Touchée en plein coeur. j'aime
Delphine de Vigan, l'auteure et la femme. Touchante et enveloppante, intelligente, hypersensible, humble, attentive bref l'amie que l'on aimerait avoir.
Dans ce roman : La vieillesse et sa fatalité, thème universel mais traité avec tellement de subtilité, d'élégance et de sensibilité qu'une aura particulière s'en dégage.
C'est l'histoire de l'attachante Michka, personne âgée qui perd progressivement ses mots (elle devient aphasique ), ses capacités mnésiques, son corps mais pas sa lucidité.
Sa solitude a un goût métallique et synthétique de téléalarme.
Placée dans une maison de retraite, elle est épaulée par sa jeune amie Marie et Jérôme son orthophoniste. Leur sollicitude sera un rempart à sa détresse.
Surgit régulièrement la directrice de l'établissement figure caricaturale de ce système parfois abusif dont le rendement et la performance sont le seul leitmotiv.
Michka vibre, enfin, elle voudrait encore vibrer sauf que ses envies, ses désirs ses espoirs sont désormais cadenassés et ont basculés dans une zone de non-droit. le temps, ce tueur légitime, a nettement amoindri ses possibilités, ses espérances. Sa pulsion de vie ne trouve plus suffisamment d'écho dans son corps, dans sa psyché, dans ses sens, essoufflés, s'exprimant à bas régime.
L'auteure met ses mains dans la glaise pour sculpter un portrait de la vieillesse et ses errances avec grâce et réalisme.
Le regret de ce que l'on fut, la peur de ce que l'on devient, la nuit devant soi.
Quel espoir quand tout se déglingue et que la seule vision de l'avenir est le mur inévitable du destin ? : La compassion.
Contre la fatalité du vieillissement on ne peut pas grand chose si ce n'est un regard, une écoute chaleureuse et des actes et gestes compatissants, de l'amour donc.
Delphine de Vigan nous transporte, non sans humour, dans son monde sensible avec pudeur et réserve, elle explore la perte d'autonomie, la perte de soi dans un récit émouvant ponctué de dialogues touchants et drôles.
Très beau.