c'est tout de même malheureux bougonna-t-elle, qu'il faille toujours gueuler pour avoir raison.
Aux infos de 10h on avait parlé de lui et on l'avait qualifié de "courageux professeur d'histoire". Marc avait souri en arrachant quelques herbes à ses pieds et remplacé la formule par "Inconscient du danger, un homme de ménage hystérique se rue sur un amphibien". A quoi ça tient. La gloire est pavée d'ignorance, aurait dit Lucien.
Ce n'est pas un tueur en série. C'est le tueur d'UNE série. Tu saisis la différence ? Le tueur d'UNE série. (p.89)
- Nul n'est tenu d'accomplir ce qu'il sait faire.
- Je n'ai pas parlé de ce qu'on sait faire, mais de ce qu'on excelle à faire. (p.42)
Ce doit être d'avoir parlé avec Clément, ça m'a mis le cerveau à l'envers. Tout est mélangé dans sa tête, il y a pas de file d'attente, alors ça se bouscule dans toutes les directions. (p.33)
- Où est-ce qu'il a pris cette manière de parler?
Marthe soupira.
- Il dit que c'est pour parler respectablement... Il a dû piquer toutes ces expressions à droite et à gauche, et puis il les remet n'importe comment... Mais pour lui ça sonne sérieux, tu comprends? Que... qu'est-ce que tu penses de lui?
- Je n'en pense pas trop de bien, Marthe.
Louis et Marc, silencieux, marchèrent jusqu'à la Bastille. De temps à autre, Marc lui prenait la valise, parce que Louis boitait un peu, à cause d'un genou bousillé dans un incendie, et qu'il fatiguait avec cette chaleur et cette valise. Marc aurait volontiers pris le métro, mais Louis n'avait jamais l'air de se souvenir que cela existait dans la ville. Il aimait circuler à pied, à la rigueur en bus, et comme c'était un homme assez emmerdant quand on le contrariait, Marc laissait faire.
- Qu'est qui s'est passé avec ce coup de téléphone ?
- Je l'ai reçu dans un café où je vais travailler et surtout le mercredi. Le patron a dit que le téléphone demandait Clément Vauquier , dont c'était moi qu'il s'agissait.
Le tueur fait une seconde victime à Paris. Lire p. 6.
Louis Kehlweiler jeta le journal du jour sur sa table. Il en avait assez vu et n'avait pas l'intention de se ruer page six. Plus tard peut-être, quand toute l'histoire serait calmée, il découperait l'article et le classerait.
Il passa dans la cuisine et s'ouvrit une bière. C'était l'avant-dernière de la réserve. Il inscrivit un grand "B" au bic sur le dos de sa main. Avec cette canicule de juillet, on était obligé d'accroître notablement sa consommation. Ce soir, il lirait les dernières nouvelles sur le remaniement ministériel, la grève des cheminots et les melons déversés sur les routes. Et il sauterait paisiblement la page six.
Après avoir lu ce livre, j'ai été accro à Fred Vargas