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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bucarest 1918. Un armistice qui sonne mal pour le narrateur, l'officier de réserve Norbert qui, à l'instar de l'auteur Roger Vercel, devra attendre un an avant la démob, un an où, nommé malgré lui procureur de délits militaires, il devra instruire aussi bien la désertion d'un gamin mort de peur que les exactions de son ami, l'héroïque lieutenant Conan et de ses hommes, devenus des 'machines de guerre' impossibles à réintégrer une vie normale.

Je retrouve une puissance dingue dans l'écriture de Vercel, un mélange d'argot et de tournures de phrases incroyables qui paraissaient belles (un Goncourt, quand même!) mais parfois incompréhensibles.
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La littérature sur le conflit de la première guerre mondiale est riche de grands livres, nombre d'ouvrages sur cette sombre période s'illustrent par leur profondeur, leur authenticité, indéniablement due au fait que les écrivains de talent qui ont porté l'uniforme et connu les affres de cette guerre sont légion.

Capitaine Conan figure dans cette littérature d'exception, et sans doute à une place particulière. Il n'est pas ici question de la Somme ou de Verdun, car l'histoire se déroule en un lieu et un temps particulier, au moment des derniers combats et juste après l'armistice, après que le sort des armes ait désigné vainqueurs et vaincus. Les faits se placent sur un front que nous avons tendance à méconnaître, celui de l'armée d'Orient, le front des Balkans, où tant d'hommes combattirent et disparurent, souvent dans l'ignorance de leurs contemporains.

En nous présentant le devenir impossible de ce capitaine de tranchée, ce chef de « corps franc », Roger Vercel fait, au fil des pages, éclater les certitudes morales d'une société qui s'est plongée dans l'horreur totale et qui tient à en effacer les traces les plus infamantes, fut-ce en supprimant ou rejetant ses propres héros, ceux qui l'ont sauvé de l'abîme.

Ces mêmes hommes un temps sublimés inspirent, à l'heure de la paix, la peur ou un certain mépris, car ils s'avèrent incapable de ressortir de ces tranchées, où ils tranchèrent des vies avec méthode et archaïsme, il leur est désormais impossible de déposer l'esprit guerrier qui leur fut imposé.

Le capitaine Conan sait que lui et sa troupe, composée de vulgus pecum ayant appris à tuer sans état d'âme, unis par les mêmes horreurs quotidiennes, par le partage de l'expérience du risque perpétuel, sont et resteront désormais des « inadaptés ».

Le temps de la paix n'est pas le leur, lui et sa troupe de « routiers », de « coupe-jarrets », ont trop longtemps versé dans la folie guerrière pour revenir un jour à la vie civile. Cette fraternité de tranchée, que les embuscades, les coups de main nocturne, à l'arme blanche, ont rendu indissoluble, condamne ces hommes à rester ce qu'ils sont : -des guerriers, à qui on ne peut dire que désormais l'arme est à la bretelle, et qu'ils doivent désormais reprendre la faux et semer la vie.

Non, les corps et les âmes ont trop longtemps été plongés en enfer pour qu'ils espèrent entrevoir le salut.

C'est ce drame que dépeint Roger Vercel dans ce livre, d'une grandeur indéniable, et qui fut adaptée avec justesse au cinéma.
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1918. Nous sommes en Roumanie où l'armistice vient d'être signé. Mais, avant d'être rapatriés les soldats doivent encore rester encore un temps sur place, d'autant plus qu'un autre péril menace : l'Armée rouge.
Que faire des soldats ? Que faire de ces "héros sans emploi" ? La hiérarchie militaire a décidé de reprendre ses hommes en main.
C'est dans cette perspective que Norbert, le narrateur, se voit confier le rôle de "commissaire-rapporteur", disons plus simplement de juge d'instruction, dans les procès menés par l'armée aux hommes ayant commis des délits. Norbert sera souvent en opposition avec son ami Conan, l'incarnation absolue du héros, qui, plus proche de ses hommes, sera bien plus tolérant, y compris avec ceux d'entre-eux qui auront agi par lâcheté ou par peur.
Un livre superbe sur la condition militaire, un regard inhabituel sur la guerre et ceux qui la subissent, écrit dans un style magnifique combinant à la fois le style classique et la gouaille populaire.
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J'avais lu divers romans sur la Grande Guerre mais pas encore celui-ci, initialement publié en 1934. "Capitaine Conan" attire l'attention du lecteur sur les combats en Orient, pendant la Grande Guerre. On a généralement oublié que l'offensive des Alliés, sur ce front, a obligé les Bulgares à déposer les armes dès le 29 Septembre 1918 - ce qui annonçait les prochaines défaites ottomane et autrichienne.

Voici un bref résumé du roman:
En 1918, Conan est officier dans un corps franc sur le front bulgare. (Un corps franc était constitué d'hardis soldats qui réalisaient localement des coups de main audacieux contre l'ennemi). Après l'armistice, les hommes de Conan ont du mal à respecter les règles de la vie civile. Certains, qui dépassent vraiment les bornes, sont poursuivis par la justice militaire.
Un autre officier français, Norbert, se voit bombardé "commissaire-rapporteur" (l'équivalent de procureur) devant la cour martiale. Cet homme courageux et sympathique est porté à l'indulgence. Pourtant, lors d'un procès, un déserteur soupçonné de trahison est condamné à mort. Plus tard, c'est Conan lui-même qui est accusé du meurtre d'un civil roumain. Norbert, qui est son ami, choisit de quitter ses fonctions de commissaire-rapporteur. Il est alors renvoyé au front (qui se trouve maintenant à la frontière roumaine avec l'Ukraine), où les soldats français combattent les Bolcheviks russes. Le corps franc, incluant même les militaires condamnés par la justice militaire, finit par remporter la victoire.
On croit que le roman va finir là, mais il y a encore un épilogue: plusieurs années après la fin de la guerre, Norbert va rendre visite à Conan. Celui-ci, incapable de se réadapter à la vie civile, s'est complètement laissé aller; il est résigné à mourir prochainement.

