Je ne suis pas triste. Mais il y a un vide à l'intérieur de moi, qui bat et couple le souffle. Je suis absente à moi-même.
Attendre sans rien demander. Attendre un homme qui n'a rien promis.
Je suis toujours passée à côté des hommes, je les ai aimés trop tôt, trop vite ou trop tard.
Alors j'ai pensé que ma vie n'aurait plus jamais de sens si elle devait être privée de cet homme, j'ai pensé que jamais plus je ne pourrais rire, ni parler, ni marcher, si cet homme devait me quitter.
J'étais pour ma part convaincue d'une chose : par définition l'amour emporte, accapare, renverse, et rien d'autre ne vaut la peine.
J'ignore s'il est difficile de quitter quelqu'un qu'on aime mais je sais combien il est difficile de perdre quelqu'un.
Comment avez-vous aimé ? N'avez-vous jamais regardé une femme, avec insistance, pour qu'elle vous regarde aussi ? N'avez-vous jamais suivi une femme dans la rue, en espérant qu'elle se retourne ou qu'elle s'arrête ? N'avez-vous jamais rêvé de rencontrer une femme en achetant un pyjama, en descendant votre poubelle, ou au fond d'un bar désert ? N'avez-vous jamais désiré une histoire comme on en voit dans les films, cette facilité, cette évidence ? N'avez-vous jamais cherché à lire le hasard, à détourner les coïncidences ? N'avez-vous jamais imaginé des retrouvailles fortuites, des dialogues spirituels, et la violence du désir ?
Je cherche autour de moi une issue dérobée qui me permettrait d'échapper une fois pour toute à la réalité effective des choses.
Je sais que le manque prend parfois toute la place.
C'était peu et c'était beaucoup. C'était peu et c'était toute ma vie.