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Délaissant, pour un temps, la littérature maritime, Roger Vercel nous conte dans ce livre, par l'intermédiaire de la plume de Norbert un jeune officier lettré, l'histoire tragique d'un homme, guerrier dans l'âme, qui ne vécut que par son aventure dans les tranchées des Balkans durant la première guerre mondiale.
Le récit débute à la déclaration de l'armistice.
Le lieutenant Conan se désintéresse de cette annonce.
C'est un breton costaud, râblé, rougeaud, spécialiste des coups de main et de la guérilla. Il n'a que mépris pour les fantassins et ne considère que la cinquantaine d'hommes qui composent son groupe franc. Il n'a pourtant que deux amis, Norbert - un jeune officier lettré et de Scève, un noble officier d'active.
Mais la paix revenue, son groupe est dissous, devenant la première compagnie de mitrailleuse du 50°.
Un soir "le palais de glace", une boîte à soldats est violemment attaquée par six individus masqués qui fuient en voiture. Rapidement deux hommes sont arrêtés, qui semblent "être de chez Conan"....
Roger Vercel nous livre, avec ce livre, un roman de guerre efficace, un véritable roman d'action mais qui est aussi une histoire tragiquement humaine, un réquisitoire violent contre la guerre.
Ce roman est une plongée dans un monde étouffant, sombre et finalement montré dans la dernière scène comme dérisoire.
Roger Vercel signe, là, un chef d'oeuvre de la littérature française.
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Bucarest 1918. Un armistice qui sonne mal pour le narrateur, l'officier de réserve Norbert qui, à l'instar de l'auteur Roger Vercel, devra attendre un an avant la démob, un an où, nommé malgré lui procureur de délits militaires, il devra instruire aussi bien la désertion d'un gamin mort de peur que les exactions de son ami, l'héroïque lieutenant Conan et de ses hommes, devenus des 'machines de guerre' impossibles à réintégrer une vie normale.

Je retrouve une puissance dingue dans l'écriture de Vercel, un mélange d'argot et de tournures de phrases incroyables qui paraissaient belles (un Goncourt, quand même!) mais parfois incompréhensibles.
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La littérature sur le conflit de la première guerre mondiale est riche de grands livres, nombre d'ouvrages sur cette sombre période s'illustrent par leur profondeur, leur authenticité, indéniablement due au fait que les écrivains de talent qui ont porté l'uniforme et connu les affres de cette guerre sont légion.

Capitaine Conan figure dans cette littérature d'exception, et sans doute à une place particulière. Il n'est pas ici question de la Somme ou de Verdun, car l'histoire se déroule en un lieu et un temps particulier, au moment des derniers combats et juste après l'armistice, après que le sort des armes ait désigné vainqueurs et vaincus. Les faits se placent sur un front que nous avons tendance à méconnaître, celui de l'armée d'Orient, le front des Balkans, où tant d'hommes combattirent et disparurent, souvent dans l'ignorance de leurs contemporains.

En nous présentant le devenir impossible de ce capitaine de tranchée, ce chef de « corps franc », Roger Vercel fait, au fil des pages, éclater les certitudes morales d'une société qui s'est plongée dans l'horreur totale et qui tient à en effacer les traces les plus infamantes, fut-ce en supprimant ou rejetant ses propres héros, ceux qui l'ont sauvé de l'abîme.

Ces mêmes hommes un temps sublimés inspirent, à l'heure de la paix, la peur ou un certain mépris, car ils s'avèrent incapable de ressortir de ces tranchées, où ils tranchèrent des vies avec méthode et archaïsme, il leur est désormais impossible de déposer l'esprit guerrier qui leur fut imposé.

Le capitaine Conan sait que lui et sa troupe, composée de vulgus pecum ayant appris à tuer sans état d'âme, unis par les mêmes horreurs quotidiennes, par le partage de l'expérience du risque perpétuel, sont et resteront désormais des « inadaptés ».

Le temps de la paix n'est pas le leur, lui et sa troupe de « routiers », de « coupe-jarrets », ont trop longtemps versé dans la folie guerrière pour revenir un jour à la vie civile. Cette fraternité de tranchée, que les embuscades, les coups de main nocturne, à l'arme blanche, ont rendu indissoluble, condamne ces hommes à rester ce qu'ils sont : -des guerriers, à qui on ne peut dire que désormais l'arme est à la bretelle, et qu'ils doivent désormais reprendre la faux et semer la vie.

