La guerre ne forme pas la jeunesse, elle la viole.
- Nous aussi, nous avons fait la guerre. Pascal et moi. Le sujet ne lui plaît pas beaucoup.
- Je m'en doutais.
- Vraiment ?
- À cause de votre âge, et puis... C'est surtout les yeux. Comme mon père.
- Que voulez-vous dire ?
- Je sais pas. Comme si tout ce que vous attendiez, c'était quelque chose qui vous fasse sourire, et que le reste était trop douloureux. Mon père sourit comme ça, quand ça lui arrive. Ça l'illumine, parce qu'il a l'air d'arriver d'un endroit où le rire n'existe pas.
[Il] lui avait tout expliqué. Que l'on n'échappe pas aux pièges que l'on pose derrière soi, qu'un jour ou l'autre, l'on revient sur ses pas pour y tomber. Que les situations peuvent manquer de sens mais jamais de logique, et que la logique manque d'imagination.
Le terrorisme est une guerre de nulle part qui frappe les esprits où qu'ils soient.
La France n’est pas ne guerre. Les journaux le disent. Il n’y a que les militaires qui sont en guerre. La France est au travail. Nos fils vont maintenir la paix en Algérie. Quelques bougnoules qui posent des bombes. Deux cent vingt mille appelés. Il n’y a pas de guerre en 1957, la France est moderne. Ou est parti Verini ?
Le Mur, c'est le surnom d'un flic en tenue, un boxeur amateur proche de la quarantaine, qui ne pourra bientôt plus monter sur le ring. Mais il a besoin d'argent, ce George, et il accepte bientôt de taper sur des binoclards contre un peu de pognon. Et sa route croisera celle d'un Kabyle...
Il y a deux romans en un, l'auteur l'explique à la fin sous forme de devoir de mémoire à son père. Il y a un roman qui se déroule pendant la guerre d'Algérie, puis l'histoire de ce Mur qui croise un Kabyle. Certains ont fait des trucs dégueulasses, ils ne veulent pas que cela sache, même s'ils sont vieux.
Une belle écriture, un sujet parfaitement maîtrisé même si un amateur de polar pur et dur peut s'agacer des passages flashbacks en Algérie, puisqu'ils ne sont pas directement en prise avec le présent. Ceci dit, bouder ce livre à cause de cela serait fort dommage, le thème de la mémoire et de l'oubli y est magistralement traité.
Vérini s'habitue aux gardes, à la peur de la nuit, à être responsable de la sécurité d'un lieu et d'hommes qu'il hait.Il apprend aussi à dormir en sachant que celui qui assure sa sécurité est un homme qui ne l'aime pas.
Je pisse le sang, les arcades en charpie. Mais je serai là pour la cinquième. George le mur. Je serai là.
Il s'énerve. Il veut m'avoir avant la six. Avance. Pousse-le, là, avec tes coudes, dans les côtes. Respire. Cogne. Pousse. T'es bien, avance. Bouge tes jambes. La têtes dans les épaules. Il comprend pas ce que tu veux. Là. Il est paumé. Un crochet du droit, mou, un piège à mouches. Me prend pour un vieux punching-ball. Il pare. Là. Maintenant. Uppercut du gauche, dans son contre, les pieds vissés au sol, le dos droit, la hanche qui suit. Parfait.
Il a rien vu venir. Je l'ai cueilli au menton. Une seconde avant le gong.
Il a l'air surpris. Son cerveau a dû sacrément taper dans sa caboche.
Passé à un doigt du down. Il le sait.