La vie est ironique.
John Wainwright avait écrit "À table", qui donna l'excellent film "Garde à vue", avec
Michel Serrault, Lino Ventura,
Romy Schneider et Guy Marchand et si son roman eut du succès, apparemment, ce ne fut pas le cas des autres.
Et voilà que Sonatine nous sort de son chapeau un autre chef-d'oeuvre de cet auteur, mais inconnu, celui-là ! Comment cela se fesse-t-il ? Un roman à succès et un autre qui dormait ?
On aura attendu 35 ans avant de pouvoir le lire dans la langue de
Molière mais je pense que cela valait la peine d'attendre.
Confession, c'est John Duxbury qui se confie à son journal, lui confiant ce qui ne va pas dans son couple, mais sans entrer dans des détails scabreux car ce journal est pour son fils.
À la lecture de ses pages, on voit bien qu'il y a une couille dans le potage entre lui et Maude, son épouse, qui est aussi folichonne et enjouée qu'un discours de notre roi des Belges à nous, Flupke Ier.
C'est vous dire l'amusement et la folle ambiance qui règne chez le couple Duxbury dont madame pense qu'au-delà d'un certain âge (50 ans), faire des folies de son corps n'est plus permis.
Vous comprendrez que lorsqu'elle boira son bouillon de onze heures en glissant du haut d'une falaise (J'ai glissé, chef) j'en ai presque souri de contentement.
Maintenant, quant à savoir si monsieur son mari l'a poussé ou pas, c'est une autre histoire et il faudra un enquêteur aussi tenace qu'un Columbo, avec les petites cellules grises d'un Poirot et la perspicacité d'un Holmes pour démêler ce sac d'embrouilles.
L'inspecteur Harry Harker aurait bien besoin de la baguette magique de Harry Potter…
Non, on ne commence pas ce roman dans l'espoir de lire un scénario à la 24h chrono car l'allure est plus proche de celle d'un vieil épisode de l'Inspecteur Derrick que d'un Jack Bauer sous amphétamines.
Mais nom de Zeus, Marty, quelle ambiance ! L'Angleterre, ça vous change un roman policier, ça vous le présente sous un autre jour, ça vous le sublime avec presque rien et ça vous tient par la barbichette aussi bien qu'un épisode de GOT (mais avec les dragons en moins).
L'auteur a su jouer avec les différents personnages, nous faisant suivre le journal de John Duxbury, mais aussi l'enquête de Harry ou de différents policiers, nous présentant par la même occasion toute une galerie de personnages des plus intéressants.
Duxbury est-il coupable, oui ou non ? le témoin est-il fiable ? Parce que vu ainsi, ça sent un peu la vengeance… Et si culpabilité il y a, comment la prouver avec ce témoin aussi costaud qu'un vieux Carambar oublié au soleil ?
Véritable travail de Petit Poucet, enquête minutieuse partie de rien, Harry Harker n'a pas la gouaille d'une capitaine Marleau mais pour ce qui est de rassembler les petits détails tels des petits cailloux blancs disséminés dans tous les coins, on peut lui faire confiance.
Voilà un roman policier qui m'a accroché, qui m'a tenu en haleine sans pour autant mettre du suspense à toutes les pages et l'auteur, homme talentueux qu'il est, a encore su nous réserver du dessert pour le final et me trouer le cul.
Un policier qui joue avec nos nerfs, nos certitudes, nos pensées, pour mieux les chambouler et nous étourdir à la fin. Des comme lui, moi, j'en redemande !
Messieurs dames de chez Sonatine, continuez de fouiller les vieilles caisses de romans inconnus d'auteurs connus et donnez-nous encore un tel plaisir littéraire.
Lien :
https://thecanniballecteur.w..