Une puissante et angoissante psychose de la fin de tout s’est emparée de lui. Et rien ni personne n’a réussi à le convaincre que vieillir a du charme.
Ce jeu qui consiste à passer les auteurs en revue et à analyser pourquoi jamais aucun n'a remis un vrai chef-d'œuvre en entraîne un autre encore plus pervers : se poser une douloureuse question, à savoir si l'auteur génial tant recherché n'a pas toujours été en fait lui-même et aussi s'il n'est pas devenu éditeur pour chercher ce talent magistral uniquement chez les autres et pouvoir ainsi oublier le cas dramatique que constitue sa personnalité, si rétive à l'écriture, sans parler de génie. Il est très possible qu'il soit devenu éditeur pour se dérober, pour rendre autrui responsable de sa déception et pas seulement lui-même.
Il sent immédiatement qu'il est obligé de se contredire et de se rappeler qu'il est devenu éditeur parce qu'il a toujours été un lecteur passionné. Il a découvert la littérature en lisant Marcel Schwob, Raymond Queneau, Stendhal et Gustave Flaubert. Il est devenu éditeur après une longue période – noire, selon lui, aujourd'hui – où il a trahi ses premières amours littéraires et ne s'est mis à lire que des romans où les héros gagnaient plus de cent mille dollars par an.
Il appartient à la lignée de plus en plus clairsemée des éditeurs cultivés littéraires.
Impossible de se sentir mieux. Il a obtenu ce qu'il cherchait:commencer à tomber de l'autre côté.
Pour lui, le monde anglais c'est le début de la différence, de l'exotisme.
Moi, je crois que même dans l'au delà, il pleut toujours.