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Citations sur L'écume des jours (538)

L'administration donnait beaucoup d'argent à Colin, mais c'était trop tard. Il devait, maintenant, monter chez des gens, tous les jours. On lui remettait une liste et il annonçait les malheurs un jour avant qu'ils n'arrivent.
Tous les jours, il se rendait dans les quartiers populeux ou bien dans les beaux quartiers. Il montait des tas de marches. Il était très mal reçu. On lui lançait à la tête des objets lourds et blessants, et des mots durs et pointus, et on le mettait à la porte. Il touchait de l'argent pour cela et donnait satisfaction. Il conserverait ce travail. La seule chose qu'il pouvait faire, c'était cela, se faire mettre à la porte.
La fatigue le tenaillait, lui soudait les genoux, lui creusait la figure. Ses yeux ne voyaient plus que les laideurs des gens. Sans cesse, il annonçait les malheurs à venir. Sans cesse on le chassait, avec des coups, des cris, des larmes, des injures.
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Elle essaya de se tenir debout toute seule et chancela. Colin la rattrapa et elle l'entraîna dans sa chute sur le lit.
- Je suis bien comme ça, dit Chloé. Reste contre moi. Cela fait si longtemps que nous n'avons pas couché ensemble!
- Il ne faut pas, dit Colin.
- Si, il faut. Embrasse-moi. Je suis ta femme, oui ou non?
- Oui, dit Colin, mais tu ne vas pas bien.
- C'est pas ma faute, dit Chloé et sa bouche frémit un peu, comme si elle allait pleurer.
Colin se pencha vers elle et l'embrassa très doucement, comme il eût embrassé une fleur.
- Encore, dit Chloé. Et pas seulement ma figure... Tu ne m'aimes plus alors? Tu ne veux plus de femme?
Il la serra fort dans ses bras. Elle était tiède et odorante. Un flacon de parfum, sortant d'une boîte capitonnée de blanc.
- Oui, dit Chloé en s'étirant... encore...
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La porte claqua derrière lui avec le bruit d'une main nue sur une fesse nue... Ca le fit tressaillir...
- Je veux penser à autre chose... Supposons que je me casse la gueule dans l'escalier...
Le tapis de l'escalier, mauve très clair, n'était usé que toutes les trois marches : en effet, Colin descendait toujours quatre à quatre. Il se prit les pieds dans une tringle nickelée et se mélangea à la rampe.
- Ca m'apprendra à dire des conneries. c'est bien fait. Je, tu, suis, est-il bête!...
Il avait mal au dos. Il comprit pourquoi en arrivant en bas et retira une seringue entière du col de son pardessus.
La porte extérieure se referma sur lui avec un bruit de baiser sur une épaule nue...
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Colin terminait sa toilette. Il s’était enveloppé, au sortir du bain, d’une ample serviette de tissu bouclé dont seuls ses jambes et son torse dépassaient. Il prit à l’étagère, de verre, le vaporisateur et pulvérisa l’huile fluide et odorante sur ses cheveux clairs.
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Il paraît, en effet, que les masses ont tort, et les individus toujours raison.
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Il la prit sur ses genoux. De nouveau, il se sentait complètement heureux.
"Je t'ai déjà dit que je t'aimais bien en gros et en détail.
-Alors, détaille", dit Chloé, en se laissant aller dans les bras de Colin, câline comme une couleuvre.
(Chap.XXV)
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L'écume des jours (extraits)



