Je n'avais su apprécier (la valeur de) ce roman qu'après avoir vu une adaptation à la télévision (j'avais ressenti le même effet avecla lecture de "L'ami retrouvé").
Un silence pesant, un texte très épuré qui ne m'avait pas fait aborder Vercors sous les meilleurs auspices...
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Un livre magnifique que je viens de relire . Des personnages émouvants de par leur grandeur humaine qui démontrent par leur comportement que la notion de bien et mal n'est pas si simple mais aussi qu'il ne faut pas trop vivre dans la naïveté que la nature humaine peut être faible, vile, intéressée, stupide. Un livre d'espoir mëme si on peut encore transposer tous ces événements et comportements de nos jours.
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C'est à une résistance particulière que nous confronte ce livre. Werner von Ebrennac, un officier allemand, réquisitionne l'une des chambres d'une petite maison de campagne. Cet officier vient troubler les jours d'un vieil homme et de sa filleule. Tous les soirs, au coin du feu s'instaurera alors le même rituel. Cet officier, civilisé, courtois, humble, croyant en la fraternité entre les peuples dissertera longuement sur l'union entre la France, pays des belles lettres et l'Allemagne, pays de la musique.
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Voilà une nouvelle qui a connu dès sa parution clandestine en 1942 un succès foudroyant, renforcé par un film tourné en 1947, succès qui ne s'est jamais démenti par la suite. C'est un peu par hasard que j'ai relu ce bref roman. Et j'en ressors bien pensif, alors que quelques décennies plus tôt je l'avais ingurgité sans y trouver à redire, comme un chien avale sa pâtée.
L'affaire, tout le monde la connaît. Un homme, plus tout jeune mais sans être un vieillard, et sa nièce, sont obligés pendant la guerre d'héberger dans leur maison un officier allemand. Pour marquer leur désapprobation face à l'occupation de leur pays, ils refusent de lui parler et font comme s'il n'était pas là. C'est donc l'Allemand qui parle sans jamais recevoir de réponse.
Cette mise en scène singulière, certainement à l'origine du succès du livre, m'a semblé poursuivre un dessein qui m'avait totalement échappé quand j'étais jeune. En effet, ce militaire allemand est un homme cultivé et raffiné, musicien, et parlant excellemment le Français. Puisqu'il n'y a que lui qui parle, sa parole n'en a que plus de force. On l'écoute. Admiratif de l'esprit français et de la grandeur de ce pays, grand connaisseur de la littérature française, ses interventions se résument souvent à une sorte d'étrange réquisitoire contre ses propres compatriotes. A l'écouter, si l'Allemand a des qualités, il est loin d'atteindre l'esprit français. Il est en dessous. Sa puissance provient d'une proximité plus grande avec la nature, ce qui lui donne de la force et du tempérament, mais la finesse lui manque encore. Naïf, cet officier espère que la conquête de la France permettra une union entre les deux nations, au grand bénéfice des Allemands qui, au contact étroit de ces merveilleux Français, s'élèveront vers des formes supérieures de l'esprit.
Vercors semble avoir créé cet Allemand improbable dans le seul but de magnifier les Français et de débiner les Allemands. C'est d'autant plus crédible à la lecture que c'est l'Allemand lui-même qui nous sert cette propagande. Comment ne pas le croire ? Ça va assez loin tout de même puisque ce délicat militaire raconte qu'il a été fiancé à une jeune Allemande, mais que celle-ci, bien emblématique de cette férocité qui sommeille en chaque Allemand, prenait plaisir à arracher une à une les pattes d'une mouche quand elle parvenait à choper ces petits insectes qui l'importunaient. C'en était trop pour cet officier qui, malheureux de cette cruauté toute germanique, l'a quittée.
Finalement, après un séjour à Paris où il retrouve quelques condisciples, les yeux de ce généreux officier vont se dessiller. Tous ses anciens amis n'ont qu'un but, abattre cet esprit français qu'il admire, le détruire, pour que s'épanouisse seul et sans entrave la brutale puissance allemande. Il en revient bouleversé et décide, en s'engageant sur le front de l'est, de mettre un terme à son existence.
La sauce que nous livre Vercors est celle d'un essentialisme assez puéril qui confine, comme tous les essentialismes, au racisme ordinaire. Les Allemands sont ainsi, c'est leur nature, on n'y peut pas grand-chose. Cet essentialisme va si loin que notre officier allemand porte, le narrateur le note dès le premier jour, un nom qui n'est pas allemand (von Ebrennac), mais d'origine française, sans doute celui d'un « descendant d'émigré protestant » (selon le narrateur). Bref, la boucle est bouclée, cet étrange Allemand charitable et bienveillant n'en est pas tout à fait un, il y a du Français en lui…
Quand je lis au dos de la version en Livre de poche que ce livre est « un plaidoyer implacable contre la barbarie hitlérienne », je me dis que depuis 80 ans la critique se vautre dans un contresens. Ce que j'ai lu est clairement un plaidoyer contre les Allemands en tant que tels, et ce plaidoyer use sournoisement d'un procédé littéraire en mettant en scène un Allemand d'exception, unique représentant de son espèce, qui, par son discours, ne cesse d'enfoncer tous les autres.
On objectera que le contexte historique explique cette pensée essentialiste. C'est juste. Après la défaite de juin 40 et l'occupation du pays, on peut comprendre que Vercors « a la haine » comme on dit maintenant. Il est vrai aussi que, comme les Français de sa génération, né une quinzaine d'années avant la guerre 14/18, Vercors a grandi dans la détestation du « boche ». Quoi qu'il en soit, nous sommes loin du chef d'oeuvre qu'on nous présente depuis sa parution.
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"sous la tranquillité trompeuse de la surface des eaux, [se cache] la mêlée incessante et cruelle des bêtes dans les profondeurs"
Cette nouvelle, symbole de la résistance, est publiée par la maison d'édition clandestine Les Editions de Minuit en 1942. Un monologue encombrant face au silence et au mépris..
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Au cours d'une conversation à bâtons rompus avec ma petit-fille, nous avons parlé, entre autres, du "silence de la mer".
C'était pour elle un bon souvenir scolaire. Je ne me rappelais pas si je l'avais lu ou pas et comme elle en parlait si bien, je l'ai emprunté.
J'ai trouvé cette nouvelle très puissante.
Le silence comme seule arme contre l'occupant, c'est très fort.
L'indifférence du silence qui peu à peu se lézarde.
Bien sûr, cette stratégie n'aurait pas pu fonctionner avec tout autre que Werner von Ebrennac.
Quant aux autres récits, ils m'ont tellement ennuyée que j'en ai abandonné la lecture.
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