Goat Mountain

Mais réfléchissez un peu à ce que vous avez proposé, tous les deux. D'un côté, on suggère de tuer et de brûler mon fils, et cela vient de son propre grand-père qui a perdu la tête de toute évidence.
Mon grand-père ne répondit rien. Une mâchoire mastiquant aussi machinalement que celle d'une vache, les yeux inexpressifs.
De l'autre, on a l'idée de génie d'aller voir le shérif et d'expliquer comment ça s'est passé et pourquoi on l'a ramené ici pour le fourrer dans un sac, et ainsi de suite. On va passer un sacré moment, en pyjama pour le restant de nos jours, on aura le temps de peaufiner nos versions de l'histoire.

A l'endroit où l'on coupe la forêt poussent toujours les plantes les plus vicieuses, chacune luttant pour étouffer les autres. hardons et orties, chêne vert et sumac, bardane, aiguilles et épines. Et c'est là-dedans que j'avais envoyé mon père et Tom, et c'est là-dedans que je leur emboîtai le pas.

Mais bien sûr, il n'y a pas de diable. Nous voulons juste qu'il y en ait un. Nous voulons un responsable.L'enfer c'est l'anarchie, chacun de nous responsable de tout et de rien, n'entendant jamais la voix des autres. L'isolement, bien plus terrifiant que la punition.

Nous cherchions follement à distancer quelque chose qu'il était impossible de distancer. Peu importait l'endroit où nous atterririons, il serait toujours là. Nous ne semblions pas comprendre que ce qu'il y avait à craindre était en nous.

Je pense qu'un enfant ne peut rien faire d'autre qu'engloutir son parent, de l'engloutir tout entier et de l'arracher à ce monde, tout le reste n'est que déception.

« Ce roman consume les derniers éléments qui, à l’origine, m’ont poussé à écrire : les récits sur ma famille et sa violence. Il revient également sur mes ancêtres cherokees, et leurs interrogations lorsqu’ils furent mis face à l’idée de Jésus. » (p. 249)

« Je me fiche bien de Jésus, mais l’Ancien Testament est un recueil d’histoires d’un temps ancestral, des ombres ataviques parmi lesquelles j’erre sans cesse dans l’espoir d’y trouver une confirmation. » (p. 86)