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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
énième lecture...mais ça faisait bien 10 ans qu'il n'était pas sorti de ma bibliothèque!

N'est pas idiot celui qu'on croit

Pour Mathis, les mots SONT, la nature est signe, et son lien avec le "surnaturel" qui est une vision très ordinaire des choses pour les scandinaves a ceci de particulier qu'il DEVIENT ce qu'il voit. Les trembles morts qui sont Mathis et Hege, la passée de bécasse qui est comme son double, s'instaure un rapport au langage unique (dialogue avec l'oiseau au moyen de signes écrits par terre) et aux mots (quand il dit Hege est comme l'éclair, le mot éclair efface Hege, n'existe plus que l'éclair et la vision de Mathis dans l'orage)

Plus qu'empathie, le lecteur assiste à une sympathie avec la nature, l'environnement de Mathis tellement profonde qu'elle devient confusion (la voix qui parle au-dedans de Mathis, à qui appartient-elle?)

Qui est responsable des actes de Mathis? L'idiotie n'est pas ici une thématique déclinée par l'auteur, bien au contraire. C'est un conte parce qu'on est perpétuellement dans l'émerveillement (Mathis découvre chaque chose comme s'il ne les avait jamais vues)

C'est un roman qui mériterait des pages et des pages d'analyse... Mais le mieux, c'est de le lire avec son coeur et de se laisser porter nous aussi par notre voix intérieure, même -et surtout- si elle n'use pas de mots pour s'exprimer.
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Voici ma seconde lecture pour mon voyage en Norvège pour le challenge #1mois1paysenlivres organisé par Camille et Valérie.

Voici une lecture qui ma touchée. En effet, Tarjei Vesaas, nous présente un personnage, Mathis, surnommé « le Benêt » avec une telle tendresse et avec un immense respect. Mathis à trente-sept ans et vis avec sa soeur Hege dans une modeste petite maison au bord d'un lac. Il a sa propre perception du monde, de son monde. Il est envahi par ses rêves et ses pensées.

J'ai aimé cette façon qu'à l'auteur de nous faire comprendre que Mathis vit un peu entre deux mondes, le siens et celui qui l'entoure. C'est tellement bien écrit que pour moi en tant que lecteur, la frontière entre ces deux mondes fut parfois bien fine. J'ai aimé me retrouvé coincé dans la tête de Mathis… Qui n'a jamais eu l'impression d'être physiquement à un endroit mais tellement loin coincé dans ses pensées ? C'est ce que vit en permanence Mathis. Il est donc mis à l'écart, exclu… Pourtant le regard qu'il porte sur le monde est emprunt de respect et de sagesse.

C'est surtout le regard qu'il porte sur la nature qui l'entoure, le lien qu'il a avec elle. Les signes qu'il voit, là ou personne d'autre n'ouvre assez grand les yeux pour les voir. Des signes qui peuvent être autant positifs et négatifs, mais il les voit, il les entends et il en tient compte. Comme lorsqu'une bécasse décide tout à coup, tous les soirs de venir voler au-dessus de sa maison. Il se lie d'amitié avec cet oiseau, il y a un côté un peu mystique. Ce que je disais un peu plus haut. Ce que je lis se passe t'il dans le monde concret ou dans celui de Mathis ? Cette question, on peut se la poser tout du long de cette lecture.

