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3,38

sur 152 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« Avant de devenir
Un humain appelé Vilas
Il a été un silence cosmique.
Avant de devenir
L'homme le plus grand de mon enfance
C'était un inconnu
Maître de notre vérité, il l'a emportée très loin
Les morts attendent notre mort s'ils attendent quelque chose.
Je trinque à ton mystère. »
Manuel Vilas tente de percer, dans ce récit autobiographique qui touche à l'universel, le brouillard, parfois opaque, entourant les pères et les mères. À l'aube de la cinquantaine, l'auteur part sur papier à la recherche de ses entités parentales, le père, ancien voyageur de commerce mort en 2005 et la mère, femme au foyer, morte en 2014. En de brefs chapitres, l'auteur convoque ses souvenirs d'enfance, s'ingéniant à restituer un passé depuis longtemps révolu à l'aide d'objets, de photos et de contacts plus ou moins convaincants avec les survivants d'une famille disloquée. À de nombreuses reprises, son propos a trouvé écho dans mes réflexions sur la mort et le deuil des proches parents.
Fuyant ostensiblement les enterrements rapprochés d'une parentèle de plus en plus éloignée, Manuel Vilas, nouvellement divorcé, s'interroge aussi sur le sort qui l'attend dans la vieillesse et sur l'intérêt que ses enfants lui porteront avec le temps, le confrontant ainsi à sa propre déficience en tant que fils.
Le texte agit comme un miroir et l'on ne peut que se projeter dans ce récit hautement triste et touchant. J'accorde trois étoiles à cet ouvrage qui a malheureusement basculé trop souvent dans la répétition.
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Ordesa, c'est une montagne à gravir. Il m'aura fallu du temps, des pauses nombreuses, pour reprendre mon souffle et admirer le paysage. Il a fallu parfois que je m'encourage pour ne pas abandonner. Et puis finalement je suis arrivée au bout de cette ascension, contente et émue.
Ordesa est un livre exigeant, qui se mérite. Mais qui a de nombreuses qualités.
Manuel Vilas est un poète espagnol et il y a dans ce roman des phrases sublimes, de celles qu'on note pour ne pas les oublier. C'est un tombeau pour ses parents disparus, des gens simples, qui se sont aimés et qui l'ont aimé sans le dire. Sans savoir le dire. Alors il met des mots. Des mots sur cette condition d'orphelin de 50 ans. Sur son divorce un peu et sur ses fils qui reproduisent ce que lui a vécu avec sa mère. Les coups de fil qui n'arrivent jamais au bon moment. Un amour incommensurable dont on ne sait pas quoi faire.

Ordesa a reçu un grand nombre de prix. En lisant les premières pages j'étais un peu désarçonnée. Mais j'ai persévéré pressentant des fulgurances. C'est certainement un grand livre. Certainement un livre qui laissera une trace dans ma mémoire. Cependant, sa lecture est ardue, et il m'a malgré tout manqué un peu de légèreté et une once de romanesque.
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✩ Présélection jury Grand Prix des lectrices ELLE 2020 ✩

"Il songe a présent à cette classe moyenne, à ce type d'auteur qui empeste l'échec et qu'on évoque également comme "le garçon qui se débrouille bien", sauf que le garçon en question a déjà plus de cinquante ans. Mais peu importe, car le monde entier, globalisé, s'achemine vers des lieux où les hiérarchies sont versatiles, misérables, déliquescentes, et puent le vieux, des lieux où, au bout du compte, plus rien ne signifie rien, et ça, c'est nouveau."

Mieux vaut être prévenu, si vous ouvrez Ordesa, c'est pas très cotillons comme lecture...

Manuel Vilas a la cinquantaine franchement dépressive, un peu alcoolique, et fait avec Ordesa le constat de son incapacité à faire le deuil de ses parents, lesquels lui ont transmis pour seul héritage le sentiment d'incarner l'échec dans la société espagnole.

