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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est déjà la superbe couverture des éditions du typhon qui a attiré mon regard puis en ouvrant ce petit roman j'ai eu la bonne surprise de découvrir une préface écrite par Franck Bouysse. Celle-ci est, comme on peut se douter avec Franck Bouysse, écrite avec une plume d'une grande poésie et d'une grande intelligence. le charme se prolonge avec la nouvelle de Ernst Wiechert.
L'histoire est un conte plein de poésie et d'humanité.
La nouvelle commence par un drame, puisque Michaël, l'enfant le plus pauvre du village, alors âgé de 6 ans, assiste à la mort brutale de son père écrasé par l'arbre qu'il vient d'abattre.
Son courage, son attitude son altruisme vont lui donner une certaine aura. Il sera "le fils de la veuve". Dès lors, il va se voir confier, par le village, la garde du troupeau. Son statut va être pris avec le plus grand sérieux et il défendra avec courage son troupeau et le pâturage.
Sous forme de métaphore biblique, ce petit conte dégage un grand moment d'humanité, de tendresse et de compassion.
La nature dans ce livre est au coeur de ces pages, c'est une nature qui est belle, magique et qui m'a fait rêver malgré mon côté rat des villes.


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Il s'agit d'un court texte (une centaine de pages) d'un auteur allemand de la première moitié du XXe siècle, encore relativement peu connu en France. Et pourtant, incontestablement, il a d'immenses qualités.

Le personnage principal, Michaël, est un enfant puis un jeune homme, fils de paysans pauvres, qui assiste dans l'enfance à la mort tragique de son père, ce qui réduit encore les ressources de la famille. Mais l'aspect social n'est pas tellement important au final. Michaël devient berger, mais son statut en bas de l'échelle est sans importance, car il a une sorte de présence, de densité d'existence, de choix d'une vie authentique, qui a du sens (dirait-on aujourd'hui). Il nimbe dans une sorte de spiritualité, avec un certain nombre de métaphores bibliques (déjà le berger du titre). Sa stature se révèle dans des moments de crise, d'épreuves, dans lesquels les gens, au-delà de la place qu'ils occupent dans la société, des rôles sociaux qu'ils jouent, sont renvoyé à eux-mêmes, à leur moi intime, à leur réelle valeur. Il est le représentant d'un monde d'avant la modernité, immémorial, en lien avec la nature éternelle et ses lois. Un monde qui peut de nouveau resurgir, et balayer les postures et règles établies par la société d'une époque donnée.

Tout cela résonne d'une manière étrangement moderne aujourd'hui, dans notre époque de bouleversements et de remises en cause de ce que l'on croyait intangible et qui se ne l'est pas forcément.

C'est aussi un hymne à la nature, dans une splendide écriture, au-delà des modes et effets de manche. Vraiment un beau livre.
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N'étant pas particulièrement friande de Frank Bouysse , je vais y revenir au vu de l'excellente préface qu'il a dédié au roman d'Ernst Wiechert.
Critique à chaud étant une inconditionnelle de cet écrivain dont j'emporterai les romans sur une île déserte tant la lecture des : enfants Jeromine m'avait remuée,que de larmes j'avais versées,en le lisant tant il m'avait rappelé mon père au travers l'instituteur.La encore la vie de Michaël ,berger, de son état,qui n'ira pas "remuer le monde",mais appréhendera le monde au travers la nature ,tout en sagesse,on retrouve une fois de plus ce style et cette écriture propre à Ernst Wiechert : une écriture lyrique toute empreinte d'humanisme chrétien. Si vous ne connaissez pas ce fabuleux écrivain puisque nous avons la chance d'une réédition avec ce court roman, commencez par celui-ci pour vous imprégner de l'ambiance,de l'atmosphère, et après vous les enchaînerez comme moi j'en ai encore trois " sous le coude" que je réserve après des lectures plus noires.A défaut de " remuer le monde " les romans d'Ernst Wiechert vous remueront.
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Dans la préface de cette nouvelle édition du roman précédemment paru sous le titre en français de "La mort de Michaël", Franck Bouysse invite le lecteur à "s'asseoir près du berger" et à "guetter sa parole". A juste titre.
Ernst Wiechert raconte l'histoire de Michaël, un enfant pauvre prématurément orphelin de père, qui se voit, à l'âge de 12 ans, confier par le maire du village la fonction de berger. Ainsi, chaque jour, le jeune garçon rassemble tous les animaux pour les conduire dans une prairie voisine, les garder et les protéger jusqu'à leur retour au village en soirée. L'auteur exprime ici clairement la symbolique religieuse de cette mission, aussi modeste qu'importante.
On retrouve par ailleurs dans ce livre, concentrés sur une centaine de pages, les thèmes chers à Ernst Wiechert, la nécessaire solitude de l'être, le caractère salvateur de la nature, et particulièrement de la forêt, son affection pour les humbles, l'image tutélaire du maître d'école, et sa haine de la guerre.
Lire ce court ouvrage, c'est en effet faire une pause, ressentir un apaisement bénéfique au milieu des bruits du monde. C'est écouter une voix qui parle à l'intime de chacun, qu'il soit croyant, agnostique, ou même athée. C'est une voix qui vient de loin, à la fois dans le temps et dans l'espace puisque l'histoire se passe avant la 1ère guerre mondiale dans l'ancienne province allemande de Prusse Orientale, mais une voix dont le message est intemporel.
C'est aussi lire de belles pages d'écriture.
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INÉDIT

