Mais cela fait alors environ un demi-siècle que la vie culturelle de la ville s'intensifie, et que son statut de petit centre intellectuel se confirme. Si la Réformation est à l'origine de l'essor de l'activité éditoriale à Lausanne, du fait de la fondation de l'Académie et des vagues du Refuge, il faut attendre le XVIIe siècle pour que la littérature y occupe vraiment une place de choix. La mode du voyage n'y est pas pour peu de chose. La célébrité de Rousseau, qui popularise le paysage lémanique, la proximité de Voltaire, qui séjourne quelque temps dans le Pays de Vaud et qui y entretient de nombreux contacts, sont d'autres raisons dont la conjonction explique l'aimantation grandissante de Lausanne dans l'univers des lettres. La société locale connaît elle aussi, en son sein, des mutations propices à la création et à la poursuite de projets littéraires très divers: des savants, philosophes et littérateurs, issus de la noblesse et de la bourgeoisie vaudoises - les Polier, Crousaz, Constant, Seigneux, Tissot, Chavannes-, s'illustrent aussi bien en signant des romans et des traités que par l'animation de salons et de cercles, fréquentés parfois par des hôtes de marque, dont Gibbon est l'archetype.