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Citations sur Comment ma femme m'a rendu fou (39)

On ne pouvait m'accuser de pratiquer l'art de la conquête ; à l'encontre des moeurs du temps, c'était Rosa qui m'avait demandé une danse. Ce qui fit de moi le plus grand veinard de tout l'hémisphère Nord, au bas mot. Rosa : j'osais à peine la regarder mais, à un moment donné, je fus bel et bien avec elle sur la piste de danse. Ni dieu ni diable qui comprît comment j'avais mérité ça. Et moi encore moins. J'aurais voulu m'excuser auprès de tous ces garçons qui me regardaient avec envie à travers la fumée de leurs cigarettes Belga. [...] Ensuite, elle a eu chaud, elle a dit qu'elle voulait sortir prendre un peu d'air frais, et m'a demandé de l'accompagner. Jusque là, tous les préliminaires avaient été de son initiative. Le genre entreprenant. Mais à présent, c'était à moi de jouer. Pas besoin de faire le naïf, je savais ce que j'avais à faire. Pas une seule fille ne demande à un garçon d'aller prendre l'air pour des prunes. Et sûrement pas après avoir dansé avec lui. Mais je n'ai rien fait. Je suis resté planté à côté d'elle. Imaginant les questions les plus nulles qu'un garçon puisse imaginer dans des moments aussi cruciaux. Où elle allait à l'école, si elle aimait aller à l'école, quel métier elle pensait choisir et, merde alors, avait-elle la moindre idée si elle voulait avoir des enfants, et si oui, combien... c'était pour ainsi dire ma première soirée, j'avais voulu me montrer un gentleman, montrer que je ne recherchais pas un succès rapide auprès des filles. De tous les grands secrets propres à l'univers féminins de notre espèce souvent répugnante, je pensais en avoir dévoilé un, à savoir que les femmes détestent les types qui se jettent trop vite et de façon trop ciblée sur "la chose".
Rosa s'était bien entendu refroidie entre temps (fallait la réchauffer, imbécile), et a proposé de rentrer. J'ai aussitôt compris que j'avais fichu en l'air avec brio une chance qui m'était offerte sur un plateau d'argent. Elle, qu'a-t-elle bien pu penser ? Que j'aimais les garçons ? Que je ne la trouvais pas assez jolie ? Que j'allais sous peu choisir d'entrer au séminaire, j'étudiais déjà le latin, pas vrai ? Je n'en sais rien, mais l'oiseau s'est envolé et n'est jamais revenu.
(p. 30-31)
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[...] quand on voit ce que ces institutions archaïques coûtent déjà : un mois de salaire moyen ; frais de médecin, médicaments et langes pas le moins du monde compris. Et le linge sale à remettre aux enfants. Et, pour cet argent durement craché, il arrive que l'on reste trois heures sur le carrelage froid si on a le malheur de tomber de son lit ou de son fauteuil, tout simplement parce qu'il y a trop peu de personnel pour jeter régulièrement un oeil dans toutes les chambres. (p. 100)
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Vieillir n'est rien, être vieux c'est plus grave
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un criminologue était justement en train de causer. Il prétendait mordicus que notre capitale était moins en butte à la violence que ce que l’opinion publique nous en racontait. (...) celui qui avait une envie folle de se faire assassiner n’avait rien à chercher dans les déprimantes stations de métro de cette ville. Non, pour un acte bien barbare, il valait mieux encore et toujours convoler en justes noces. La probabilité d’être marié avec son propre assassin était statistiquement beaucoup beaucoup plus grande que celle de se faire occire par un quidam dans une grande ville. Le mariage, dans notre société, restait le milieu criminel numéro un.
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« Je traverse le Styx et j’emporte : un tube de dentifrice (pour le fun), une citation égarée de Joseph Roth, le souvenir merveilleux d’un baiser profond que je n’ai jamais reçu, des miettes de pain, une cosolation meilleure que celle que je peux trouver dans les boules de Berlin, les stances de Tante Hortense… » (p. 69)
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Tous les chemins que ma vie aurait pu prendre ce jour-là, je les ai parcourus en pensée. Mais c’est un exercice mental sans solution, et les dangers de magnifier les destinations manquées sont plus grands qu’on ne l’imagine.
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Je voulais du silence enfin, et être seul avec mes pensées. Ici j’y arrive plus ou moins. C’est le seul endroit où l’on accepte que je sois complètement retiré en moi-même. C’est ma dernière chance.
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Mais à mesure que les années passaient et tombaient les cheveux, j’ai appris à devenir insensible à ses fusillades verbales et à garder mes répliques en poche.
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Si je n'en avait su le fin mot, j'aurais dit qu'il fallait vraiment être un optimiste impénitent pour croire que cette tête inhabitée avait un jour appartenu à une femme superbe. D'une beauté conservée uniquement dans les rêves de ceux qui n'ont pas pu l'avoir.
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Les cinq points qui reviennent le plus souvent dans ce que les mourants se reprochent sont, premièrement, d’avoir trop travaillé. Deuxièmement, qu’ils ont trop vécu selon les attentes des autres. Troisièmement, qu’ils ont négligé les contacts avec leurs amis. Quatrièmement, qu’ils se sont offert trop peu de bonheur. Et cinquièmement, qu’ils ont trop peu exprimé leurs sentiments... Ce cinquième et dernier point ne m’importe pas beaucoup, personnellement, mais je retrouve les grandes lignes de ma vie dans les quatre autres tourments. Le deuxième, surtout...
[...]
Et aussi: j’éprouvais le besoin d’être encore une fois seul avec moi-même. Hors de ce home se trouve un monde où l’on n’a rien d’autre à faire que parler. Parler, parler, parler et encore parler. Et écouter, ou du moins faire semblant d’écouter les gens qui ne font que parler. Et qui parlent et parlent à tort et à travers, tous ensemble. Tu as des devoirs familiaux et autres, ce qui souvent revient de nouveau à parler et écouter, et j’en avais tout simplement plus envie, de toute cette pantomime sociale. Je voulais du silence enfin, et être seul avec mes pensées.
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