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3,38

sur 152 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
«  Ma mère était infinie, ma mère était le présent » .
«  Mon père était un artiste . Il avait du style. »
«  le passé est porteur de joie. le passé est un ouragan » .
Trois courts extraits de cet autoportrait brut sans fard, ni tabou, pétri d'humour et d'ironie d'un écrivain confronté à la douleur de la disparition de ses parents : véritable LETTRE D'AMOUR .
Un ouvrage difficile d'accès quelque part : un chaos narratif marquant pour le lecteur obligé de se concentrer, chaos aux souvenirs multiples , ravivés par une tendresse intense doublée d'une terrible culpabilité d'avoir fait incinérer son père le 19 décembre 2005.
«  À la mort de mes parents ,ma mémoire est devenue un fantôme irritable , effrayé , enragé » .
L'auteur a hérité de quelques rares photos jaunies de ses défunts parents.
Souvenirs anciens , enchanteurs de l'eau de Cologne de sa mère , «  Une femme drame » , des volutes formées en coeur par les cigarettes de ses géniteurs , des originaux pour l'époque , ils n'allaient jamais à la messe ….ce qui ne convenait guère , il faut l'avouer , en Espagne dans les années 60 et 70.
Souvenir ému de la Siat 600 : «Motif d'espoir athée et matériel » , des costumes de représentant de son père , de la silhouette paternelle au cours de l'été 69 : Ordesa, Ordesa, la couleur jaune , d'une vallée des Pyrénées où l'auteur passait enfant , ses vacances .
En 2015 , assailli par la nostalgie ,la culpabilité l'auteur décide de passer un scanner cérébral, et sans résultats , tout était normal, entame donc la rédaction de ces pages ,magnifiques , tantôt désespérées, tantôt amères , impudiques parfois, déchirantes , prenant aux tripes , incroyablement poétiques , une magie de mots qui peuvent désarmer , bien sûr .
«  Puisque j'ai fait brûler le corps de mon père, je n'ai pas d'endroit où le retrouver , si bien que j'en ai inventé un ; l'écran de cet ordinateur » .
De réminiscences en odeurs différentes , multiples contextes , de notes , de degrés , de sensations nombreuses, le lecteur remonte le temps jusqu'aux années 60 , de l'Espagne franquiste à la monarchie actuelle , partage le vécu d'une famille de « classe moyenne basse » profondément marquée par la guerre civile , tentant bien sûr d'aspirer à un confort évident , souvent oubliée par la prospérité .
Une Espagne cachée , enfouie ,à l'image de la vie de ses parents que l'auteur convoque au fil des pages , comme un tout petit enfant lâcherait la main des êtres qui l'ont vraiment aimé !

Cri de détresse. , archives encombrées de la mémoire ou des mémoires d'un homme assailli par ses souvenirs , ses regrets , son passé, ses perceptions sincères .

Cet ouvrage trouble , désarme par sa dignité , sa vérité , sa profondeur à l'aide d'une prose débridée , un chaos narratif , une langue acide mêlant colère , amour , intime et universel à travers le destin de toute une génération sacrifiée .

Un livre «  LETTRE D'AMOUR » , archives , mémoire, lumineux , foisonnant , riche , très complexe bouleversant , touchant par sa vérité ,et sa détresse , à la beauté mélancolique .
Assez difficile à lire mais passionnant de bout en bout ….

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Manuel Vilas est né en 1962. Il n'est donc plus tout à fait un jeune homme. Il en est même à l'heure des bilans en cette année 2014, durant laquelle sa mère meurt. Son père était décédé d'un cancer quelques années plus tôt. Sa vie privée est un échec. Il boit beaucoup trop d'alcool et se met en danger.

Ce livre impressionnant et touffu est proprement inclassable. Si j'écris qu'il est un éloge puissant de ses parents, ce n'est pas tout à fait vrai car s'il dit les avoir vraiment aimés, il ne passe pas pour autant sous silence leurs défauts et leurs manières si peu aimantes justement. de la même façon il n'a pas été un fils très présent pour eux dans leurs dernières années. Et il semble reproduire le même schéma avec ses deux fils…

Ce texte est composé de 157 courts chapitres, de quelques photographies et d'un épilogue, sous la forme d'un recueil de poésies. L'histoire de l'Espagne des années 1960 à nos jours s'y déploie sans que jamais les réminiscences y paraissent forcées. L'arrière-plan sociétal est très présent, souvent un peu rageur.

