Ce livre a été publié en France l'année dernière, deux ans après un autre livre du même auteur, La confession. Cependant ils ont tous deux été ecrits dans les années 80. J'ai choisi de leur consacrer une chronique commune pour diverses raisons.
La première, et la plus prosaïque, est que je viens de les lire à la suite et les ai tous deux présents à l'esprit. Ce qui n'a bien sûr aucun intérêt. Mais j'aime bien les digressions. J'essaierai de ne pas en abuser.
La deuxième, c'est qu'il s'agit en réalité de la même histoire.
Dans les deux cas, un couple profondément dysfonctionnel, qui en réalité n'en est plus un depuis plusieurs années, si même il l'a jamais été. Dans les deux cas, l'histoire est racontée principalement du point de vue du mari, qui fait étalage de ses frustrations. Et donc dans les deux cas on le comprend. Jusqu'à un certain point. Et dit-il bien la vérité ? Ou tout au moins toute la vérité ?
Dans les deux cas, le policier ne le croit pas, ou pas complétement, ou pas du tout. Ah oui, parce que dans les deux cas la femme meurt, mais s'agit-il d'un meurtre ? Ou d'un accident, comme il semble dans un cas? Ou d'une mort naturelle, comme il semble dans l'autre?. En tout cas il y a doute et enquête.
Il le faut bien puisque ce sont des romans policiers, ou plutôt des romans noirs, ou plutôt des romans psychologiques, cadre d'une réflexion désespérante sur le couple, présenté comme un jeu où tout le monde perd. D'ailleurs les deux couples sont identiques, appartiennent au même milieu, et les couples, comme les femmes, comme les hommes, sont les mêmes d'une oeuvre à l'autre.
D'ailleurs ils ne diffèrent pas tellement du couple d'un autre livre du même auteur, publié à la Série Noire dans les années 80 sous le titre (contestable )de
A table, beaucoup plus connu en raison de la belle adaptation au cinéma qu'en a tiré
Claude Miller, sous le titre de Garde à vue, avec une distribution éblouissante (
Michel Serrault, Lino Ventura,
Romy Schneider, Guy Marchand..)
Et aussi dans les deux cas, une révélation particulièrement sinistre à la fin, qui colore l'histoire d'un jour différent.'
On pourrait aussi parler des personnalités très proches des enquêteurs. L'inspecteur Lyle,qui exerce ses talents dans
Les aveux, sévit aussi dans
A table!
Je ne sais pas si le couple maudit de ces livres est aussi présent dans le reste de l'oeuvre abondante de l'auteur, (en grande partie non traduite, hélas), mais en tout cas, ces trois livres pourraient conduire à se poser des questions sur la vie amoureuse de l'auteur, peut-être bien à tort.
J'ai écrit "hélas" tout à l'heure, au sujet du défaut de traduction de la majorité de l'oeuvre de Wainwright, malgré le tour qu'on pourrait croire ironique de ma belle série d'anaphores (digne d'un candidat à la
Présidence de la République) parce qu'il s'agit d'excellents livres, avec un suspense parfaitement mené, exempt des procédés grossiers que l'on rencontre trop souvent, un intrigue bien écrite, des personnages vraisemblables (hélas, car ils ne sont pas encourageants,) et qui parlent de la vie réelle des gens réels, qui ne sont pas des contes de fées ni des histoires à dormir debout.
Bref une voix originale dans la littérature policière, qui s'est malheureusement tue depuis près de trente ans.
Si quelqu'un a des éditeurs dans ses relations, merci de lui suggérer de traduire les autres livres de l'auteur, au lieu de publier des thrillers eux aussi désespérants mais eux sur le plan littéraire