La première scène du livre est terrible : Michael assiste à la mort de son père et du « Soldat », achevés par un arbre décimé par leur propre hache. Il ne pleurera qu'une fois la mort de son père. On le nomme dorénavant « le fils de la veuve ». Ainsi, il passe de l'enfant de 6 ans le plus pauvre du village, à l'enfant le plus estimé par les villageois. Il se voit aussi confier le métier de berger tandis que les gens de son âge continue d'aller à l'école.
Son métier de berger implique un dévouement sans bornes, il a la lourde tâche d'assurer la bonne santé de ses bêtes, du lait qu'elles fournissent. Des obstacles viendront parsemer son chemin et c'est toujours avec une grande lucidité et engagement qu'il tentera d'y parvenir à bout, sans salir ses valeurs.
« Des commencements semblables mènent à des fins différentes; mais préserver ce qu'il y a de premier dans le monde est une noble tâche, surtout dans un temps où les villes grandissent sans cesse et où, sans arrêt, la machine détruit ce que la main de l'homme avait mis des milliers d'années à apprendre ou à acquérir. »
Roman d'un berger c'est aussi le passage de l'enfance à l'adolescence, la fougue juvénile qui bouillonne, l'âpreté du monde adulte.
La préface par
Franck Bouysse est divine, à l'image de l'écriture d'
Ernst Wiechert qui est d'une simplicité émouvante. La noblesse de la nature et des valeurs sont mises en lumière.
Ernst Wiechert a publié
Roman d'un berger en 1935 en Allemagne, les éditions du Typhon l'ont quant à eux publié et traduit en 2022. L'auteur a été interné à Buchenwald, son opposition au nazisme étant évident. Ses oeuvres aux accents bibliques sont ceux d'une vie motivée par la sagesse et l'esprit.
« Toujours les solitaires furent enveloppés d'une gloire et d'une grâce particulières, parce qu'ils étaient ceux qui étaient demeurés les plus humains; et ce qu'ils avaient souffert, leurs douleurs ou leurs renoncements, avait été pour eux, mais non pour eux seuls, une bénédiction. »