêtes de somme, bonnes à obéir, se taire, être exploitées et, le cas échéant, battues comme plâtre.

Un roman émouvant sur la vie dure de gens simples et authentiques (il m'évoque, de loin, mes grands-parents, en Espagne ou en Belgique), aux prises avec une Histoire qui les dépasse, et pour qui la nourriture est fondamentale ("Se lavora par magnare, se magna par lavorar"). L'écriture est comme eux, sobre, un peu sèche, et n'essaie pas de nous les rendre attachants. On retrouve un peu de chaleur à la fin du livre, avec les recettes de cuisine évoquées au long des pages. Avec toutefois un avertissement de l'auteure et de l'éditeur, qui "ne se portent garants ni de leur précision ni de leur fiabilité et ne sauraient être tenus pour responsables de leur résultat".

En partenariat avec les éditions Préludes via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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***

À la sortie de la première guerre mondiale, trouver un bon parti n'est pas chose facile. C'est pourtant ce que s'évertue à faire le père de Maria Vittoria. Dans ce petit village perdu d'Italie, Maria attend un mari... Quand son père revient avec Achille, elle croit avoir devant elle une vie douce et solide... Quelques années plus tard, le destin de Maria Vittoria est déjà bien tracé et le chemin n'aura pas été simple et tranquille...

Élise Valmorbida signe ici un roman fort et émouvant, un portrait de femme courageuse et vraie.
Maria Vittoria vit dans une Italie malmenée par les guerres, dirigée par la faim et les restrictions. Cette femme, qui après avoir obéit à son père, doit suivre les règles d'un époux dur et parfois violent, va affronter les difficultés et tenir debout face aux jalousies et à la haine.

Forte et courageuse, Maria Vittoria est à l'image de nombreuses femmes et mères : elle choisit son destin et se sacrifie pour que sa famille survive...

Un grand merci à NetGalley et aux Éditions Préludes pour leur confiance.
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Maria Vittoria Elise Valmorbida Préludes 19 septembre 2018.

1923, Dolomites italiennes. Maria Vittoria est l'ainée des filles, son père est parti lui chercher un époux. Il est temps car elle a déjà 27 ans .. La vie est dure dans les montagnes, corvéable et serviable à merci les femmes n'arrêtent pas un instant, la guerre est encore dans toutes les mémoires avec ses restrictions et ses pénuries. Alors quand elle fait la connaissance de son futur époux , un bel homme à la carrure puissante, son coeur ne fait qu'un tour . Ce sera un mariage arrangé mais à son goût.. La vie tourne, va, vient , les premières années sont dures mais la chance leur sourit quand ils arrivent enfin à s'installer et à ouvrir l'épicerie ...c'était sans compter sur l'ère fasciste .. Arriverons ils à réaliser leur souhait émigrer , partir à" la mérica"?
Elise Valmorbida, à travers le portrait d'une femme dure , travailleuse, bonne chrétienne, nous fait découvrir un pan méconnu de l'histoire italienne. Histoire qui conduira sur les routes de l'exil de nombreux italiens. Si j'ai beaucoup appris à la lecture de ce roman, je me suis aussi beaucoup ennuyée . Les personnages à quelques exceptions n'attirent pas l'empathie c'est le moins que l'on puisse dire, le rythme d'écriture m' a semblé compassé et manquer de rythme . Une lecture en demi-teinte ce qui me semble dommage car le sujet était alléchant.
Un grand merci aux éditions Préludes via NetGalley pour ce partage. #MariaVittoria #NetGalleyFrance
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Nous sommes en 1923. Maria Vittoria, l'héroïne de ce roman, vit dans un village dans les Dolomites, en Italie. A 25 ans et sans mari, c'est son père qui lui "achètera" un bon parti : Achille est travailleur, joli garçon, et Maria tombera sous son charme. Cinq enfants naîtront de cette union et le couple rachètera une épicerie. le commerce sera prospère mais l'arrivée du fascisme, et de la guerre, viendra bouleverser tout cet équilibre.
"Maria Vittoria" est une très belle découverte littéraire. Elise Valmorbida dresse le portrait d'une femme courageuse et croyante dont le destin est tributaire des ses relations avec les hommes, - sa soumission à l'égard de ces derniers, reflet de la condition féminine de l'époque. Elle y aborde également la thématique des unions arrangées et l'absence de romantisme qui caractérisait souvent ces dernières.
L'auteur nous raconte de manière convaincante l'arrivée de la guerre en Italie en milieu rural, le fascisme, la faim et la débâcle du pays. Ce livre, dans la tradition des sagas familiales, se lit avec intérêt et plaisir. L'écriture est âpre, un peu distanciée de ses personnages, mais c'est justement ce style qui, je trouve, procure une certaine force au récit et lui donne toute sa qualité littéraire. L'histoire est très bien menée et les personnages sont bien campés, sans surenchère. Tout sonne juste. Une petite réussite en somme.
Je remercie les éditions Prélude et Netgalley pour la découverte de ce très beau roman.
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Quand on est une femme dans un petit village en Italie, près de Venise, être non mariée à 25 ans est impensable pour une famille, surtout quand elle est nombreuse. Maria est belle mais personne ne la courtise. La guerre est passée par là et les hommes ont été décimés. Son père va prendre les choses en mains et lui trouvera un mari : elle n'a rien à dire, elle sera "vendue" à son mari, on en fait l'article..... presque comme une bête.

Une chance Achille lui plaît : il est beau et fort. le mariage est conclu, tout est prêt même son trousseau qu'elle brode depuis longtemps. Mais la réalité ne sera pas forcément ce qu'elle rêvait : un mari brutal, les grossesses qui s'enchaînent, certains enfants qui ne survivent pas. Pourtant Maria Vittoria grâce à l'acquisition d'une épicerie, trouvera une façon de s'affranchir à la domination masculine.