*** Colin se présente pour un emploi ***
- Alors?... dit le directeur.
- Eh bien, voilà!... dit Colin.
- Que savez-vous faire? demanda le directeur.
- J'ai appris des rudiments..., dit Colin.
- Je veux dire, dit le directeur, à quoi passez-vous votre temps?
- Le plus clair de mon temps, dit Colin, je le passe à l'obscurcir.
- Pourquoi? demanda plus bas le directeur.
- Parce que la lumière me gène, dit Colin.
- Ah!... Hum!... marmonna le directeur. Vous savez pour quel emploi
on demande quelqu'un, ici?
- Non, dit Colin.
- Moi non plus..., dit le directeur. Il faut que je demande à mon
sous-directeur. Mais vous ne paraissez pas pouvoir remplir l'emploi...
- Pourquoi? demanda Colin à son tour.
- Je ne sais pas..., dit le directeur.
Il avait l'air inquiet et recula un peu son fauteuil.
- N'approchez pas!... dit-il rapidement.
- Mais... je n'ai pas bougé..., dit Colin.
- Oui..., oui..., marmonna le directeur. On dit ça... Et puis...
(...)
*** Entre le sous-directeur portant un dossier sous le bras ***
- Vous avez cassé une chaise, dit le directeur.
- Oui, dit le sous-directeur.
Il posa le dossier sur la table.
- On peut la réparer, vous voyez...
Il se tourna vers Colin.
- Vous savez réparer les chaises?
- Je pense..., dit Colin désorienté. Est-ce très difficile?
- J'ai usé, assura le sous-directeur, jusqu'à trois pots de colle
de bureau sans y parvenir.
- Vous les paierez! dit le directeur. Je les retiendrai sur
vos appointements...
- Je les ai fait retenir sur ceux de ma secrétaire, dit le sous-directeur.
Ne vous inquiétez pas, patron.
- Est-ce, demanda timidement Colin, pour réparer les chaises que vous
demandiez quelqu'un?
- Sûrement! dit le directeur.
- Je ne me rappelle plus bien, dit le sous-directeur. Mais vous ne
pouvez pas réparer une chaise...
- Pourquoi? dit Colin
- Simplement parce que vous ne pouvez pas, dit le sous-directeur.
- Je me demande à quoi vous l'avez vu? dit le directeur.
- En particulier, dit le sous-directeur, parce que ces chaises sont
irréparables, et, en général, parce qu'il ne me donne pas l'impression
de pouvoir réparer une chaise.
- Mais, qu'est-ce qu'une chaise a à faire avec un emploi de bureau? dit Colin.
- Vous vous asseyez par terre, peut-être, pour travailler? ricana le directeur.
- Mais vous ne devez pas travailler souvent, alors renchérit le sous-directeur.
- Je vais vous dire, dit le directeur, vous êtes un fainéant!...
- Voilà..., un fainéant... approuva le sous-directeur.
- Nous, conclut le directeur, ne pouvons, en aucun cas, engager un fainéant!...
- Surtout quand nous n'avons pas de travail à lui donner..., dit le sous-directeur.
- C'est absolument illogique, dit Colin abasourdi par leurs voix de bureau.
- Pourquoi illogique, hein? demanda le directeur.
- Parce que, dit Colin, ce qu'il faut donner à un fainéant, c'est justement
pas de travail.
- C'est ça, dit le sous-directeur, alors, vous voulez remplacer le directeur?
Ce dernier éclata de rire à cette idée.
- Il est extraordinaire!... dit-il.
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- Qu'est-ce que vous faites dans la vie, vous? demanda le professeur.
- J'apprends des choses, dit Colin. Et j'aime Chloé.
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Colin possédait une fortune suffisante pour vivre convenablement sans travailler pour les autres, et Chick devait aller tous les huit jours au ministère voir son oncle et lui emprunter de l'argent car son métier d'ingénieur ne lui rapportait pas de quoi se maintenir au niveau des ouvriers qu'il commandait, et c'est difficile de commander à des gens mieux habillés et mieux nourris que soi-même.
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Ils se rangèrent en arrivant à l'extrémité droite de la piste, pour laisser place aux varlets nettoyeurs, qui, désespérant de récupérer dans la montagne de victimes autre chose que des lambeaux sans intérêt d'individualités dissociées, s'étaient munis de leur raclette pour éliminer le total des allongés, et fonçaient vers un trou à raclures en chantant l'hymne de Molitor, composé en 1709 par Vaillant-Couturier et qui commence ainsi :

Messieurs et Mesdames,
veuillez évavuer la piste,
(s'il vous plaît)
pour nous permettre de
procéder au nettoyage...

Le tout ponctué de coups de clackson destinés à entretenir au fond des âmes les mieux trempées, un frisson d'incoercible terreur.
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