Voilà donc une autre belle lecture qui cette fois m'a moins emmené sur les terres norvégiennes, nous ne savons même pas où se situe cette histoire, mais qui m'a permis de découvrir un grand auteur norvégien et un classique de la littérature de ce pays.
Lien : https://readlookhear.blog/20..
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Mattis, a trente sept ans, n'est pas comme les autres, ne voit pas les choses de la même façon. Il est considéré comme simplet. Il vit avec sa soeur Hege, dans un petit village de la campagne norvégienne. Hege travaille sans relâche pour les faire vivre tous les deux. Alors elle insiste afin que Mattis trouve un travail saisonnier, qui leur permette de vivre un peu mieux. Mattis a du mal à se concentrer, attirer par le beau, suivant les oiseaux dans le ciel, fasciné par les baisers d'un couple amoureux...
De telles illuminations et des événements plus fâcheux vont s'enchaîner plongeant Mattis, parfois, dans la félicité, parfois dans l'incompréhension...
Tarjei Vesaas, avec un langage poétique et un style fabuleux, au plus proche de la nature, décrit les relations humaines de manière très subtile et sensible.
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"Les oiseaux" est un roman surprenant. Il se déroule tout d'abord dans une charmante région de lacs étincelants, une région montagneuse de la Norvège à couper le souffle où la nature est omniprésente. Mais une fois que rétrécissent les ombres des arbres majestueux et que se dissipe la brume sur les lacs silencieux, on découvre le coeur du récit construit autour de la relation entre un frère et une soeur qui mènent au premier abord une existence sereine dans la campagne norvégienne. Mattis, un simple d'esprit, passe ses journées à s'évader dans son propre monde et réfléchit aux éléments qui le différencient des autres habitants de son village où il vit dans un chalet au bord d'un lac avec sa soeur Hege qui tricote des pulls pour subsister. Inapte aux travaux agricoles en raison de sa lenteur d'esprit, de son manque de sociabilité et parce que « ses doigts n'[exécutent] pas ce qu'ils [doivent] faire », Mattis est amèrement conscient de son inadaptation. Il aspire secrètement à être aussi sage, aussi fort et aussi travailleur que les autres habitants du village, mais il a du mal à les comprendre et à saisir la réalité du monde. « Pourquoi que les choses sont comme ça ? » est le genre de questions déconcertantes qu'il pose à Hege et qui les amènent à se quereller, mais ils se tolèrent parce qu'ils n'ont guère le choix : Mattis dépend de Hege pour vivre et Hege, n'imaginant pas l'abandonner, a accepté cette vie au service de son frère.
"Les oiseaux" posent un regard tendre et chaleureux sur ceux qui sont en marge de la normalité, et un mélange d'émotion s'est emparé de moi tout au long du récit, principalement à cause de Mattis. Il m'a fait rire, m'a attristé, m'a fait enrager en découvrant le monde tel qu'il voit et en constatant nos différences de perception et d'interprétation. J'ai aussi ressenti une certaine sympathie pour Hege, coincée avec son frère, aspirant à un peu de joie ou de romance dans sa vie.
Échouant à trouver un sens à la vie dans sa relation avec sa soeur ou avec ses concitoyens, Mattis en trouve dans les manifestations naturelles où le temps se dissout dans l'air dès que la bécasse survole le chalet en laissant derrière elle une traînée de lumière rayonnante empêchant l'orage de venir avant de glisser sur les branches enchevêtrées des trembles jumeaux qui gardent le jardin. Un monde où il peut articuler des remarques pleines d'esprit pour flirter avec une fermière, s'inventer un métier de passeur pour les gens qui veulent aller d'une rive à l'autre du lac, rencontrer deux sirènes espiègles emprisonnées dans leur corps de femmes et inventer un système pour lire le langage des oiseaux.
« Tu es toi, dit une voix au-dedans de lui. du moins est-ce ce qu'il entendit.
C'était dit en langage d'oiseau, écrit en écriture d'oiseau. »
Le besoin humain d'établir des liens qui font tomber les barrières entre l'isolement individuel et l'appartenance collective est inscrit partout dans les actions de Mattis. Mais Tarjei Vesaas transforme le thème rebattu de l'inadapté face à une société inflexible grâce à une narration séduisante qui entremêle des images de nature belle ou menaçante avec des allusions symboliques ou oniriques, véritables pépites littéraires. Cette tapisserie astucieuse de Vesaas génère une tension aussi épaisse que le brouillard, qui se reflète sur le lac où Mattis range ses rêves, ses désirs et ses craintes.
La nature peut être aussi belle que mortelle, un éclair peut foudroyer les trembles, une bécasse peut devenir le héraut d'une langue secrète, le lac une personnalité envoûtante et menaçante, la barque de Mattis peut faire entrer le bucheron Jörgen dans la vie de Hege et détruire en un clin d'oeil le fragile écosystème que Mattis a construit avec tant d'assiduité au fil des ans. L'écriture dépouillée de Vesaas et le mélange troublant de tendresse et d'appréhension qu'il donne à la narration continueront longtemps de m'habiter.
Un texte d'une étonnante beauté qui me fera regarder différemment la danse solitaire des oiseaux au-dessus des lacs ou des forêts.
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Les oiseaux du Norvégien Tarjei Vesaas est une onde sensible coulant dans les méandres de notre coeur en suspend de la pureté des songes demeurant à l'intérieur de l'âme de notre héros Mattis, perdu dans ses réflexions.
