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EAN : 9782940628070
272 pages
Editions des Syrtes (24/01/2019)
4.11/5   19 notes
Résumé :
Innokenti Platonov se réveille amnésique dans une chambre d’hôpital. Geiger, son médecin, lui apprend son nom et lui demande de coucher sur le papier tout ce dont il pourra se souvenir. Les premiers épisodes remémorés décrivent l’enfance de Platonov dans la Russie tsariste : il se souvient être né en 1900, près de Saint-Pétersbourg. Son père meurt en 1917. Parallèlement, Platonov devine, atterré, qu’il s’est réveillé en 1999...

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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Innokenti Platonov se réveille dans un hôpital, entre Geiger le médecin et Valentina l'infirmière, après des années de cryogénisation. D'autres que lui ont eu droit au même traitement de la part de savants qui faisaient des expériences sur les détenus du camp des Solovki car Staline était très intéressé par ce procédé espérant ainsi pouvoir prolonger sa vie ,"si précieuse", dans le futur.
Seul Innokenti s'est réveillé de nos jours d'un sommeil commencé dans les années 20.
Ce livre en deux parties est la lente reconstitution de l'univers de cet homme entre passé et présent, sa reconquête des années avant son séjour au camp de Solovki et ses efforts pour comprendre l'évolution du monde pendant son long sommeil hors du temps.

p 268 « Que dire (alors) d'Innokenti qui a deux vies comme les deux rives d'un grand fleuve. de cette rive du temps présent, il regarde celle du temps d'avant.
Mais il n'a pas traversé ce fleuve. Il est simplement revenu à lui —- et derrière, il y avait. de l'eau. Ce qui était une route est devenu le fond. Il n'a pas marché sur cette route.
Il m'a dit un jour qu'il avait mal lorsqu'il pensait aux années qu'il n'avait pas vécues. »

Quand il se réveille l'amnésie est complète. Progressivement par flash, des mots isolés, des morceaux de phrase jaillissent de son cerveau qui lui permettent de reconstituer des évènements de son passé. Geiger et Valentina répondent à ses questions concernant passé et présent mais ne veulent pas intervenir d'eux-mêmes pour éviter de saturer sa mémoire.

Ce livre est passionnant et belle cette lente remontée vers la vie. Innokenti reste indifférent aux évènements historiques. Ce qui l'intéresse c'est la vie, la beauté simple de la vie. Il s'émerveille d'« Un rayon de soleil oblique tombant sur le bureau. Et dans le faisceau de lumière, une pile de livres. Une colonne de poussière légère qui serait restée invisible sans le soleil. Une coccinelle sur mon manuel d'histoire. »
p 179 C'est la vie de tous les jours, dans ce qu'elle a de plus humble, qui m'intéresse, ce qui semble aller de soi pour les contemporains, et n'est pas digne d'attention. Elle accompagne tous les faits historiques, et puis disparaît, comme si tout s'était passé dans le vide.
(…) Mais vous êtes un poète, disent en riant les gens de la rédaction. Je réplique dans l'esprit de Geiger : non, je suis quelqu'un qui décrit la vie.

Robinson Crusoe l'accompagne depuis son enfance quand sa grand-mère lui en faisait la lecture. Et il se sent toujours proche de lui dont il dit : ,
« Le temps qui l'a vu naître est resté loin quelque part, il a peut-être disparu pour toujours. Il est à présent dans un autre temps —- avec l'expérience et les habitudes anciennes : il doit, soit
les oublier, soit reconstituer tout ce monde perdu, ce qui n'est pas simple du tout. »

Ce livre contient toute la richesse de la vie dans sa beauté et sa cruauté.
Il est également irrigué par l'amour de deux femmes Anastassia et Nastia.
« La résurrection, j'y pense de plus en plus souvent. le nom de Nastia l'évoque lui-aussi. Il me semble parfois que Nastia a ressuscité Anastassia, qu'elles sont indissociables et forment une vie particulière, créée à dessein pour moi à partir de deux vies différentes. »

Et tout au long de cette lecture ressort aussi la place primordiale occupée par les mots et l'écriture :
« Comment peut-on gaspiller des mots précieux dans des séries télévisées, des shows indigents de la publicité ? Les mots doivent servir à décrire la vie. A exprimer ce qui ne l'a pas encore été, tu comprends ? »
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Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et Sabine Norroy des Editions des Syrtes pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la dernière Masse critique. de toute la liste, c'était le livre qui me faisait le plus envie (avec L'épopée sibérienne d'Eric Hoesli également aux Editions des Syrtes, mais celui-là je l'ai acheté).