Non, les corps et les âmes ont trop longtemps été plongés en enfer pour qu'ils espèrent entrevoir le salut.

C'est ce drame que dépeint Roger Vercel dans ce livre, d'une grandeur indéniable, et qui fut adaptée avec justesse au cinéma.
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Peut-on dire son antimilitarisme en racontant l'histoire d'un fou de guerre ? Peut-on montrer l'horreur de la guerre en faisant le portrait amical du Capitaine Conan ? Norbert le narrateur de ce roman (Goncourt 1934) est un lieutenant appelé, qui dans le civil était étudiant en lettre, il se retrouve après l'armistice du 11 novembre 1918, et malgré lui, dans les Balkans sur le front oriental où la guerre continue contre les bulgares, puis les « rouges ». Il nous raconte l'histoire de deux de ses amis. le principal étant le Capitaine Conan, appelé comme lui, mais devenu avec le temps un guerrier brutal, zélé et sans scrupule, chef d'un corps franc à son image. Sympathique hors du combat, mais s'ennuyant dès la paix revenue. le second, de Scève, est un officier engagé, aristocrate spirituel mais académique. Les deux s'opposeront dans la défense d'un gamin apeuré et déserteur que Norbert, nommé commissaire-rapporteur, ne pourra défendre contre l'administration et la justice (ou plutôt l'injustice) militaire. La psychologie des personnages est parfaitement rendue dans un style direct et efficace, tantôt élégant lorsque le narrateur s'exprime en son nom, tantôt gouailleur et argotique quand Conan dialogue. La guerre détruit et broie tous les hommes, même les mieux préparés, à la fin, seul Norbert s'en sortira. Verdict : un grand roman qui vaut pour moi 5*****. Allez, salut.
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Ne connaissant ce livre que de nom, à cause du film qui en a été tiré, je ne m'attendais pas du tout à ce type de récit. Norbert, le narrateur, est stationné en Bulgarie, à la fin de la guerre, avec notamment Conan. Devenu une sorte de "procureur" militaire, Norbert doit traiter les cas d'insubordination, d'exactions, de désertions, commises par ses pairs. Il se heurte rapidement à des problèmes déontologiques, des cas de conscience et des conflits d'intérêt…
Ce livre s'appelle Capitaine Conan, non pas parce qu'il est le héros (le narrateur remplit cette fonction), mais plutôt parce que c'est sur lui que se cristallisent tous les questionnements : héros de guerre mais hyper violent, que va-t-il advenir de lui une fois la paix revenue ? Ses actions militaires lui donnent-elles tous les droits ? Est-il apte à la vie civile ?
Ce roman est vraiment puissant au niveau des interrogations sur le bien et le mal j'ai aimé cette écriture âpre, ce récit un peu haché mais hyper bien construit, en bon classique.
Enfin, je sais qui est ce capitaine Conan !
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1918. Nous sommes en Roumanie où l'armistice vient d'être signé. Mais, avant d'être rapatriés les soldats doivent encore rester encore un temps sur place, d'autant plus qu'un autre péril menace : l'Armée rouge.
Que faire des soldats ? Que faire de ces "héros sans emploi" ? La hiérarchie militaire a décidé de reprendre ses hommes en main.
C'est dans cette perspective que Norbert, le narrateur, se voit confier le rôle de "commissaire-rapporteur", disons plus simplement de juge d'instruction, dans les procès menés par l'armée aux hommes ayant commis des délits. Norbert sera souvent en opposition avec son ami Conan, l'incarnation absolue du héros, qui, plus proche de ses hommes, sera bien plus tolérant, y compris avec ceux d'entre-eux qui auront agi par lâcheté ou par peur.
Un livre superbe sur la condition militaire, un regard inhabituel sur la guerre et ceux qui la subissent, écrit dans un style magnifique combinant à la fois le style classique et la gouaille populaire.
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Ce livre révèle d'autres souffrances, d'autres ravages, d'autres terribles tragédies engendrées par la guerre.
Il met en exergue les conduites, les exactions de certains soldats, rendus hystériques, inhumains, par ce long conflit, agissant comme des hordes sauvages ayant perdu tous repères. Il dit aussi la déshumanisation qui subsiste la paix signée, la justice expéditive, inique quelques fois, trop souvent d'ailleurs, des Conseils de guerre et Cours martiales et les traumatismes indélébiles qui subsistent après le retour à la vie civile.
Monstrueuse et poignante réalité.