Ce roman posé sur une étale d'un libraire chante une mélopée sourde lorsque mon regard caresse sa première de couverture, je le prends intrigué, mes doigts glissent sur ce livre, le quatrième de couverture lu, je le garde pour ensuite le payer et le ramener chez moi , mais l'histoire est plus belle lorsque quelque jour plus tard dans une autre librairie je touche du doigts un livre de poche qui m'attire, le titre le palais de glace, et quel fut ma surprise de découvrir l'auteur Tarjei Vesaas, deux livres du même auteur reste une troublante coïncidence.
Ce roman flâne les errances d'un jeune homme trentenaire, Mattis un personnage attachant, ressemblant à Lennie Des souris et des hommes, ces personnages idiots souvent présent dans la littérature. Cet adulte, surnommé « la Houpette » erre dans ce roman divisé en trois parties, faisant le récit des anecdotes futiles dans le regard de ce jeune personnage aux pensées vagabondes.
Mattis habite avec sa soeur ainée Hege dans une petite maison au bord d'un lac, isolé du village, elle tricote toute la journée pour subvenir à leur besoin, Mattis flâne dans la nature avec ses pensées incertaines, ses errances le rend différent des autres, tout est propice à des symboles concernant sa destinée, une passée de Bécasse, la foudre, tout le bouleverse, tout semble dessiner une nouvelle route pour lui, son destin semble lié avec l'invisibilité du paysage le caressant, son âme pure, en proie au doute respire la simplicité environnante, l'être humain le complexe, l'homme en lui se sépare, s'étire, explose dans une demande. Sa confusion l'empêche de pouvoir s'exprimer avec les hommes, tout se bouscule en lui, trop de questions, trop de mots se bousculent, Mattis perd le fil de la conversation, sa concentration s'évapore, Mattis devient fragile puis se referme en lui pour devenir un enfant effrayé comme avec les orages, se cachant dans la maisonnette servant de toilettes.
Chaque moment que traverse Mattis l'invite à réfléchir, tout le monde a du mal à le comprendre, et chacun rompt la conversation avec lui, même sa soeur, l'aimant en se sacrifiant pour le protéger. Chaque travail trouvé pour monter à sa soeur qu'il est un homme s'effrite, Mattis se perds dans ses pensées puis sa concentration s'échappe, comme avec le démariage des raves, travail d'une journée chez un paysan qu'il n'arrive à faire, contrarié par ses pensées, Mattis se consume en lui pour disparaitre, la mort de la Bécasse le contrarie, le changement de comportement de sa soeur en la présence d'un homme, tout bouleverse notre Mattis, cet être si hypersensible.
Tout lui en mute, désirant devenir un adulte, plus responsable, devant passeur sur le lac, métier que sa soeur lui propose, c'est le seul endroit où ses pensées le laissent en paix lorsqu'il rame droit, coupant l'eau en ligne droite, il est passeur.
Ce roman est une triple voix, celui indirect avec ce « il », et le « je » de Mattis, ses pensées et sa propre voix, dans les dialogues avec les autres personnages, ce style perturbe car s'entremêle les raisonnements et les pensées de notre Mattis, le lecteur est au coeur de l'âme pure de notre jeune homme encore un enfant, celui qui aime manger des bonbons au camphre.
L'idiot de Dostoïevski les deux héros se ressemble dans leur naïveté mais dans ce roman tout est perçu à travers notre jeune homme, tous les autres personnages sont le miroir du regard de notre Mattis, Hege est figé du ressentiment de Mattis, les jeunes filles rencontrées Anna et Inger aussi lors de la baignade et du tour de barque, le bucheron aussi Jörgen.
Tout ce roman respire la pureté simple de ce jeune homme, aimant cette nature, écoutant les oiseaux, pouvant leur parler, répondre à l'invisible, Mattis est un enfant voulant se défendre de devenir un homme, il reste là dans sa béatitude de petites choses l'animant. Il perçoit l'insondable, veut suivre son instinct qui semble être le bon, chaque destinée est liée à des anecdotes, une passée de Bécasse, la foudre, un mal de ventre, sa destinée est être passeur pour sa soeur lui apportant l'amour et la paix.
Certain parle de symbolisme, je dirais juste que ce roman est une poésie par la simplicité de la nature qui embrase les sens de notre Mattis, un homme attachant et troublé des hommes qui le rend fragile et craintif, l'homme se perd, Mattis est la simplicité même, une douceur de vie.
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Les Oiseaux est un livre très touchant, qui nous offre une opportunité de nous mettre pour quelques instants dans la peau de Mattis. Mattis n'est pas comme la plupart des autres habitants de son village, ni comme sa soeur. A ses yeux, ils sont tous très "futés", et c'est quelque chose qui l'impressionne. On comprend assez vite, bien sûr, que Mattis souffre d'un handicap, bien que l'on ne sache pas lequel et que, dans le fond, cela n'importe pas vraiment.

L'écriture est extrêmement fluide, poétique, et permet sans aucune difficulté de se projeter dans le quotidien de Mattis, et de percevoir depuis ses yeux le jugement de la société, la peur de l'inconnu, la perte de repères, son analyse des émotions et de son environnement.

J'ai trouvé Les Oiseaux très beau et plein d'humilité. Difficile de ne pas ressentir beaucoup d'émotions pour Mattis comme pour Hege, sa soeur (très) dévouée. J'ai aussi beaucoup aimé la présence de la nature dans le livre, qui est presque un personnage à part entière, avec lequel Mattis dialogue énormément. Je l'ai refermé avec un bouillonnement d'émotions et, je le crois, un regard différent sur le handicap.
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