Les divers comptes-rendus et la 4eme de couverture de ce livre insistent trop peu sur le relatif scepticisme de l'auteur quant à l'efficacité réelle des technologies inventées par son héros historique (Harold Burris-Meyer) pour influencer les consciences et les masses.
Il ne s'agit pas de nier l'influence de la technologie audio sur le comportement humain; on connaît l'adage selon lequel "la musique adouci les mœurs" et chacun constate l'omniprésence des haut-parleurs et de la diffusion de musique et d'information audio dans les espaces publics et privés.
Mais cette histoire singulière est révélatrice d'un état d'esprit technocratique et scientiste qui voit dans la science et ses applications des moyens de changer, transformer, façonner et rationaliser l'ordre social. Pour cette idéologie conditionner les esprits (sans faire appel aux consciences) est une entreprise honnête si elle est scientifiquement menée pour le bien de tous.
L'optimisme scientiste et les promesses de Harold Burris-Meyer ont interpellé l'industrie du divertissement, le marketing, le management, l'armée et la CIA pour qu'ils subventionnent des recherches visant à influencer voire contrôler des comportements par l'utilisation du son, de la musique et des leurres sonores.
Au final, cette histoire narrée sur un ton un brin ironique ajoute une petite pierre à l'édifice aujourd'hui à peine ébauché de l'histoire du bluff technologique. Car les véritables génies de l'histoire du son au vingtième siècle sont les électroniciens mis au service de puissants commanditaires qui leur soumettaient des cahiers des charges douteux tant sur le plan scientifique que moral: par exemple, l'influence subliminale est la plus emblématique de ces objectifs douteux même si ce fantasme de publicitaire n'est pas le plus abondamment traité par l'auteur. Mais ce livre n'est pas une histoire de l'électronique audio mais une histoire de son instrumentalisation par les pouvoirs politiques et économiques nord américains.
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Naturellement porteuse d’émotions, la musique est également devenue au cours du XXe siècle un instrument de manipulation, voire une arme de contrôle : c’est ce processus que décrit Juliette Volcler.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Dans les années 1950, la Cour suprême des États-Unis, saisie par des usagers de transports en commun, avait statué sur le fait qu'il n'existait pas, à ses oreilles, de corrélation entre "musak" et contrôle mental. La musique d'ambiance avait même inspiré, en 1969, une motion très officielle du Conseil international de la musique de l'Unesco, lequel avait décidé de reconnaître un "droit au silence" après que l'un de ses membres, le violoniste Yehudi Menuhin, eut été importuné par son statut de "public captif" dans un avion.
En 1986, ce fut un guitariste de hard-rock, Ted Nugent, ennemi juré des mélodies sirupeuse, qui passa à l'offensive : il avait fait à Musak une offre de rachat de dix millions de dollars, afin de pouvoir, une fois propriétaire de l'entreprise, "l'enterrer définitivement". Musak avait décliné la proposition et, pour lui rendre la politesse, avait travaillé trois ans plus tard sur l'un des morceaux que Nugent avait rendus célèbres dans les années 1960, "Journey to the center of the mind", pour en produire un arrangement des plus douceâtres.
Des petits “bips” à l'ambiance d'une ville, le design sonore est fait pour jouer sur nos perceptions et nos actions. Dans les gares, dans les transports en communs, sur nos écrans : voici comment et pourquoi sont conçus certains sons de notre quotidien, décryptés par Juliette Volcler, chercheuse en design sonore et autrice de “L'orchestration du quotidien”.
#Son #SoundDesign #CulturePrime
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