Dans l'Europe des XVe et XVIe siècles, l'atelier est le lieu de création. Comme il s'agit d'un cadre collectif, la part du maître dans l'œuvre est très variable, allant du seul rôle de concepteur jusqu'au travail entièrement réalisé de sa main. L'atelier est également le lieu de la transmission du savoir. La formation reçue est donc une formation pratique effectuée dans un cadre collectif. Le système des corporations et la coutume font que le métier se transmet souvent à l'intérieur d'une même famille. Les artistes ne viennent que très rarement de familles nobles ou bourgeoises et, compte tenu du jeune âge à l'entrée en apprentissage, le niveau d'instruction semble assez limité. En outre, l'intervention d'un travail manuel rend les pratiques artistiques a priori dégradantes, d'où leur classement parmi les arts mécaniques.
De même, sans l'imprimerie et les débouchés commerciaux que l'imprimeur Claude Nourry escomptait retirer des foires lyonnaises de l'automne 1532, Rabelais ne se serait peut-être jamais mis à rédiger "Pantagruel", le premier volet de sa geste gigantale. Enjeu commercial, la littérature commence dès lors à vivre, entre autres, de la dynamique des commandes. Dans le cas du "Pantagruel", la matière folklorique impliquant des géants aurait été imposée par l'imprimeur qui voulait profiter d'un filon déjà exploité avant lui par son concurrent Olivier Arnoullet. Le livre perd donc son statut de pur objet intellectuel pour devenir un produit soumis aux lois d'un marché en pleine croissance.
Dürer part quant à lui pour Venise en 1495 et y découvre notamment Andrea Mantegna. Il y retourne dix ans plus tard, y demeure un an, fréquente Giovanni Bellini, le plus grand peintre vénitien du moment, et y travaille pour les nombreux marchands allemands qui séjournent dans la ville, au Fondaco dei Tedeschi. Il regrette d'en partir et écrit alors : "Combien le soleil me manquera dans la froidure !" Plus que le climat, ce à quoi il est surtout sensible, c'est au statut que la société italienne confère à l'artiste : "Ici, je suis un gentilhomme, au pays je passe pour un parasite."
L'apparition des imprimés suscite d'abord parfois une réaction de rejet chez les humanistes italiens ; encore en 1482, le bibliothécaire de Federico da Montefeltro, duc d'Urbino (1444-1482), affirme que son maître aurait honte de trouver dans son fonds un imprimé.