"Ce ne sont pas de nouveaux continents qu'il faut à la terre, mais de nouveaux hommes !"
_Ami Conseil, je vous aime beaucoup, mais pas assez pour vous manger sans nécessité.
Le capitaine Nemo s'arrêta sur ces dernières paroles, regrettant peut-être d'avoir trop parlé. Mais j'avais deviné. Quels que fussent les motifs qui l'avaient forcé à chercher l'indépendance sous les mers, avant tout il était resté un homme! Son coeur palpitait encore aux souffrances de l'humanité, et son immense charité s'adressait aux races asservies comme aux individus!
Capitaine NEMO : Il ne faut jamais juger les hommes à la légère.
« Les grandes profondeurs de l’océan nous sont totalement inconnues. La sonde n’a pas su les atteindre. Que se passe-t-il dans ces abîmes reculés? Quels êtres habitent et peuvent habiter à douze ou quinze milles au-dessous de la surface des eaux? Quel est l’organisme de ces animaux? On saurait à peine le conjecturer.
- Remarquez, mon digne Canadien, repris-je, que si un tel animal existe, s’il habite les profondeurs de l’océan, s’il fréquente les couches liquides situées à quelques milles au-dessous de la surface des eaux, il possède nécessairement un organisme dont la solidité défie toute comparaison.
- Et pourquoi cet organisme si puissant ? demanda Ned.
- Parce qu’il faut une force incalculable pour se maintenir dans les couches profondes et résister à leur pression.
- Vraiment ? dit Ned qui me regardait en clignant de l’œil.
- Vraiment, et quelques chiffres vous le prouveront sans peine.
- Oh ! les chiffres répliqua Ned. On fait ce qu’on veut avec les chiffres !
- Quand nous reviendrons sur terre, ajouta Conseil, blasés sur tant de merveilles de la nature, que penserons-nous de ces misérables continents et des petits ouvrages sortis de la main des hommes! Non! Le monde habité n'est plus digne de nous!
Triste journée que je passais ainsi, entre le dessein de rentrer en possession de mon libre arbitre et le regret d'abandonner ce merveilleux Nautilus, laissant inachevées mes études sous-marines.
-Ce que vous croyez être de la viande, monsieur le professeur, n'est autre chose que du filet de tortue de mer. Voici également quelques foies de dauphin que vous prendriez pour un ragoût de porc. Mon cuisinier est un habile préparateur, qui excelle à conserver ces produits variés de l'océan. Goûtez à tous ces mets. Voici une conserve d'holothuries qu'un Malais déclarerait sans rivale au monde, voilà une crème dont le lait a été fourni par la mamelle des cétacés, et le sucre par les grands fucus de la mer du Nord, et enfin, permettez-moi de vous offrir des confitures d'anémones qui valent celles des fruits les plus savoureux.
'' Ah ! si je pouvais ne pas respirer pour laisser plus d'air à monsieur ! ''
Les larme me venaient aux yeux de l'entendre parler ainsi.