« Vieillir, c'est apprendre à perdre.
Perdre la mémoire, perdre ses repères, perdre ses mots. Perdre l'équilibre, la vue, la notion du temps, perdre le sommeil, perdre l'ouïe, perdre la boule.
Perdre ce qui vous a été donné, ce que vous avez gagné, ce que vous avez mérité, ce pour quoi vous vous êtes battu, ce que vous pensiez tenir à jamais.
Se réajuster.
Se réorganiser.
Faire sans.
Passer outre.
N'avoir plus rien à perdre. »
C'est avec une émotion intense que j'ai lu «
Les gratitudes ».
La vieillesse et son naufrage y est contée, mais aussi, malgré tout, le désir de gratitude.
Dire merci à ceux qui nous ont fait du bien, dire merci à ceux qui ont été là, dire merci avant qu'il ne soit trop tard.
La dame dont on parle dans ce roman perd peu à peu la parole, le sens des mots, mais elle est toujours lucide, et voudrait remercier un couple qu'elle n'a plus vu depuis qu'elle était enfant.
Marie, la jeune voisine qu'elle a prise sous son aile depuis son enfance, et Jérôme, l'orthophoniste de la maison de retraite, l'y aident. Ils sont là.
J'ai accompagné cette vieille dame sur la pente fatale, et j'ai pleuré.
Ce livre est bouleversant, il remet chaque lecteur à sa place, il lui fait opérer un retour sur sa propre vie.
J'ai pleuré car j'ai pensé à mes parents, à maman qui nous a quittés il n'y a pas si longtemps, à papa qui reste seul et que je ne veux pas perdre.
Et pourtant…
« Parfois il faut assumer le vide laissé par la perte.
Renoncer à faire diversion. Accepter qu'il n'y a plus rien à dire.
Lui prendre la main. »