J'ai trouvé la couverture très attirante (quoi que très différente de l'édition originale https://www.ozon.ru/context/detail/id/135899586/ ) mais c'est surtout l'accroche de la 4ème de couverture qui m'a donné envie de lire l'histoire d'Innokenti Platonov.

« L'homme n'est pas un chat, il ne peut atterrir, où qu'on le lance, sur ses quatre pattes. Il est placé, on ne sait pourquoi, dans un temps historique bien défini. Que se passe-t-il quand il le perd ? »

Innokenti est né en 1900. Il se réveille en 1999 amnésique : que s'est-il passé ? Innokenti a été cryogénisé. Pourquoi ? Par qui ? Dans quelles circonstances ? Cela on le découvre page après page en même temps qu'Innokenti qui doit se souvenir par lui-même de l'histoire de sa vie. En parallèle, il doit s'adapter à la vie de la fin du 20ème siècle. Exercice difficile.

J'ai trouvé l'écriture sublime. J'ai adoré l'histoire et le personnage d'Innokenti. Sa façon de se souvenir est touchante et particulière. Il se souvient surtout des sons et des odeurs. Bien évidemment les gens veulent qu'il témoigne des événements passés.

« Une fois de plus, je me pose la question : que faut-il considérer comme un événement ? Pour les uns, c'est la bataille de Waterloo qui est un événement, et pour les autres, c'est une conversation dans une cuisine. Une conversation paisible, à la fin du mois d'avril, près d'un abat-jour avec une petite ampoule qui clignote. »

J'ai trouvé fort bien dépeinte la vie quotidienne en Russie d'avant la Deuxième Guerre Mondiale. Cela sent l'âme russe. Je ne sais pas si je me fait comprendre ?

Certains passages étaient très émouvants et m'ont fait verser quelques larmes.

Un livre magnifique.

Deux petits bémols (qui ne feront cependant pas descendre ma note) : la taille des caractères (trop petite) et la fin qui est un peu bizarre. L'art de la fin ^^ Elle est ici sous-entendue mais pour le coup, j'ai l'impression qu'il manque quelque chose. Comme si je n'avais pas pu lui dire au revoir…




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Innokenti Platonov se réveille à l'hôpital, amnésique. le docteur Geiger lui dit son nom mais le laisse redécouvrir progressivement son passé, qui lui revient par bribes. Innokenti se souvient assez vite qu'il est né en 1900, et finit par apprendre qu'il s'est réveillé en … 1999. Il a été volontaire pour être cryogénisé lorsqu'il était prisonnier au Goulag dans les îles Solovki, sans grand espoir de ressusciter un jour. Cet intrigue est le prétexte à un roman qui embrasse dans un format relativement serré l'histoire de la Russie au cours de tout le XXème siècle, de l'empire Russe à la Fédération de Russie, juste avant Poutine. Ce pitch à la limite du fantastique, avec pour héros un moderne Candide, n'a rien d'original, mais est riche de possibilités de distanciation avec la réalité contemporaine. Il ne se prive d'ailleurs pas d'égratigner la Russie de la fin des années 90 et notre monde contemporain. La structure de ce roman est plus originale encore. La première partie est le journal d'Innokenti, tenu à la demande de Geiger. La deuxième partie est constituée des trois journaux d'Innokenti, de Geiger et de Nastia. Dans cette deuxième partie, au début, l'auteur du passage que l'on lit est clairement identifié puis, peu à peu, de moins en moins, comme si Innokenti se dissolvait dans le monde actuel. le récit est émaillé de leit-motiv : l'histoire de Robinson Crusoé, l'aviation, les cimetières, le village d'une datcha, mais sans qu'il y ait de redites. A chaque fois il s'agit de variations sur le motif qui revient et entraîne vers d'autres thèmes. Evgueni Vodolazkine n'a pas écrit un énième roman pour nous raconter l'époque tsariste, la Révolution, les camps staliniens ou quoi que ce soit d'historique, c'est plus un roman sur ce qui fait l'histoire que sur l'histoire. Innokenti cherche à retrouver son passé, à le comprendre et à comprendre le nouveau monde dans lequel il s'est réveillé, sans jugement de valeur. Ensuite il essaie de reconstituer tout ce qui faisait le passé, pas les événements historiques, mais plutôt les odeurs, les bruits, les menus riens du quotidien. le texte est empreint de mélancolie, les souvenirs revenant par flash, par tous les sens (odeurs du goudron, bruit des sabots des chevaux, goût de la vodka, vue des paysages, toucher d'une rampe en bois, …) L'auteur a réussi à rendre son personnage particulièrement touchant dans sa détresse de naufragé du temps. La plume de l'auteur est délicate et le ton très juste. Quand à la fin du roman, elle est assez étonnante, sous-entendue, mais pas pour autant ouverte. Une découverte très intéressante.
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Cette rentrée littéraire a vue fleurir quelques romans en provenance de l'Europe de l'Est, dont certains titres russes. Parmi ceux-ci, la maison d'Éditions des Syrtes spécialisée dans ce domaine, a publié trois titres dont Brisbane d'Evgueni Vodolazkine, dont je n'ai lu que de bons échos. Titre que j'avais noté tout en haut de ma liste mais je me suis finalement décidé pour son précédent roman L'Aviateur. Pour la simple raison qu'il traitait des îles Solovki et que j'avais très envie d'en savoir plus après avoir lu il y a quelques années L'île de Sakhaline de Tchekhov. Entendons-nous bien, le documentaire de Tchekhov n'était en aucun cas romancé, loin s'en faut, alors qu'il s'agit ici d'une oeuvre de fiction pure. Il y a un autre roman d'Evgueni Vodolazkine dont j'ai également vu passé des critiques positives Les quatre vies d'Arséni, qui a pour décor la Russie médiévale. Les textes d'Evgueni Vodolazkine semblent avoir bonne presse, qu'elle provienne des médias ou des blogueurs/instagrameurs/facebookeurs, et je m'en vais de ce pas rejoindre le cercle de celles et ceux qui ont apprécié leur lecture de Vodolazkine.