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Eh oui , un autre Goncourt ...
Un idiot nous sort bien sur son mot " chiant " , on lui dis de se taire .
A la fin de la guerre la Françe était en ruines , il fallut un temps indispensable pour la reconstruction , et apres les oeuvres arrivèrent ...
Je suis venu à ce livre apres avoir vu le très grand film de Bertrand Tavernier au titre éponyme .
La lecture est aussi forte que les images .
Ici l'auteur plonge les lecteurs au coeur des lignes de la 1 ère guerre mondiale , avec un groupe d'hommes très particuliers .
La guerre fait ressortir les caractères et amplifie ceux ci , l'on s'en rend compte ici , avec ce texte remarquable , qui n'a pas pris une ride , dont la force et l'urgence prennent le leçteur a la gorge .
L'on a envie parfois tellement l'intensité est prégnante d'un bol d'air , mais on ne peut lâcher ce livre magistral , qui nous conduit nous lecteurs aux côtés de çes hommes , qui vont risquer leur vie , la perdre pour certains , pour que la liberté règne .
Il est important de lire des ouvrages comme çelui ci , qui permettent de mettre en exergue la destruction de l'homme par la barbarie guerrière .
Oui ce n'est pas facile , oui il faut réfléchir, mais l'on en sort grandi ....
Grande oeuvre ....
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J'avais lu divers romans sur la Grande Guerre mais pas encore celui-ci, initialement publié en 1934. "Capitaine Conan" attire l'attention du lecteur sur les combats en Orient, pendant la Grande Guerre. On a généralement oublié que l'offensive des Alliés, sur ce front, a obligé les Bulgares à déposer les armes dès le 29 Septembre 1918 - ce qui annonçait les prochaines défaites ottomane et autrichienne.

Voici un bref résumé du roman:
En 1918, Conan est officier dans un corps franc sur le front bulgare. (Un corps franc était constitué d'hardis soldats qui réalisaient localement des coups de main audacieux contre l'ennemi). Après l'armistice, les hommes de Conan ont du mal à respecter les règles de la vie civile. Certains, qui dépassent vraiment les bornes, sont poursuivis par la justice militaire.
Un autre officier français, Norbert, se voit bombardé "commissaire-rapporteur" (l'équivalent de procureur) devant la cour martiale. Cet homme courageux et sympathique est porté à l'indulgence. Pourtant, lors d'un procès, un déserteur soupçonné de trahison est condamné à mort. Plus tard, c'est Conan lui-même qui est accusé du meurtre d'un civil roumain. Norbert, qui est son ami, choisit de quitter ses fonctions de commissaire-rapporteur. Il est alors renvoyé au front (qui se trouve maintenant à la frontière roumaine avec l'Ukraine), où les soldats français combattent les Bolcheviks russes. Le corps franc, incluant même les militaires condamnés par la justice militaire, finit par remporter la victoire.
On croit que le roman va finir là, mais il y a encore un épilogue: plusieurs années après la fin de la guerre, Norbert va rendre visite à Conan. Celui-ci, incapable de se réadapter à la vie civile, s'est complètement laissé aller; il est résigné à mourir prochainement.

Dans ce livre, malgré la description des combats féroces, on est très loin des romans comme "Le Feu" ou "Les croix de bois". Ici, le sujet principal est celui-ci: les soldats, devenus machines à tuer, ne savent absolument plus vivre d'une manière "normale". Ces hommes ont été définitivement pervertis par la guerre.
Mais voici peut-être le plus remarquable. L'auteur a su recréer d'une façon réaliste l'ambiance parmi les Poilus. Ce milieu a ses particularismes. En particulier, le vocabulaire de l'idiome couramment employé par les soldats, dans le livre, m'a échappé en grande partie. D'où une sensation de grande distance par rapport à ces hommes et à leur vie quotidienne si éloignée de celle que je connais personnellement.
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Ce roman parle de la paix tout juste retrouvée, encore fragile tant les esprits des hommes sont remplis de cette guerre des tranchées dont ils parlent assez souvent. J'ai découvert la justice militaire et son fonctionnement à cette époque. le personnage de Conan est un personnage très particulier, utilisant souvent un vocabulaire familier mais je l'ai trouvé assez attachant. le personnage de Norbert qui est le narrateur de cette histoire est aussi un personnage très humain et très épris de justice et de paix.

C'est un roman de longueur moyenne et assez facile à lire, de plus il a remporté le prix Goncourt en 1936.
Lien : http://vivelesbetises2.canal..
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