Une autre guerre s'installe, le fascisme trouve le terreau pour s'installer même dans les coins les plus reculés de l'Italie et il faudra s'adapter : choisir un camp, composer avec mais Maria Vittoria a l'habitude d'obéir et fera en sorte de se plier aux règles, quelque que soit celui qui les dicte : mari, Duce, partisan, cousin etc.....Il y a surtout la religion et la Vierge Marie à qui se confier, son refuge, celle qui la conseille, qui est sa bonne conscience et puis elle a ses enfants et plus tard,son fils Primo, l'aîné, un autre homme, celui qui va imposer sa loi.

En commençant la lecture, je pensais découvrir une histoire de femme et il s'agit bien de cela, à travers une trentaine d'années : depuis son mariage jusqu'à..... mais je vous laisse découvrir. L'intérêt est de suivre la soumission de cette femme, simple, malléable, qui découvre la vie de couple, la guerre, son obéissance aux règles mais aussi son évolution au fil de l'histoire de l'Italie, son rapport à la religion très fort, dans presque chaque acte de sa vie. La religion qui donne un sens et elle s'en arrange, parfois. Les supposées réponses de la Vierge Marie apparaissent en italique : c'est sa conscience, c'est le bon sens, ce sont les réponses qu'elle attend, qu'elle espère, c'est parfois aussi un rappel à l'ordre, au bon ordre....

Mais c'est surtout une femme qui subit la loi de l'homme 

Tu peux me croire : je sais ce que les hommes ont dans le crâne et comment ils se comportent, ils te disent ce que tu as envie d'entendre pour parvenir à leurs fins. Si tu crois que c'est de l'amour, tu te trompes : c'est de la bestialité. Ensuite, ils ne te respectent plus, ils te traitent en pays conquis, comme une moins que rien. Pire qu'une esclave. (p259)

comme beaucoup de femmes à l'époque : prises entre la religion, leur père, leur mari puis leurs fils, il ne leur reste que peu d'espace de liberté et d'autonomie. Maria Vittoria prendra des risques, découvrira le plaisir, le désir mais la peur aussi.

Mais une nouvelle génération arrive, une nouvelle vie est peut-être possible.

C'est un roman de femmes, dans un univers masculin, rural, où elles n'ont guère le droit de s'exprimer, elles sont traitées parfois pire que du bétail, elles doivent être "rentables" productrices et surtout ne rien demander. Même le pouvoir en place à travers Mussolini donnera la directives qui doivent régir chaque foyer et qui devront être appliquées à la lettre.

L'écriture est fluide, les personnages sont assez caractéristiques du milieu  : des hommes rudes, des femmes soumises, se réfugiant dans la piété et le renoncement, mais comme souvent, la guerre va leur permettre de s'affirmer, de prendre en mains leur destin, d'avoir leurs secrets, d'avoir un rapport aux autres à travers le travail, les affaires ou le commerce. Mais tout progrès à son revers : il faut prendre des décisions, craindre les représailles, les commérages.

Une lecture agréable d'un milieu peut être méconnu de l'Italie profonde, il y a un peu moins d'un siècle, seulement.

Lien : http://mumudanslebocage.word..
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critiques presse (1)
Actualitte
22 août 2018
Face aux mutations que l’Europe elle-même va connaître dans cette période, l’auteure puise aux racines les plus douloureuses pour un texte superbe. Avec une terreur, dont la romancière fait régulièrement part : que l’Histoire ne finisse par se répéter, et que les populistes comme les despotes ne l’emportent plus souvent.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Tu peux me croire : je sais ce que les hommes ont dans le crâne et comment ils se comportent, ils te disent ce que tu as envie d'entendre pour parvenir à leurs fins. Si tu crois que c'est de l'amour, tu te trompes : c'est de la bestialité. Ensuite, ils ne te respectent plus, ils te traitent en pays conquis, comme une moins que rien. Pire qu'une esclave. (p259)
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On ne change pas les hommes. Ils ont des besoins différents, portent le poids du monde sur leurs épaules. Le tien veut se réchauffer à ta cuisine, à ton admiration – vois comme ses yeux s’éclairent quand tu le complimentes. Les femmes qui s’acharnent sur leurs maris les perdent. Ne pose plus de questions inutiles. L’ignorance procure un certain confort.
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Elle n’a versé que quelques larmes pour les deux bébés qu’elle a perdus. Elle n’avait pas le temps, trop de travail.
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Pourtant, au fond d’elle-même, c’est à la beauté de son futur bien-aimé qu’elle songe ; il aura le visage bienveillant de Jésus, le dos droit de monsieur le curé, la prestance de son père, sentira aussi bon qu’une femme. Portera-t-il une moustache épaisse et broussailleuse ou deux lignes fines se terminant en pointe comme son frère ? Ou encore la barbe de son grand-père : un fagot de tabac sec masquant le visage et le cou ? Elle imagine les poils de ses joues lui chatouillant le cou. Son cœur bat aussi vite que les ailes d’un oiseau. Elle repousse ces pensées et se pique les doigts, l’un après l’autre, en guise de rosaire.
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Malgré son âge, elle est plus robuste et vigoureuse que bien des filles. Dans notre famille, il n’y a pas de malformations ni de tares ; on est de bonne constitution. Attendez de voir les autres pour en juger. Elle fait la cuisine et le ménage, pas comme ces bonnes à rien qu’on élève dans du coton. Pendant la guerre, elle a travaillé pour des signori dans le Piémont ; elle sait tenir une maison et n’est pas du genre à se plaindre. En plus, elle a appris à lire et à écrire, elle est allée trois ans à l’école.
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