Innokenti Petrovitch naît en 1900 et vit sa vie de jeune russe, malgré la mort de son père, jusqu'à ce que les bolcheviks prennent le pouvoir et bouleversent sa vie. C'était le temps du bonheur. Cette nostalgie de la félicité perdue, à jamais, traverse le livre de part en part, la puissance de ces doux souvenirs le font tenir quand il se retrouve totalement démuni de toutes sortes de repères, cette sensation qu'il ne retrouvera jamais plus et à laquelle il se raccroche tant bien que mal. Car Innokenti se réveille à l'aube du XXIe siècle russe dans la peau d'un jeune homme de trente ans, et autant vous dire que le choc est rude. Après un long « coma » de soixante ans, c'est l'absurdité qui le trouve à son réveil, celle de notre monde actuel, rendue par un soupçon d'humour agrémenté de cynisme et d'(auto)dérision. Mieux vaut en avoir, il est vrai, quand on se réveille à l'époque des émissions de télé-réalité!

Parce que la remarque n'est pas innocente quand on s'aperçoit que Robinson Crusoé, lecture favorite de son enfance, ne cesse de ressurgir de sa mémoire, à lui le rescapé d'un temps révolu et des camps de travail des îles Solovki. Innokenti, c'est un vestige archéologique, les archives de sang et d'os de l'état socialiste qui a fini par s'égarer dans les méandres de la société capitaliste qui n'a guère d'autres valeurs que celle de l'argent. Et tant pis s'il s'agit de faire le pitre au milieu d'une publicité pour les légumes congelés! (Je vous tais bien malgré moi l'ironie de la situation que vous comprendrez si vous lisez le roman!). Car il faut de l'argent pour survivre. L'île d'Innokenti est bien petite et l'océan qui le sépare de ce monde sur le point de basculer dans un siècle nouveau est celui de la multitude des tombes des gens aimés, parents, amis ou même connaissances, qui se sont éteints pendant son absence.

Il y a beaucoup d'îles dans ce roman, archipel d'Innokenti: celle de Robin, des Solovki, la sienne ou plutôt les siennes ou celles, comme j'en parlais plus tôt, de la fiction télévisuelle. La mémoire vacillante d'un homme qui doit réapprendre à connaître son pays, cette autre entité qu'il ne comprend plus. Les quelques remarques mi- acerbes mi- résignées sur l'état de la Russie en disent long. L'auteur enchevêtre habilement trois pans, trois époques de la vie de notre jeune-vieil-homme: sa jeunesse encore préservée, puis ses années de bagne sur les îles Solovki et son apprentissage de cette nouvelle fédération russe de 1999. La particularité de ce roman, c'est ce récit journalier qui le structure, une sorte de journal intime de la vie qu'Innokenti redécouvre, de son passé qu'il se remémore peu à peu, ensuite remplacé par un journal à trois voix. Les deux temporalités mélangées, donnent une sensation d'irréalité, de cette impossibilité de s'ancrer dans le réel, de ne faire que survoler la réalité.

