Isabelle Vouin s'inspire de ses personnages, les conteurs africains, " les éclaireurs " pour écrire un conte très fort, plutôt dramatique, mais avec l'espoir utopique que les mots peuvent remplacer les armes. Aman est un enfant Somalien qui fuit la sécheresse avec les membres de son clan, il est le petit fils de Haruni "
L'éclaireur ", le conteur, et comme lui il a le don d'inventer des histoires, et des poèmes. A la mort de Haruni, il se rend à Mogadiscio pour retrouver son oncle Omar, qui détient le poignard de Haruni, une arme, mais une " arme de sagesse ", dont il est l'héritier. Plongé au coeur de la guerre civile , il est enrôlé, avec force drogue, dans une milice et réalise son rêve de combattre, détenir et utiliser une " kalach. ". Confronté à la dure réalité des combats avec la mort de son ami Ali, il réalise que son destin n'est pas là, mais dans la poursuite de sa vocation de conteur. En ayant donné le rôle de narrateur à Aman,
Isabelle Vouin nous montre de l'intérieur le processus qui transforme des enfants en " enfants soldats ", qui n'ont d'autres exemples que des adultes qui s'entre-tuent, où sont des héros en devenant des pirates des mers. Tout est dans l'intensité des mots de Aman lorsqu'il décrit la vie dans " la corne de l'Afrique "avec la sécheresse, les guerres, les déchets déversés sur les côtes, les fonds marins ratissés par les chalutiers de la pêche industrielle, mais surtout dans les rapports humains , l'amitié, l'amour, le respect de la famille, et malheureusement, l'utilisation des enfants par les adultes. Les personnages de femmes, la mère, l'infirmière, l'amoureuse sont magnifiques, elles contribuent grandement à la beauté de ce conte. C'est un hommage à la tradition orale des conteurs africains et un vrai plaisir de lecture.