Manuel Vilas entretient une sorte de dialogue permanent avec ses morts, principalement ses parents mais aussi d'autres membres de la famille, plus éloignés, sur lesquels il sait finalement peu de choses. Mais c'est pour mieux affirmer la force implacable de la vie, pourtant si fragile en apparence
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Ce livre, je l'ai ouvert une première fois il y a plusieurs années déjà et je n'étais pas parvenue à lire plus de 5 pages... Je l'ai reposé dans ma table de chevet en me disant qu'un jour peut-être il sera l'heure de le lire. Ce que j'ai fait il y a donc un petit mois et effectivement, il attendait un état d'esprit ouvert à ce style d'écriture et surtout à l'histoire qu'il raconte.
Car ici, Manuel Vilas nous raconte ses parents. Après le décès de sa maman en 2014, il se rend compte qu'il est le suivant en quelque sorte et surtout qu'il n'a plusses parents et qu'il n'a pas posé les questions quand il fallait. Aujourd'hui, pour beaucoup, il n'a pas et n'aura plus jamais les réponses et il nous raconte son enfance, ce qu'ont été ses parents, leur caractère, leur vie et la sienne avec eux, celles de la famille également et surtout il nous raconte l'Espagne de cette époque, laborieuse, pauvre et silencieuse.
Alors oui, il faut entrer dans ce roman particulier mais je me suis laissée emmener par Manuel Vilas et les émotions qu'il retranscrit sont profondes, riches, touchantes, crues et belles.
Une très belle lecture sur une histoire familiale réaliste et riche à sa façon...
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Ordesa, c'est le récit par Manuel Vilas d'une douleur intense, d'un deuil impossible, d'une dépression après un divorce et la mort de ses deux parents.
Il nous offre une variation infinie, en boucle, autour de la mort, sous toutes ses formes et ses temporalités, assortie de fulgurances poétiques et philosophiques qui traversent l'ensemble du texte.
Il inscrit son récit autobiographique dans le contexte historique de l'Espagne franquiste, une Espagne pauvre qu'il décrit comme "arriérée" sur bien des plans et où on tente de s'élever socialement par l'achat de biens de consommation.
Le plus touchant et le plus intéressant dans cette démarche hors norme, est le portrait que Manuel Vilas brosse de ses parents. Il voue une admiration sans borne et un amour éperdu à son père et à sa mère, qu'il décrit comme des personnes un peu extravagantes qui ont essayé de rompre leur destinée sociale, en coupant les ponts avec leurs lignées familiales et en s'inventant une vie. D'après lui ses parents sont nés selon la théorie de la génération spontanée, sans ancêtres, sans histoire familiale.
L'auteur dresse le tableau saisissant d'une société qui, dans les années 50, a cru se réaliser en achetant des voitures, en portant de beaux vêtements et dans laquelle on évitait d'exprimer ses sentiments.
Dans Ordesa, Manuel Vilas prend le contrepied et nous fait cheminer avec empathie dans un torrent d'émotions et d'amour filial et parental.
Chacun des personnages est doté d'un nom de musicien classique. Cette petite touche poétique apporte un peu de légèreté, de distanciation, voire de cocasserie à ce livre bien sombre.
Je me suis laissée emporter très facilement dans ce maelstrom, dans ce déluge composé de 157 fragments accompagnés de poèmes.
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Le sujet de la mort abordé de belle façon, du deuil des parents et la fin d'un monde et d'une époque impossible à oublier, accompagné d'un sentiment de vide, de solitude absolu. Il y a de la nostalgie pour le monde d'avant qui s'efface en même temps que les êtres chers, un monde qui n'existe plus que dans les souvenirs que l'on garde en soi. Les textes sont beaux, touchants, tristes et poétiques parfois. J'ai été surpris par ce livre que je recommande sans hésitation, c'est un beau moment que l'on passe dans ces pages.
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Sujet central de ce livre-hommage à ses parents : la mort. Sujet qui peut être pesant à la longue mais l'approche de ses souvenirs de famille se fait par ce biais : ses fantômes. Qu'est ce qui relève de l'atavisme, des superstitions ou de l'éducation, entre réalité et fictions ? Lecture pas toujours facile mais les mots et les réflexions sont puissants et d'une originalité sans commune mesure : dans le monde des idées, l'auteur frôle le sublime. Dans presque chaque paragraphe on pourrait extraire une citation. Pas facile donc mais somptueux au premier sens du terme : superbe et qui a dû coûté (à l'auteur).