Parce que finalement le rôle d'Innokenti, l'aviateurPlatonov, est, avant tout, celui de donner une vision d'ensemble de la Russie de ce XXè siècle plutôt mouvementé, qui a mis fin au tsarisme, qui est devenu union et enfin fédération. S'il est dans la capacité de donner cette vision élargie de la situation, l'Aviateur, qui survole époques et décennies, est aussi dans la capacité de donner une nouvelle vision de sa situation actuelle. Ce titre reflète de la complexité et de la profondeur de ce roman qui nous entraine aussi sur une réflexion sur l'Histoire, à travers divers échanges avec le docteur Geiger. Cet échange et comparaison de points de vue est tout à fait instructif d'autant que leur vécu de la Russie est tout à fait différent: l'un a vécu la dictature Stalinienne, et la pire peine qui soit, l'envoi au bagne. Tandis que l'autre voit les hommes d'État se succéder sans pour autant que le pays n'évolue positivement (Nous sommes en 1999, Vladimir Poutine venait juste d'accéder au pouvoir…).

Quel formidable récit l'histoire de cet homme à la conscience gorgée par les souvenirs d'une Russie disparue! On y relève à la fois une gravité certaine, de la part d'un homme qui est revenu du fin fond des enfers, mais aussi une pointe de dérision; et cette combinaison donne toute sa richesse à ce roman, à la fois tragique et drôle, ou les trahisons, et elles sont légions, marquent un homme qui n'a finalement fait que se laisser transporter d'un endroit à un autre, sans vraiment avoir eu le pouvoir de changer les choses, pantin des uns et des autres, jouet de circonstances extérieures, d'autorités supérieures, où le libre-arbitre n'est plus qu'un vain mot. Je me suis laissée envoutée par le parfum mélancolique de la vie disparue, du bon temps d'autrefois, du cocon familial, des premiers émois amoureux, du goût inimitable de cette première vodka, mais aussi de la découverte de la télévision et de son pouvoir hypnotique, de la diffusion immédiate et étouffante d'informations en tout genre, de ce sentiment oppressant de l'instantanéité de l'informatique, des bruits des sabots de chevaux qui a disparu pour laisser place à la cacophonie discordante des moteurs en tout genre.

J'ai aimé l'idée de mettre sur le même plan la Russie ancienne et celle d'aujourd'hui, évidemment il n'y a pas de comparaison à faire mais à travers le personnage principal le lecteur se rend mieux compte de l'évolution du pays, de ses moeurs, et peut-être de la perte de valeurs. Il est vrai que les passages sur les travaux forcés sur les îles ont eu un écho particulier dans mon esprit après avoir lu l'oeuvre de Tchekhov et d'ailleurs l'auteur a, par le biais de son personnage, évoqué la façon dont l'homme peut endurer le pire, les passages les plus touchants du roman. Rien que pour ces passages-là, ce roman est superbe réussite. Et puis il va sans dire que l'on s'attache à Innokenti, à travers sa justesse d'analyse, sa capacité à voir le monde tel qu'il est, ni mieux ni pire, et ce recul sur lui-même.

Mais tout a une fin, et après avoir gouté les joies des années quatre-vingt dix, notre aviateur va embarquer pour un ultime voyage. Cette découverte d'Evgueni Vodolazkine et de sa plume à la fois délicate et pleine d'émotions, si juste à la fois dans le révoltant et l'abject, les drames et la nostalgie, l'absurde et le cocasse est une jolie révélation pour moi. J'ai bien envie de m'attaquer à Brisbane, peut-être en fin d'année, lorsque je serai venue à bout de ma PAL spéciale littérature russe. Je remercie encore Les Editions des Syrtes pour ce passionnant roman!





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J'ai fait l'achat de ce roman sur les conseils d'un libraire, et, je dois avouer que je ne ressors pas enthousiasmée de cette lecture, je m'y suis même ennuyée.
Dans ce récit polyphonique, Evgueni Vodolazkine nous présente Innokenti Platonov sur un lit d'hôpital. Reprenant peu à peu connaissance, sous l'oeil très attentif du Dr. Geiger.
Il faut dire que Platonov est loin d'être un patient comme les autres. Né en 1900 et déporté à l'âge de 20 ans dans le bagne des îles Solovski dans le grand nord de la Russie, il est cryogénisé pour se réveiller près d'un siècle plus tard en 1999.
Sur le cahier que son médecin lui a confié, Platonov écrit ses souvenirs au fur et à mesure qu'ils lui reviennent : la voix de sa mère lui lisant Robinson Crusoé avant de dormir, le parfum de sa grand-mère, les parties de pêche. Plus tard son amour pour Anastasia et ses rêves de devenir pompier ou aviateur.

