J'ai compris ainsi que la différence entre le vrai et le faux était pareillement dénuée d'importance ; parce qu'un être supérieur était au dessus de la
vérité et du mensonge comme il était au dessus du bien et du mal.
Auparavant j'avais toujours méprisé l'hypocrisie car je tenais cette
pratique pour indigne d'un roi, mais je comprenais à présent qu'un
souverain ne peut révéler à personne le fond de ses pensées. Je me
disais: « nul ne doit lire en moi, mais moi je dois sonder les esprits
et les coeurs, être perspicace, n'avoir confiance qu'en moi, paraître
pieux avec les prêtres, guerrier avec les soldats, roublard avec les
marchands. Mais, ce que je suis en réalité, personne ne doit le
savoir. Il me faut m'entourer de plusieurs carapaces. Si quelqu'un
vient à ouvrir une brèche dans la première, il faut qu'il en rencontre
une autre en dessous, encore plus épaisse.