TOTAL : 14/20
Idée(s) - 5 - Avant-garde, provoc' et/ou révolutionnaire
Ecriture - 2 - Belle écriture mais pas toujours simple ou fluide
Intrigue - 3 - Intéressant, se laissant emporter
Globalement - 4 - Un beau moment qui mérite d'être partagé et connu
Lien : https://www.facebook.com/liv..
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Ce livre a reçu le Prix Femina Étranger 2019. on peut lire partout :

"Phénomène de librairie en Espagne, Ordesa a été désigné Meilleur livre de l'année par les grands quotidiens El País et El Mundo, imposant Manuel Vilas comme un écrivain majeur de la littérature espagnole.

Ordesa est un livre exigeant et il a bien failli me tomber des mains tant le premier chapitre est noir et frôle la dépression dans une Espagne sans charme.

L'auteur évoque dans cette autobiographie le deuil impossible. Il a 50 ans lorsque sa mère disparait (9 ans après son mari). On pourrait se dire qu'il est adulte et qu'il va surmonter l'épreuve, mais au travers de ses souvenirs, c'est son âme d'enfant qui est touchée. Son quotidien banal et un cabossé (divorce, changement de travail, alcool, solitude) lui laisse tout le loisir de se remémorer les périodes heureuses auprès de ses parents aimants.
Tout converge vers ce bonheur disparu.

Une autobiographie d'une grande sincérité.
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Les premières pages peuvent dérouter, mais persévérer dans la lecture vaut l'effort. Il ne se passe rien dans ce livre, si ce n'est le déroulement de vies que l'on appelle banales, ordinaires. À tort, car finalement aucune vie n'est ordinaire puisque chacun a la sienne, réelle ou rêvée. Telle celle de la mère, qui sacrifie la salle de bains de son appartement au profit d'un immense salon impeccable, destiné à recevoir les amies qu'elle n'a pas...

Plusieurs thèmes s'entrecroisent, deux d'entre eux dominent: l'impossibilité de connaître vraiment son père, et la solitude. Tout cela sur fond de pauvreté et d'histoire de l'Espagne vue par les petites gens: 44 millions de moyens-pauvres regardent le million de riches qui profitent du système. L'arrivée des lave-vaisselle. Les stations de ski. Comme le dit l'auteur, il nous reste seulement l'exotisme des races inférieures. le franquisme ne nous a rien apporté, la monarchie non plus.

Un récit à la fois doux par son évocation réussie de l'enfance, ces souvenirs que l'on ne choisit pas, et amer dans ses constats: personne ne vous apprend à aimer. Comme on pense à voix haute, le texte, des phrases courtes, des fulgurances de la pensée, telle celle-ci: ne pas avoir été aimé n'est pas un échec, c'est un don. À méditer!
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Ordesa , Manuel Vilas, traduit de l'espagnol par Isabelle Gugnon, Editions du Sous-Sol, prix Fémina étranger 2019.
Manuel Vilas né en 1962 en Aragon est un poète, romancier et essayiste espagnol.
Le récit tire son titre du nom d'une vallée pyrénéenne, Ordesa, que le père du narrateur-auteur aimait beaucoup. Dans 157 courts chapitres, l'auteur évoque dans une succession non chronologique des souvenirs de ses parents. « le passé ne part jamais, il peut toujours reparaître. » écrit-il. Néo-divorcé, il vient d'emménager dans un appartement neuf. Père de deux jeunes hommes, il fait des va-et- vient entre la façon dont ses parents l'ont aimé et l'éloignement grandissant qu'il constate entre lui et ses fils, il cherche des éléments de compréhension de son présent dans le passé. Il dit à plusieurs reprises son regret d'avoir fait incinérer ses parents : « La forme suprême de vie est le cadavre de la vie. », des parents qui restent une énigme toutefois : « le plus grand mystère de l'homme est la vie de cet autre homme qui l'a mis au monde. ». Il revisite par l'écriture une parentèle qu'il a abandonnée. Ses parents étaient tous les deux beaux, le père voyageur de commerce a connu des années prospères avant de retomber dans la classe moyenne-basse espagnole et Vilas fait allusion à la corruption des hommes politiques en Espagne. On n'est pas égaux selon les lieux d'où l'on vient déplore-t-il, seuls Barcelone et Madrid ont une universalité, les autres villes et villages n'ont été que des lieux abandonnés, vides. Et il est très fataliste, quand en Espagne on naît pauvre, on le reste pense-t-il.
Ordesa est un récit sur la difficulté à faire le deuil de parents très aimés.
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