L'écriture est parfaite, j'ai malheureusement trouvé peu d'intérêt à ces souvenirs qui peu à peu nous éclairent sur l'identité du patient.
Il est cependant intéressant de découvrir à travers la vie du personnage la Russie soviétique des années 20.
Quelques passages m'ont fait sourire, lorsqu'il se voit proposer un contrat publicitaire pour une célèbre marque de légumes surgelés ou lorsqu'un fabricant de meubles lui offre un pont d'or pour vanter les prix « gelés ».
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critiques presse (2)
LeFigaro
10 avril 2019
Né en 1900, le héros de ce fabuleux roman russe se réveille dans un corps de jeune homme en 1999.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
06 février 2019
Le romancier emprunte au fantastique pour proposer une distanciation radicale par rapport à la réalité contemporaine de la Russie en pleine débâcle.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
p 180 Lorsque nous sommes arrivés au sommet, devant nous se déploya une étendue d’une beauté inouïe. Des forêts jaunes. Des étangs bleus. Au loin, presque à l’horizon, la mer couleur de plomb. Je me souviens : les forêts n’étaient pas entièrement jaunes. On voyait les taches vertes des sapins, comme si quelqu’un avait versé une couleur sur une autre sans les mélanger. Je me suis senti mal. J’ai perçu cette beauté comme le signe de ma mort prochaine. J’ai pensé que de telles choses ne pouvaient être révélées qu’avant la mort, comme étant ce qu’il y avait de plus qui fût donné à voir dans la vie. Les gardes aussi auraient pu profiter de ce spectacle, mais ils ne regardaient pas de ce côté-là.
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- Il ne faut pas envisager la mort comme un adieu définitif. C'est une séparation provisoire. Il s'est interrompu un instant. Celui qui s'en va n'a plus de temps.
Celui qui s'en va. Ça résonne comme un courant d'air dans un tunnel.
- Et celui qui reste? Il a du temps, lui.
Il a souri.
- Eh bien, qu'il s'occupe à quelque chose en attendant.
Tant de temps séparés. C'est effrayant.
Commenter  J’apprécie          170
p 175 Je sens simplement que pour tous, ici, je suis un étranger. Ils ont leur vie, leur façon de parler, de bouger, de penser. Ils apprécient d’autres choses. Et ce n’est pas que ces choses-là soient moins bien ou mieux que les miennes, simplement, elles sont différentes. Pour ceux qui vivent aujourd’hui, je suis arrivé comme un être d’un autre continent, peut-être même d’une autre planète. Ils s’intéressent à moi, m’examinent comme une pièce de musée, mais ils ne me considère pas comme un des leur
(…)Ceux qui avaient créé l’enfer solovkien avaient privé les hommes de leur humanité, tandis que Robinson, lui, avait fait le contraire, il avait humanisé toute la nature qui l’entourait, il en avait fait le prolongement de lui-même. Ceux-là avaient détruit toutes traces de mémoire de la civilisation, Robinson, à partir de rien, avait créé une civilisation. De mémoire.
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Lorsqu'un jour je racontais à Geiger comment on travaillait par moins quarante, sans vêtements chauds, sans chaussures, sans nourriture, il m'a dit qu'il ne comprenait pas qu'on ait pu rester vivants dans pareilles circonstances.
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Le souvenir de mon père m'a fait penser à la nature des cataclysmes historiques - révolutions, guerres et autres choses du même genre. Ils sont particulièrement effrayants, non à cause des massacres. Ni même la faim. Mais parce que ce sont les passions humaines les plus viles qui se libèrent. Ce qui, en l'homme, était auparavant endigué par les lois, ressort à la surface. Parce que, pour beaucoup d'individus, seules existent les lois du Code pénal. Ils n'ont pas de règles internes.
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Video de Evguéni Vodolazkine (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Evguéni Vodolazkine
Dans son "Histoire de l'Île" Evgueni Vodolazkine casse les codes de la chronique historique et donne à réfléchir sur les manières multiples dont L Histoire peut être tronquée, revisitée, retranscrite. Voici comment il parle de la genèse de son roman.
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