Ernst Wiechert est un auteur saisissant. Je n'avais que bien rarement rencontré une telle écriture porté par l'effluve d'une évocation. Je n'aurais peut-être pas les mots pour la décrire tant ce côté suranné mêlé à l'ode de la nature, parait enchanteur. J'imagine ainsi ce texte déclamé sur une scène de théâtre dans une sorte de monologue ambré. Il y ainsi peu de dialogues dans ce récit où Michael, six ans, est le seul témoin de l'arbre qui vient de s'abattre sur deux hommes. Son père est l'un des deux et jamais je n'ai lu un incipit aussi poignant. Cet enfant démuni qui chasse les mouches autour de son père sans avertir la première personne passante. Cet enfant est différent, déjà très sur de lui et à la marge d'une société qu'il prend avec hauteur devant tant d'absurdité humaine. On sent chez lui une force qui, à la fois le dépasse pour son âge et qu'il contrôle assez aisément. Michael, fils d'une veuve, traversera ainsi les années dans un petit village de la Prusse orientale juste avant la première guerre mondiale, où l'on distinguera son évolution en filigrane de celle de la nature. Il est pauvre, surement le plus pauvre et d'une humanité sans pareille. le berger prendra forme au fil des saisons en y apportant la chaleur et l'amour nécessaire à son troupeau.

Traduit par Sylvaine Duclos, vous serez surement déboussolé au départ par cette histoire qui ne ressemble à aucune autre et encore moins en 1935 date à laquelle Roman d'un berger est écrit. À l'aune d'une guerre destructrice, d'un nazisme déjà prédominant, Ernst Wiechert, né dans une maison dans les bois deviendra enseignant et opposant au régime d'Hitler et interné à Buchenwald en 1938 (ce qu'il racontera dans son livre le bois des morts). Il y a dans ce conte un lyrisme naturel qui se dégage, une lumière de sagesse qui réfléchit sur le papier. Sans jamais être manichéen ou mièvre, ce roman éblouit par sa simplicité dans les faits. Ernst Wiechert a commencé « avec la forêt et la Bible et sans doute en terminerai-je avec elles ». On comprend assez vite que ce roman est celui de sa propre nostalgie mais aussi celui d'une conscience chrétienne. Si tous les personnages comportent des prénoms bibliques, on sent poindre David contre Goliath en permanence dans l'effigie du berger. Certains en feront les frais, d'autres en profiteront pour faire régner leur loi. Vous pouvez ainsi vous balader avec Michael au coeur d'une forêt où l'humanité règne par le truchement de cet enfant. C'est à la fois inédit, tendre et dur, philosophique et universel. Chacun y apposera sa sensibilité mais une chose est sure : il ne peut laisser indifférent.

