J'enfonce la main dans le sable et je trouve la vertèbre
perdue. Je l'égare aussitôt. Ombre d'ivoire, exan-
gue. Mon père sourit. De ce côté-ci de la mer l'écume
est noire. Elle sent le fauve me dit la petite amie. La
mer sent la vie et la mort je lui réponds. Supposons
que ce soit vrai.
La santé aggripée à la roche. Pierre sensible à la lu-
mière. Mains et pieds font défaut au chasseur. Il est
aveugle et en proie au désir. Et son désir c'est la forêt
sous l'eau, peuplée de sexes en fleur ou de maîtresses
fleurs qui percent le silence de leurs grands becs rou-
ges et lents.
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Disons que tu as gagné la course
et que le prix
était une autre course
que tu n’as pas bu le vin de la victoire
mais ton propre sel
que tu n’as jamais écouté de vivats
mais des aboiements de chiens
et que ton ombre
ta propre ombre fut ta seule
et déloyale concurrente.
Que dit le corps immobile dans son mouvement ?
Il est seul. L'air environnant l'île qui danse est ce qui
est autre.
Je dis l'île et je pense : la mer. Je dis la mer et je pense :
l'île. Son-elles une seule et même chose ?
Vide continuel et plénitude sans nom se succèdent.
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Ojos susurrantes se abren y cierran
donde ni cal ni arena fueron
sino edades y cenizas del corazón.