Pour moi, l'écriture est la seule chose qui soit toujours réelle. Je n'ai jamais regretté un jour où j'avais écrit une bonne scène, quoi qu'il ait pu m'arriver ce jour-là.
Elle avait modifié le cours de sa vie, rien qu'en tapant deux mille mots par jour pendant trente jours.
Et la saveur de ce pouvoir, celui de ses propres mots, ne faisait qu'aiguiser son appétit.
Peut-être redoutait-elle de choisir une fin parce qu'une fois son livre terminé le sort en serait jeté. Que ce soit un succès ou un échec, toute sa réalité reposerait sur cet unique coup de dés.
-Du calme.
La fillette s’est avancée vers moi pour me prendre la main. Elle avait les doigts froids, et le froid s’est répandu en moi, modérant ma panique.
- Tu n’es pas encore sauvée
Dans la vie, comme dans cette profession vertigineuse qui consistait à écrire des histoires et à les proposer au monde, il fallait avant tout se focaliser sur la page qu'on avait devant soi.
Je veux dire, tu as un appartement à New York, ton premier roman sort dans cinq mois et tu vas m'avoir, moi, pendant une semaine entière ! Tu devrais planer comme une licorne défoncée aux antidépresseurs, à voir des arcs-en-ciel partout. Alors que là, on dirait que tu viens de noyer une portée de chatons.
Il n'y a pas de bonne écriture, seulement de bonnes réécritures.
- Je crois que le fantastique aura toujours du succès. On peut raconter un million d'histoires sur l'amour. En particulier quand cet amour concerne quelqu'un de différent.
- Un monstre, tu veux dire ? demanda Coleman.
- Eh bien, c'est ce qu'on croit au début. Mais en fait, c'est un peu comme dans La Belle et la Bête. On découvre qu'au fond le monstre est quelqu'un de... gentil.
Darcy se racla la gorge. Elle avait eu cette conversation une centaine de fois avec Carla, sans jamais avoir utilisé le mot "gentil" auparavant.
- Mais l'amour véritable, c'est plutôt l'inverse, non ? dit Kiralee. On commence par trouver l'autre fabuleux, et à la fin de l'histoire on s'aperçoit que c'est un monstre !
- Ou bien qu'on est soi-même le monstre, dit Oscar.
Les changements s'estompent comme des cicatrices, quand on n'y croit pas.
- Ça se fait vraiment, ça ? Nous appeler les "viveurs" ? Ça donne l'impression qu'on passe notre temps à faire la fête.
- Tu as un meilleur mot ?
- Pourquoi pas les "gens" ?
- Les fantômes aussi sont des gens.
- D'accord. Sauf que les morts ont leur propre mot: "fantômes". Les vivants devraient s'appeler les gens, tout simplement.
- Tu chipotes.
- Excuse moi d'être en vie.