De Delphine de Vigan, je n'avais lu que «
Les heures souterraines », qui m'avait donné l'envie de continuer à découvrir cet auteur. Après avoir lu «
No et moi », je ne peux que vous inciter à me suivre !
« No », c'est Nolwenn. Elle a 18 ans, elle vit dans la rue. Écorchée, rebelle. « Moi », c'est Lou Bertignac. 13 ans, petite de taille mais entourée de grands car elle est « intellectuellement précoce », ce qui lui a permis de sauter deux classes. Entre les deux, Lucas. Il est dans la classe de Lou, mais avec deux ans de retard, lui.
Pour un cours, Lou s'est engagée à preparer une présentation sur les sans-abris. C'est ainsi qu'elle rencontre No, par hasard. Une relation se noue entre les deux filles. No est méfiante comme un chat sauvage. Lou est maladroite: imaginez un comportement régi par une intelligence d'adulte et des émotions pré-adolescentes. Elle se met en tête de sortir No de la rue.
Les deux filles vivent chacune dans un milieu familial compliqué. Pour No, pas besoin de faire un dessin: elle est dans la rue, après avoir été placée en famille d'accueil à l'âge de 12 ans. Lou vit dans un cocon tissé par des parents qui l'affectionnent, mais c'est tout de même compliqué parce ce que sa mère vit une grave dépression après la perte d'un enfant. Et pour Lucas, c'est compliqué aussi: ses parents, séparés, le laissent vivre seul dans un appartement. On comprend qu'il se rebelle contre son école. Marginal, il se rapproche de Lou, marginale elle aussi, même si c'est un autre type de marginalité. Il va aider Lou dans ses tentatives d'améliorer le sort de No.
Il se dégage beaucoup d'émotion des portraits de ces trois jeunes et de leurs interactions. Je me suite vite laissé gagner par une empathie qui m'a souvent donné du mal à lâcher le livre, tant j'avais envie de savoir comment chacun des trois jeunes allait évoluer face aux différentes situations.
Un très beau livre sur l'importance de l'entourage de la famille et des proches dans le développement d'un jeune. Dit comme ça, c'est un lieu commun, j'en conviens. Mais ces trois jeunes ne sont malheureusement pas des cas rares. Alors, je ne me lasserai pas de remercier l'auteur de tout récit qui peut taper sur le clou, pour conscientiser encore et encore. Et surtout si ce récit est une belle pièce de littérature.
Mais il y a d'autres richesses dans ce livre: une sensibilisation aux difficultés des surdoués, ou encore une description très poignante de l'étau de drogue ou d'alcoolisme qui emprisonne les marginaux qui ont eu le malheur d'y succomber.
Lisez donc. Sur le coup, au premier degré, c'est prenant, énergique, souvent drôle. Une lecture plaisante. Les idées noires, de colère face à de telles situations, n'arrivent qu'après, quand on y repense à froid. J'aime beaucoup ces livres qui continuent à faire de l'effet après qu'on les ait refermés ! Je vais laisser
Delphine de Vigan sur ma pile, assurément !