Le village aux libellules

Ce livre m'a été conseillé par une collègue qui en connait l'auteur, me sachant fan de romans policiers. Simon Valmyche est en effet un écrivain local amateur qui publie en auto-édition. Ma première impression a été très positive car le scénario apparaissait d'emblée plutôt original.

Une jeune fille, Élodie Paradis, qui débute dans le métier, se voit confier par un journal régional un reportage sur un bourg typique du Haut-Forez, à savoir Vizézy-le-Haut qui a la particularité d'avoir fait sécession d'avec Vizézy-le-Bas en 1958, pour mésentente cordiale. Elle découvre étonnée, un village présenté comme idyllique par des conseillers municipaux que la mégalomanie n'étouffe pas et des habitants plutôt aisés financièrement, bien que bon nombre d'entre eux soient atteints de diverses maladies psychotiques. Une sécurité omniprésente y règne puisque un garde en surveille l'entrée et filtre les visiteurs. Une musique lancinante rythme le ballet des voiturettes (pas de véhicules à moteur). Dans l'esprit d’Élodie, se dessine l'image d'une secte. Logée chez un couple d'habitants, elle en profite pour découvrir le village. Quand elle se voit interdire l'entrée du cimetière, son impression d'être surveillée se confirme. Quand, au volant de sa Clio, elle se fait tirer dessus par le passager d'un 4x4 qui la double, elle se demande bien dans quel guêpier elle est tombée.

L'auteur conduit assez bien son intrigue car il mêle à l'histoire d'un village imaginaire avec une galerie de portraits assez loufoques, des évènements historiques réels et des faits divers dignes d'un polar classique. Les pistes vont évidemment se rejoindre pour fournir une raison à l'étrangeté du bourg et de ses habitants. J'ai apprécié la liste et les caractéristiques des personnages principaux en début de livre car vu leur nombre, il était parfois difficile de s'y retrouver. Par contre, j'ai déploré que les explications supplémentaires fournies par l'auteur, des mots ou des faits soient regroupés en fin de livre plutôt qu'en bas de chaque page.
Si le récit commence bien, quand il commence à flirter avec le surréalisme, j'ai trouvé qu'il perdait du rythme et que l'on s'enlisait un peu dans notre quête d'une explication rationnelle inévitable à tout ce délire. Quant à la fin, cela a été une grosse déception car l'auteur fait intervenir le personnage d'un de ses précédents romans et que si comme moi, vous ne l'avez pas lu, vous avez l'impression qu'il arrive comme un cheveu dans la soupe.

Admettant en toute modestie mon incapacité à faire la même chose, je reconnais le talent d'un écrivain dont ce n'était pas le métier à la base, ne serait-ce que par rapport aux recherches qu'il a fallu faire sur des faits historiques réels. Je déplore par contre un certain étalage gratuit de culture personnel qui ont gêné la fluidité du récit. Certaines références m'ont totalement échappé mais c'est surement mon manque de culture à moi qui est en cause. Quand à d'autres, elles m'ont paru plutôt saugrenues et déplacées, pour exemple " Le Polak lâche instantanément son gun comme si l'objet s'était muté subitement en hérisson, comme s'il avait tenu dans sa main l'applique qui envoya Claude François rejoindre ses ancêtres et l'an de grâce 1978." ... et pourtant je ne suis pas spécialement fan de ce chanteur à midinettes. J'ai hésité entre deux et trois étoiles pour finir par mettre un 11/20