Cet ouvrage est un recueil de courtes nouvelles de Vercors : on y trouve bien sûr
le silence de la mer, mais aussi Désespoir est mort, Ce jour-là, le cheval et la mort, L'impuissance, L'imprimerie de Verdun et
La marche à l'étoile.
Mes deux nouvelles préférées furent
le silence de la mer, le meilleur de tous je dirais, et Ce jour-là.
L'auteur, de sa belle plume, arrive à nous immiscer dans l'ambiance de la guerre à un moment donné, dans un contexte précis. Une impression, un sentiment...
Dans
le silence de la mer, nous avons trois personnages : le narrateur et sa nièce, qui vivent sous le même toit et s'allient dans leur silence, et un Allemand venu vivre chez eux pendant la guerre contre la France.
Les deux Français s'unissent contre l'Allemand avec leur seule arme : le silence.
L'Allemand pourtant est un gentilhomme. Il parle, il est très poli, a toujours un mot gentil. Au fur et à mesure du récit, on se prend presque d'affection pour lui, il est honnête. Un humain reste un humain, peu importe sa patrie, et surtout peu importe la politique et les quelques gouvernants à la tête de son pays.
On sent le désespoir et l'horreur envahirent nos trois personnages. L'Allemand doit partir, horrifié, désolé, et après des longs jours de silence, il obtient un triste et déplorable : "Adieu".
Nous pouvons sentir toute la froideur de ce texte qui réfère à la guerre, cassée pourtant par la gentillesse et la chaleur de l'Allemand qui parle de la culture de la France avec beaucoup d'amitié. La guerre détruit, casse, rompt au silence.
Peut-être ce très lourd silence est-il la meilleure réaction et attitude à avoir dans ce contexte... face à l'absurdité, face à l'horreur, peut-être ont-il trouvé dans ce silence commun un acte de résistance.
Ce jour-là est très intéressant car il est vu à travers les yeux d'un petit garçon. Un jour, son père l'emmène en promenade. Mais ca ne se passe pas comme d'habitude : il lui sert très fort la main, ils ne s'arrêtent pas comme d'habitude à certains endroits rituels... Puis, maman a l'habitude de toujours déposer un pot de géraniums au bord de la fenêtre quand ils partent. Et ce jour là, une fois arrivés en haut de la colline, le petit garçon et son père s'aperçoivent que le pot de fleurs a disparu. Son père le dépose en vitesse chez une certaine dame. Puis il s'en va, il disparaît. On cache des choses qu'on ne veut pas dire au petit.
Tel que le silence, le petit ne dit rien et se met juste à verser des larmes. Pas besoin de comprendre les détails, nous comprenons de la même manière que ce petit le sens du danger, la peur, l'abandon, la tristesse.
Et pourtant, malgré la noirceur et la lourdeur du thème de la guerre abordé, ces nouvelles sont légères, courtes et agréables à lire.