L'infinie comédie

"Quand j'étais môme, que je m'entrainais pour devenir le meilleur, y avait un panneau dans notre centre sportif avec, peint en grosses lettres, NOUS SOMMES LA DISTANCE QUI SÉPARE DEUX POINTS.
- La vache !"

p.386
C'est une ancienne prostituée, réformée. Pourquoi les prostituées se mettent-elles toujours à faire les coquettes quand elles sont clean ? Çà doit être son ambition refoulée de bibliothécaire qui ressort.

Fiston... fiston, tu vas devoir poser ça, là, ce Guide Columbia des indices réfracteurs deuxième édition. M'a l'air lourd, d'ailleurs. Mauvais pour les tendons. Ça va bousiller tes muscles pronateurs et tes tendons avant même que tu commences. Il va falloir que tu poses ce livre, pour une fois, mon jeune Mr Jimbo, on n'essaye pas de manier deux objets à la fois si on n'a pas des siècles d'entraînement et de pratique à la Brando et... non, ne le lâche pas comme ça, fils, ne laisse pas tomber le gros Guide des indices sur le sol poussiéreux du garage, il va soulever un carré de poussière et salir tes belles chaussettes de sport blanches avant qu'on arrive sur le court, mon garçon, bon sang ça fait cinq minutes que je t'explique que pour devenir ne serait-ce qu'un joueur potentiel il faut traiter les choses avec l'exacte... donne, passe-moi ça... on ne jette pas les livres comme des bouteilles dans une poubelle, on les place, on les guide, avec tous les sens en éveil, en les tenant par les bords, avec une pression sur le plat des doigts des deux mains quand tu plies les genoux pour amener le livre sur le sol poussiéreux dans un mouvement aussi gazeux que l'air... pour ne déplacer qu'un tout petit carré d'air qui ne soulèvera pas de poussière. Cooooomme ça. Pas comme ça. Tu piges ? C'est rentré ? Bon, ne fais pas cette tête. Fils, ne fais pas cette tête, maintenant. Ne sois pas susceptible, j'essaye simplement de t'aider. Jim, mon fils, je déteste te voir comme ça. (...) Eh ben ramasse-le alors si t'as peur d'un peu de poussière, Jim, ramasse-le donc ce bouquin si ça te fait rentrer le menton et sortir les yeux de la tête bon Dieu à quoi ça sert que je m'échine à vouloir t'initier au garage, à la rôtissoire et à la conduite, peut-être, à la sensation du corps de la Montclair, pourquoi je prends le temps de t'apprendre à manier le levier de vitesse de la Montclair en douceur et à faire ronronner et tsiquer les huit cylindres comme un cœur qui bat et froufrouter les roues le long du trottoir jusqu'aux courts et d'apporter mon bon vieux sac à linge...

Oubliez la prétendue pression des pairs. C'est plutôt un appétit pour les pairs. Non? Nous entrons dans une puberté spirituelle où nous découvrons que la grande horreur transcendante est la solitude, l'exclusion, le confinement à l'intérieur du moi. Quand nous avons atteint cet âge, nous sommes prêts à tout donner et à tout prendre, à porter n'importe quel masque, pour être intégrés, participer n'être pas Seuls, nous les jeunes

C'était le genre de beauté fatale nubile et fantomatique qui traverse les corridors moites du paysage onirique de tout collégien pollueur nocturne.

Quand j'étais soûl, je voulais être sobre et, quand j'étais sobre, je voulais me soûler. J'ai vécu comme ça pendant des années et je peux vous dire que c'est pas une vie, putain, c'est la mort dans la vie.

Efforcez-vous de considérer l'injustice comme un enseignement.

Ce gourou vit de la sueur d'autrui. Littéralement.

L'image la plus célèbre et la plus marquante "du siècle américain vu à travers une brique" est une corde de piano qui vibre en ré aigü, vibre et émet un son très doux, sans fioriture, en solo ; puis un petit pouce entre dans le champ, un pouce carré, moite, pâle et sale, avec une croûte un peu ragoûtante au coin de l'ongle, un pouce d'enfant, dès l'instant où il touche la corde, le doux son aigü s'éteint. Le silence qui s'ensuit est atroce.....

Prenez l'exemple suivant : 2 individus hurlent de douleur. L'un d'eux est torturé à la gégène. L'autre non. Celui qui subit les décharges électriques n'est pas psychotique : ses cris sont circonstanciés. Celui qui hurle sans être torturé, lui est psychotique. L'un des désagréments de la dépression psychotique dans un service psychiatrique rempli de patients psychotiquement déprimés consiste à s'apercevoir qu'aucun des patients n'est réellement psychotique, que leurs cris se justifient par certaines circonstances indétectables. D'où la solitude, c'est un circuit fermé : le courant électrique est simultanément envoyé et reçu de l'intérieur.

Les récompenses de cette abstinence, insiste-t'il, n'ont pas été seulement morales. Il n'y a que chez les A.A. de Boston qu'on peut entendre un immigré de cinquante ans parler avec lyrisme de la première selle non liquide de sa vie d'adulte.