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Je ne connaissais ni l'auteur, Ernst Wiechert, ni le livre, Roman d'un berger. La découverte de ce petit livre tout vert me semblait parfaite pour une escale allemande de mon « tour du monde ».
En effet, c'est une pépite. Il se lit d'une traite. Il est magnifiquement bien écrit, empreint de poésie. On ne s'ennuie pas un seul instant en compagnie de Michaël, le jeune berger. On apprend beaucoup, peut-être qu'on gagne aussi un peu en sagesse.
C'est un petit livre plein d'émotions, tout en pudeur, et très touchant.
Un excellent moment de lecture.
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J'ai lu Roman d'un berger le jour de sa sortie. Comme j'admire le travail des éditions du typhon, je suis toujours à la fois impatient et anxieux - le mot est un peu fort !- de découvrir leur nouveau titre. Et s'il passait à côté cette fois-ci est cette légère appréhension qui me traverse l'esprit.
Quelques pages ont suffi pour me rassurer. Roman d'un berger est un chef d'oeuvre. Terme galvaudé, certes, mais comment parler autrement d'une oeuvre lumineuse, dense, accessible et qui ne cesse de tendre la main, d'essayer d'imaginer un lien possible entre les hommes.
L'histoire est celle de Michael, l'enfant le plus pauvre d'un village de Prusse orientale. Et ce fils d'une veuve va épater tout le monde grâce à son courage et surtout grâce au haut degré d'humanité qu'il possède.
Toutes les valeurs du texte vont du côté des humbles, des vaincus, de ceux que la vie oublie. L'écriture est si limpide - tout en étant traversée de fulgurances - qu'on ressort de ce livre ému, chamboulé et confiant. Bravo !
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Une très belle nouvelle.
Une découverte de cet auteur, que je ne connaissais pas.
Un récit entre la fable et le conte, à remettre dans le contexte de sa parution.
Je vous conseille de lire la préface après la nouvelle.
C'est instructif, et cela évite un "divulgâchage" un peu dommage. (Je ne lis plus les préfaces avant de me lancer dans les ouvrages, souvent le contenu est dévoilé, et cela m'ennuie)
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Ce roman est si bouleversant qu'il m'habite encore après une semaine de lecture. C'est comme si ce livre faisait désormais partie de moi, c'est comme s'il m'accompagnait et qu'il allait le faire longtemps. Les aventures de ce jeune berger, Michael, le plus humble du village, qui se révèle être le plus noble, non par la posture, non par la gloire, mais par son humanité, m'ont tellement marqué que je ne peux que chaudement le recommander.
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La première scène du livre est terrible : Michael assiste à la mort de son père et du « Soldat », achevés par un arbre décimé par leur propre hache. Il ne pleurera qu'une fois la mort de son père. On le nomme dorénavant « le fils de la veuve ». Ainsi, il passe de l'enfant de 6 ans le plus pauvre du village, à l'enfant le plus estimé par les villageois. Il se voit aussi confier le métier de berger tandis que les gens de son âge continue d'aller à l'école.

Son métier de berger implique un dévouement sans bornes, il a la lourde tâche d'assurer la bonne santé de ses bêtes, du lait qu'elles fournissent. Des obstacles viendront parsemer son chemin et c'est toujours avec une grande lucidité et engagement qu'il tentera d'y parvenir à bout, sans salir ses valeurs.

« Des commencements semblables mènent à des fins différentes; mais préserver ce qu'il y a de premier dans le monde est une noble tâche, surtout dans un temps où les villes grandissent sans cesse et où, sans arrêt, la machine détruit ce que la main de l'homme avait mis des milliers d'années à apprendre ou à acquérir. »

Roman d'un berger c'est aussi le passage de l'enfance à l'adolescence, la fougue juvénile qui bouillonne, l'âpreté du monde adulte.
La préface par Franck Bouysse est divine, à l'image de l'écriture d'Ernst Wiechert qui est d'une simplicité émouvante. La noblesse de la nature et des valeurs sont mises en lumière.

Ernst Wiechert a publié Roman d'un berger en 1935 en Allemagne, les éditions du Typhon l'ont quant à eux publié et traduit en 2022. L'auteur a été interné à Buchenwald, son opposition au nazisme étant évident. Ses oeuvres aux accents bibliques sont ceux d'une vie motivée par la sagesse et l'esprit.




« Toujours les solitaires furent enveloppés d'une gloire et d'une grâce particulières, parce qu'ils étaient ceux qui étaient demeurés les plus humains; et ce qu'ils avaient souffert, leurs douleurs ou leurs renoncements, avait été pour eux, mais non pour eux seuls, une bénédiction. »
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