Dans un récit chaotique, fait de pastilles de souvenirs accolées sans ordre les unes aux autres, Manuel Vilas se livre dans une impudeur brute, met au jour la détresse et le désespoir d'un homme qui n'a pas su, ou pu, communiquer avec ses parents, et qui, peut-être pour cette même raison, ne sait pas comment vivre sans eux.

Pas de résilience donc, mais de la rage, des cris, des larmes et une forme de sarcasme qui met un peu mal à l'aise tant il est l'expression d'un mal être qui ronge son auteur.

En revenant sur l'histoire (compliquée) de ses parents, Manuel Vilas évoque aussi l'histoire de son pays et celle d'une classe moyenne basse invisible, ces millions d'hommes et de femmes qui n'auront laissé aucune trace dans l'histoire, pas même une tombe pour s'y recueillir.

Manuel Vilas livre le malaise de ces laissés pour compte: "L'Espagne n'a rien donné à mes parents. Ni l'Espagne franquiste, ni l'Espagne monarchique".

Un sujet passionnant, donc, mais alourdi à mon sens par la détresse de l'auteur, sa rage non maîtrisée, à laquelle on essaie de s'accrocher, sans pouvoir, à mon sens vraiment s'identifier.

Il est délicat cependant de se prononcer définitivement tant il est certain que les niveaux de lecture de ce récit sont nombreux, dont l'accès dépend probablement de l'histoire personnelle et de l'empathie de chaque lecteur.

A titre personnel, je me suis trouvé peu d'atomes crochus avec cet auteur, sentiment renforcé par une écriture typique de la littérature espagnole, ou sud-américaine: très ampoulée, imagée... à laquelle je préfère l'épure, ainsi qu'une construction saccadée, volontairement incohérente, qui m'ont rendu le tout assez pénible, pour dire vrai.

Tant pis pour moi, mais il est certain que ceux qui sauront passer la forme pour entrer en contact avec l'auteur trouveront là le récit poignant d'un homme blessé.
Lien : https://chatpitres.blogspot...
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"Ordesa" de Manuel Vilas
Un ouvrage de plus à ajouter à la collection " Comment suis-je arrivé à lire ce livre jusqu'au bout ?" Avec la mention complémentaire "Surtout en période de confinement "
Un livre sur un deuil impossible, sur le vide laissé par la perte de ses parents. le moindre objet, le plus banal épisode de la vie courante se transforment en signes de l'au-delà.
Si le mot "mort" est omniprésent dans ce livre ce n'est que pour mieux décrire la vie des petites gens dans l'Espagne de Franco.
Ce livre a été un phénomène de librairie, je n'en suis pas une ...
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Ordesa est le nom d'une vallée des Pyrénées d'une beauté saisissante et où le père du narrateur aimait se rendre en voiture.

Ordesa est un livre autobiographique et assez original qui a connu un succès important l'année dernière en Espagne. Ils en sont à la 15ème édition.

C'est un livre écrit sans pudeur mais avec une émotion profonde par le fils Manuel Vilas, lequel vers 50 ans perd sa mère (père déjà décédé), affronte un divorce, a des soucis de travail et avec l'alcool et s'éloigne chaque jour un peu plus de ses deux garçons.
Ceci le pousse à chercher une catharsis en écrivant un livre sur l'amour immense qui lui inspiraient ses parents, bien que jamais il le leur a dit ouvertement. Eux non plus.
Mais il se remémore combien il était fier de la beauté physique de ses parents et combien il était fier de parader à leur côté, spécialement du père.
C'était une famille originale. Chaque membre enfermé dans sa bulle. Peu d'échanges.
Tous ces non-dits font que, à plus de 50 ans, il ressent le besoin de leur écrire cette ode d'amour, mais sans rien cacher ni éluder.

Le message de ce livre est universel, d'où un tel succès. C'est le portrait assez juste d'une certaine Espagne des années 1960-70 dans la ville de Saragosse; et ce récit émeut parce qu'il symbolise quelque part le naufrage d'une classe moyenne espagnole au cours des deux dernières décades.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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