Dans ce livre, malgré la description des combats féroces, on est très loin des romans comme "Le Feu" ou "Les croix de bois". Ici, le sujet principal est celui-ci: les soldats, devenus machines à tuer, ne savent absolument plus vivre d'une manière "normale". Ces hommes ont été définitivement pervertis par la guerre.
Mais voici peut-être le plus remarquable. L'auteur a su recréer d'une façon réaliste l'ambiance parmi les Poilus. Ce milieu a ses particularismes. En particulier, le vocabulaire de l'idiome couramment employé par les soldats, dans le livre, m'a échappé en grande partie. D'où une sensation de grande distance par rapport à ces hommes et à leur vie quotidienne si éloignée de celle que je connais personnellement.
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Ce roman parle de la paix tout juste retrouvée, encore fragile tant les esprits des hommes sont remplis de cette guerre des tranchées dont ils parlent assez souvent. J'ai découvert la justice militaire et son fonctionnement à cette époque. le personnage de Conan est un personnage très particulier, utilisant souvent un vocabulaire familier mais je l'ai trouvé assez attachant. le personnage de Norbert qui est le narrateur de cette histoire est aussi un personnage très humain et très épris de justice et de paix.

C'est un roman de longueur moyenne et assez facile à lire, de plus il a remporté le prix Goncourt en 1936.
Lien : http://vivelesbetises2.canal..
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Bien que Capitaine Conan soit un roman de guerre comme il y en a eu de nombreux (beaucoup de prix Goncourt d'après guerre le sont d'ailleurs), il se distingue de multiple façons. Les lieux et la temporalité de l'intrigue d'abord. Peu de romans traitent de cette question de la démobilisation, préférant relater l'horreur des tranchés. Peu de romans parlent également de ce front oriental (Bulgarie, Roumanie, Grèce,...), préférant raconter Verdun, le chemin des Dames ou la Somme. Enfin ce roman de Roger Vercel se distingue par son sens de l'histoire. La façon dont le narrateur Norbert raconte la camaraderie sur ce front lointain, met en lumière les personnages forts, Conan le premier, et relate les différentes affaires auxquelles il est confronté après avoir été nommé procureur pour le tribunal militaire, rendent ce livre dynamique et passionnant.

Je n'ai appris qu'à posteriori qu'un film avait été tiré de ce livre, et ce n'est pas une surprise tant les personnages sont marqués, les intrigues successives haletante et l'écriture efficace.
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Ce livre patientait depuis bien des années ! Il faut dire que sa couverture, le titre et le sujet en rapport avec la guerre n'avaient pas grand chose pour me faire rêver. Mais au final, c'est une belle découverte, que mon challenge "prix Goncourt" m'a permis d'apprécier.
C'est, certes, un livre en rapport avec la guerre de 1914-1918, mais c'est avant tout un livre plein d'humanité avec des personnages attachants, hauts en couleurs, tout particulièrement ce Capitaine Conan, qui gagne a être connu.
L'écriture y est également remarquable. Il est dommage que cet auteur soit tombé dans l'oubli. J'en connais un sur Babelio qui va s'insurger de tels propos. Mais on peut compter sur lui et on le remercie de les ressusciter !
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Si l'on considère que le prix Goncourt est la suprême reconnaissance pour la qualité d'un livre celui-ci devrait être le chef-d'oeuvre de Vercel et pourtant, en ce qui me concerne, ce n'est pas celui que je préfère de cet écrivain un peu oublié dont j'ai apprécié nombre des récits.
Ecrit à partir de l'expérience personnelle de Vercel, c'est le portrait, par intermittences, d'un homme - le fameux Capitaine Conan qui donne de manière justifiée son titre au récit - à la forte personnalité, portrait qui n'est pas si fouillé qu'on pourrait attendre. Pourtant le capitaine Conan est un de ces personnages de guerre, de littérature et de cinéma, comme le Commandant Kurtz d'Apocalypse now (très librement inspiré d'Au Coeur des Ténèbres de Conrad), qui compte dans les récits de guerre.
Ce qui m'a semblé au moins aussi intéressant c'est le récit de cette période absurde pendant laquelle, alors qu'à l'ouest la guerre était officiellement finie, il a été décidé qu'il fallait continuer à se battre dans les Balkans, du côté de la Roumanie et de la Bulgarie, qui sont les lieux du récit. Ceci apporte un élément de plus à l'absurdité désespérante de cette période.

C'est bien écrit, comme toujours par Vercel, mais ça manque d'eau salée et d'embruns pour Le Breton que je suis.
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Ce récit témoigne des difficultés rencontrées par les poilus pour un retour à la vie civile, adaptation assez fidèle au cinéma par Tavernier qui a eu la bonne idée de mettre à l'affiche Torreton dans le rôle de Conan et le Bhan dans celui de Norbert.......
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